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Mort d'un commis voyageur, VRP de chez Ricard

Par Sergeuleski

Mort d'un commis voyageur, VRP de chez Ricard

Décédé lundi 29 juin à l'âge de 88 ans, les obsèques de Charles Pasqua ont été célébrées le vendredi 3 juillet au matin à la cathédrale Saint-Louis. La cérémonie a duré une heure. Toute la famille de droite s'est réunie autour du parrain du RPR.

Au PS, des propos d'une complaisance inouïe sont venus saluer l'ancien ministre de l'intérieur. Comme quoi, tous se reconnaissent entre eux de leur vivant comme après leur mort. Une raison de plus pour rapprocher le PS de l'UMP (républicain ou non) ; PS dont il n'y a plus rien à attendre.

A ceux qui ont une mémoire hémiplégique et aux ignorants, rappelons ceci :

- Charles Pasqua c'est le co-fondateur en 1958 du Service d'action civique (SAC) composé d'un "ramassis de truands et de barbouzes" ; police politique de de Gaulle, initialement destinée à lutter contre l' OAS, cette police parallèle s'est très vite reconvertie dans la ratonnade des militants de gauche et d'extrême gauche des années soixante jusqu'aux années 70.

- Charles Pasqua c'est la Françafrique et ses réseaux : pillage du Continent africain, hégémonie des multinationales françaises, assassinats de chefs d'Etat, déstabilisation des sociétés avec l'instrumentalisation du tribalisme, humiliation, infantilisation des Africains car, jamais, au grand jamais, l'Afrique ne doit prétendre à une quelconque autonomie de décision...

- Charles Pasqua c'est la pratique d'une théorie chère à tous les petits "dictateurs" en herbe et à leurs larbins : "La démocratie s'arrête là où la raison d'Etat commence"...

- Charles Pasqua ce sont "les Affaires" ; et dans les dernières années de sa vie, un va-et-vient incessant devant les tribunaux : détournements de fonds publics, rétro-commissions, financement de campagnes électorales via le trafic d'armes...

- Charles Pasqua, alors qu'il était ministre de l'intérieur, c'est le tandem Pasqua-Pandraud et la couverture systématique (et systémique) des bavures policières...

- Charles Pasqua, c'est une tradition politique : celle des "grandes gueules" après (et d'après) un Le Pen, puis un Tapie, et le dernier en date... un Sarkozy...

- Charles Pasqua c'est un nombre incalculable de propos aussi imbéciles que démagogiques ; le plus fameux d'entre eux : "Nous allons terroriser les terroristes !" C'est un jeune étudiant français, Malik Oussekine, âgé de 22 ans, matraqué par des policiers dans le quartier Latin lors d'une manifestation, qui en fera les frais selon l'adage bien connu : "A défaut de terroristes, on tue des étudiants, maghrébins de préférence !"

Pour conclure, Charles Pasqua c'est une tradition d'ancien régime : l'inconstance, voire l'inconsistance, la frivolité d'un Régime souvent tenté de confier les intérêts politiques et diplomatiques du Royaume à une ou deux trois-quarts putains et demi-mondaines entremetteuses (la Pompadour, la Montespan, la du Barry... plus tard Marie Antoinette côté incompétence) à l'heure où le destin de la France se décidait dans les chambres à coucher : sur l'oreiller donc avant l'arrivée de Talleyrand ; avec Pasqua, c'est un VRP de chez Ricard qui aura ses entrées à Matignon et l'Elysée : Pastis et accent méridional !

Une mauvaise farce, un conte cruel ce Pasqua... antithèse d'un Pagnol pour lequel l'éthique, la morale et la vérité devaient caractériser l'homme avec un grand H... l'homme du quotidien, héros discret d'une conduite qui se veut irréprochable autant que faire se peut.

Parti de rien ou de si peu, comme tous les prétendants, sans doute Pasqua a-t-il fini par se penser incontournable car indispensable. N'hésitons pas néanmoins à affirmer que Pasqua est mort bien plus vieux que son âge ; dans les années 60, et Mai 68 le lui rappellera... pas suffisamment longtemps malheureusement, Pasqua était déjà un homme du passé tout en l'ignorant car, son présent à lui, son action politique, portait la marque aujourd'hui indélébile du passé de tous ceux qui ont un jour compris que " faire de la politique autrement " n'était pas simplement un slogan mais bel et bien une exigence ; faute de quoi, plus rien ne sera possible à terme car le dégoût général, le cynisme et le désengagement auront atteint un tel niveau que tous les corps intermédiaires s'en trouveront alors balayés pour ne laisser qu'une masse informe, seule face à un appareil d'Etat qui n'aura alors plus qu'une option : une répression de plus en plus ouverte.

A la mort de Pasqua, le NPA a titré : " Mort d'un pourri". Qu'il soit permis ici de compléter le portrait par un : "Mort d'un VRP de chez Ricard et d'une bonne à tout faire !"

Et même si son entourage pourra toujours se consoler en pensant qu'il n'était pas le premier ; restons lucides : Pasqua ne sera pas le dernier non plus car les " bonnes à tout faire ", plus connues sous le terme de "larbins", occupent aujourd'hui tous les lieux du spectacle de ce qu'il faut bien appeler le non-pouvoir.


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