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Exposition « Rituels, poétique des origines » Le Parvis | Tarbes

Publié le 10 juillet 2015 par Philippe Cadu
Exposition « Rituels, poétique des origines »  Le Parvis | Tarbeshttp://www.parvis.net

Du 17 juillet au 3 octobre

Vernissage jeudi 16 juillet à 19h

Miquel Barceló, Virgine Barré, Olivier Blanckart, Stéphane Calais, Etienne Chambaud, Valère Costes, Felix Denax, Charles Fréger, Newell Harry, John Isaacs, Michel Journiac, Jack Madagarlgarl, Henri Michaux, Fleur Noguera, Julien Pastor, Serge Pey, Ben Russel (Oeuvres de la collection du Musée des Abattoirs / Frac Midi-Pyrénées, Toulouse)

Exposition « Rituels, poétique des origines »  Le Parvis | Tarbes
Depuis l'Origine, la grotte est un espace physique et mental clivant. Elle attire autant qu'elle inquiète, fascine autant qu'elle effraie. La grotte, ou la caverne, de Lascaux à Platon, de celle d'Ali Baba à celle de la Pythie de Delphes, représente tantôt un lieu de connexion avec le monde des esprits et le sacré, tantôt un lieu secret où l'homme trouve refuge. Gaston Bachelard dit d'ailleurs d'elle qu'elle est " un refuge dont on rêve sans fin, donnant un sens immédiat au rêve d'un repos tranquille, d'un repos protégé " (1).
En tant qu'images d'un monde réel et mythique, les grottes sont pour bien des cultures, ancestrales et actuelles, des lieux où se ritualisent les cycles de vie et de mort, le passage de la terre vers le ciel, des ténèbres à la lumière. Elles sont ainsi un des plus anciens lieux de culte de l'humanité et d'après le préhistorien Jean Clottes, elles représentent les premiers temples, les premiers lieux d'initiation qui ont donné naissance aux imaginaires artistiques et aux croyances des Homo Sapiens.
Exposition « Rituels, poétique des origines »  Le Parvis | Tarbes
Pour lui, en effet, les peintures pariétales revêtent une signification spirituelle. Et le chamanisme, les rituels et la transe sont à l'origine de la majorité de ces représentations rupestres. Toujours selon le chercheur, alors qu'il s'inspire des thèses de l'anthropologue David Lewis- Williams sur l'art des Bushmen, les chamans de la préhistoire devaient, lors de leurs transes et cérémonies, entrer en connexion avec le monde des esprits et avoir des visions d'animaux, de créatures hybrides, de signes et de représentations géométriques qui peuvent effectivement faire écho à celles que l'on trouve représentées dans les grottes. Dans leur désir de partir à la rencontre des esprits cachés derrière la roche, ces premiers hommes les dessinaient sur les parois, les peignaient et fixaient ainsi la vision qu'ils en avaient.
D'ailleurs, ces représentations correspondent bien aux hallucinations d'une transe profonde, qu'elle soit issue d'un rituel ou d'une prise de psychotropes. Et il n'y a pas de raison de douter de l'hypothèse quand on admet que les capacités cognitives et les mécanismes psychiques des cromagnoïdes étaient les mêmes que ceux de l'homme d'aujourd'hui. Autorisant ainsi un vécu ou un ressenti commun.

Ainsi, les chamans du Paléolithique auraient été des artistes ?
A la question : " Quel est le plus grand de tous les peintres ? " Picasso répondait : " Celui qui a peint les taureaux de Lascaux ". Le premier de tous les peintres aurait d'emblée été le plus grand d'entre eux, comme si il n'y avait pas de ruptures et de différences dans le temps ? Comme si les artistes d'aujourd'hui pouvaient entrer en connexion avec ceux du passé et transcender la raison chronologique de l'histoire ?
L'exposition Rituels, poétique des Origines s'intéresse à ces questions et propose un ensemble d'oeuvres - issues de la collection moderne et contemporaine du Musée des Abattoirs / Frac Midi-Pyrénées de Toulouse - qui manifestent par leur signification, leur processus de création, leurs liens historiques une possible célébration des cultures ancestrales, des rites et du chamanisme, des mondes souterrains, ceux des grottes et des esprits (2) .

Magali Gentet,centre d'art et commissaire de l'exposition.
(1) Gaston Bachelard, " La terre et les rêveries du repos", édtions J. Corti
(2) De 2009 à 2011, le musée des Abattoirs, Frac Midi-Pyrénées a mené à ce titre une expérience hors du commun dans la grotte du Mas d'Azil en Ariège. Intitulé "DREAMTIME, art contemporain et transhistoire ", ce cycle de trois expositions, dont le titre emprunte à la culture Aborigène, s'est déployé dans l'antre de la monumentale grotte du Mas d'Azil. Ainsi, trois années durant, artistes, préhistoriens et scientifiques ont été invités à interagir avec les dimensions historiques, imaginaires et naturelles de cet espace mystérieux.
Parmi les nombreuses oeuvres produites dans ce contexte inédit, certaines ont rejoint la collection des Abattoirs. Nous en retrouvons ici un extrait.


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