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Au Groenland, une mission scientifique pour mesurer l'impact du réchauffement

Publié le 16 juillet 2015 par Blanchemanche
#Ecopolaris #Groenland #réchauffementclimatique #universitédeLaRochelle
  Publié le 15-07-2015

Reportage du correspondant de Sciences et Avenir à bord de la goélette Tara, partie à l'assaut des eaux glacées - voire gelées - séparant l'Islande et le Groenland pour la mission Ecopolaris.


La mission Ecopolaris, à bord de la goélette Tara. Partie d'Islande, elle doit parvenir au Groenland. © François AuratLa mission Ecopolaris, à bord de la goélette Tara. Partie d'Islande, elle doit parvenir au Groenland. © François Aurat
EXPÉDITION. Depuis que "Antartica" est devenu "Seamaster" puis "Tara", la goélette grise n'a cessé de sillonner les océans pour servir la science et l'environnement. Onze ans après sa première expédition au Groenland, le voilier conçu pour la glace par Jean-Louis Etienne et aujourd'hui propriété de Etienne Bourgois et d'Agnès b. est revenu étudier cette partie du grand continent blanc. À son bord, pratiquement les mêmes protagonistes qu'en 2004. Ainsi, en compagnie de Jean Collet, un des premiers capitaine du bateau à sa mise à l'eau en 1989, mais aussi de Bernard Buigues, le grand chasseur de mammouth de la science française, il y a là Olivier Gilg, 48 ans, et Brigitte Sabard, 52 ans, deux chercheurs du GREA (Groupe de recherche en écologie arctique) également sensibles aux questions polaires. Ils ont profité de la deuxième visite de Tara dans les fjords de la côte Est du Groenland pour poursuivre leurs travaux sur cette zone peu connue mais qu'ils détaillent depuis près de 30 ans.

Une "grosse baleine" à voiles

Pour tout scientifique-explorateur-chercheur, ce genre de bateau donne la possibilité d'étudier des zones souvent inaccessibles. Sa taille (36 mètres) confère à la mission une échelle plus humaine. Sa coque en aluminium, épaisse de 10 cm, a été conçue pour les glaces ; elle lui permet, a priori, d'aller se nicher dans le plus reculé des fjords, chose qu'un bateau scientifique normal ne pourrait faire. La maniabilité et l'adaptabilité de cette "grosse baleine" à voiles lui avait aussi permis de faire une dérive polaire. L'arrivée en vue des côtes du Groenland samedi 11 juillet 2015 a cependant donné du fil à retordre à l'équipage de Tara. "La dernière fois qu'on est venus ici c'était au mois d'août, confie Martin Hertau, le capitaine. Là, il est très tôt dans la saison et il y a encore beaucoup de glace".La mission Ecopolaris profite néanmoins de cette logistique plutôt légère. En collaboration avec plusieurs chercheurs français et danois des universités de Franche-Comté, La Rochelle et d’Aarhus au Danemark, les deux spécialistes ont prévu de mener des travaux de terrain chaque été jusqu'en 2017. Le site de "Hochstetter Forland" et ceux des vallées de "Zackenberg" et du "Karupelv" vont mettre en place des protocoles standardisés par deux équipes partenaires, une danoise et l'autre franco-allemande. Pour Olivier Gilg, plus de 21.000 espèces peuplent les terres et les mers de l'arctique. Longtemps épargnés par l'activité humaine, mammifères, oiseaux, poissons, invertébrés, plantes et champignons vivant dans cette zone doivent faire face aujourd'hui à de profondes mutations.

Des observations de terrain pour mesurer l'impact du réchauffement

"Depuis 2003, nous avons observé de nouvelles espèces d’insectes et d’oiseaux, explique Olivier Gilg. Nos modèles indiquent que ces changements pourraient bien être les premiers signes écologiques du réchauffement climatique actuel. Et si les satellites permettent aujourd’hui de suivre avec précision l’évolution de notre climat, seules des observations de terrain complémentaires préciseront l’impact de cette évolution. En 2004, le GREA avait récolté en deux mois plus de données sur les oiseaux marins du nord-est du Groenland que tout ce qui avait pu être documenté en deux siècles par l'ensemble des expéditions précédentes". Les résultats avaient alors mis en évidence les tendances à l’augmentation des espèces à affinités méridionales (comme la mouette tridactyle, le macareux moine, les goélands brun et marin) pendant que les espèces typiquement arctiques semblaient être stables ou en déclin (le mergule nain, la mouette ivoire et le guillemot de Brunnich). Autant de signes du réchauffement accéléré dans la région.Bien qu'isolées et très peu habitées, ces terres lointaines figurent parmi les plus polluées du globe car de nombreux courants marins et atmosphériques s’y rejoignent. Ces courants froids venus du Pôle Nord et de la banquise isolent la côte nord-est du Groenland près de 10 mois par an, et la rendent très difficile d’accès. L’expédition offre aussi une occasion unique d’étudier la dynamique de certains polluants chimiques et organiques dans les écosystèmes terrestres. Plusieurs dizaines de colonies d'oiseaux de mer seront étudiées avec une attention plus particulière aux espèces et colonies qui avaient été découvertes en 2004. Brigitte Sabard est formelle : "En prélevant des échantillons sur les mêmes espèces, nous pourrons notamment évaluer de façon comparative l’accumulation de ces polluants dans le temps (onze ans plus tard) et dans l’espace, puisque cette étude se fera le long d’un même transect (une ligne le long de laquelle on fait un certain nombre de prélèvements, NDLR) de près de 800 km de long". La mission Ecopolaris sera également l'occasion de compléter les travaux effectués lors de Tara Océans (étude du plancton) et Tara Méditerranée (étude des micro déchets plastique) avec des résultats qui pourront notamment être comparés à la distribution et à l’abondance des oiseaux marins et des baleines de ce parc national grand comme deux fois la France.http://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/20150713.OBS2577/au-groenland-une-mission-scientifique-pour-mesurer-l-impact-du-rechauffement.html

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