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Comme une odeur de poudre dans la modernité, par Dr.Abdel-Wahhab El Messiri

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit

Un livre d'histoire rapporte que les forces françaises, s'adressant à un Cheikh algérien, affirmèrent qu'elles étaient venues dans le seul but d'étendre la civilisation occidentale moderne à toute l'Algérie. Sa réponse ne se fit pas attendre, et fut sèche, brève et éloquente : " Mais alors, répondit-il, pourquoi avez-vous amené tant de poudre ? ". Le Cheikh, comme beaucoup après lui, avait saisi dès le départ la relation entre modernité occidentale et impérialisme. En Occident, l'époque des découvertes géographiques et de la Renaissance est également celle qui inaugure l'extermination de masse. Comme le disait le dirigeant algérien Ben Bella : " Cette idole industrielle moderne est responsable de l'assassinat de toute une race [les Amérindiens], des habitants indigènes des deux Amériques, et de la déportation par les navires négriers d'une autre, la race noire, dont elle a réduit des millions de ses représentants en esclavage ; ce qui élève le nombre de victimes de ce processus à quelques cent millions d'êtres humains, en prenant en compte le fait que pour chaque esclave que les négriers occidentaux capturaient, ils en tuaient neuf. " Ben Bella poursuit en évoquant l'extermination des indigènes du Mexique, ainsi que des Algériens qui moururent par millions durant les nombreuses révoltes contre le colonialisme français. On pourrait ajouter à cette liste la guerre de l'opium en Chine, les famines que connut l'Inde du fait de l'application des lois occidentales sur la propriété privée, ou encore les deux guerres mondiales qui coûtèrent à l'humanité 20 millions de morts durant la première, et 50 millions durant la deuxième, sans oublier les bombes larguées à Hiroshima et Nagasaki et les victimes du goulag en URSS. Pareille situation est bien résumée par le héros de la Saison de la migration vers le nord de Tayeb Salih : " J'entends le bruit des épées romaines à Carthage, le fracas des casques de la cavalerie d'Allenby foulant la terre de Jérusalem. Lorsque les bateaux sillonnèrent le Nil pour la première fois, ils étaient chargés de canons, et non de pain ; les voies ferrées furent tracées pour acheminer des soldats, et les écoles créées pour nous apprendre à dire "oui" dans leur langue. "

" À tous ceux qui veulent encore parler de l'homme, de son règne ou de sa libération [ ... ] on ne peut qu'opposer un rire philosophique [ ... ] [ car ] on peut parier que l'homme s'effacer [ a ] comme à la limite de la mer un visage de sable ". Le monde a débuté sans l'être humain, et s'achèvera sans lui. "


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