Le Premier ministre yéménite en exil à Riyad a annoncé vendredi la
"libération" de la province d'Aden, dans le sud du pays, après quatre
mois de combats intenses avec les rebelles chiites et leurs alliés.
"Le gouvernement annonce la libération de la province d'Aden en ce
premier jour de l'Aïd el-Fitr", a écrit Khaled Bahah sur sa page
Facebook, en référence à la fête musulmane qui marque la fin du mois de
jeûne du ramadan, et "nous allons travailler à restaurer la vie à Aden
et dans toutes les villes libérées, et y rétablir l'eau et
l'électricité". Aucune source indépendante ne pouvait cependant
confirmer dans l'immédiat ces affirmations.
Depuis quatre mois, ce pays pauvre de la péninsule arabique est le
théâtre d'un conflit dévastateur opposant d'un côté les forces
gouvernementales et leurs alliés, soutenus par les frappes aériennes
d'une coalition arabe menée par Riyad, de l'autre les rebelles chiites
Houthis appuyés par des soldats restés fidèles à l'ex-président Ali
Abdallah Saleh. Les forces pro-gouvernementales ont lancé mardi une
offensive dans la ville d'Aden, la première depuis l'entrée fin mars des
rebelles dans la cité, qui avait forcé le président Abd Rabbo Mansour
Hadi et le gouvernement à fuir en Arabie saoudite.
Cette contre-offensive, baptisée Golden Arrow, a été menée par une
coalition anti-rebelles nommée "Résistance populaire" et soutenue par
des renforts entraînés et armés par Riyad. "A partir d'Aden, nous
reprendrons tout le Yémen", a martelé jeudi soir le président Hadi dans
un discours télévisé. Ce sera "la clef pour le salut" du pays, a-t-il
ajouté en félicitant ses partisans pour leur "résistance". Le
porte-parole du gouvernement Rajeh Badi avait annoncé mercredi un départ
imminent de plusieurs ministres pour Aden. La délégation, composée des
ministres de l'Intérieur Abdo al-Houdaithi, des Transports Badr Baslameh
et du vice-ministre de la Santé Nasser Baoum, aura pour mission
d'"évaluer la situation et l'ampleur des destructions", a indiqué M.
Badi. Mais selon un responsable provincial interrogé jeudi par l'AFP
"aucun ministre (...) n'est arrivé à Aden". Le chef de la sécurité à
l'aéroport de la ville, Abdallah Qaëd, a affirmé de son côté aux
journalistes qu'"aucun avion" ne s'était posé à l'aéroport.
Crise humanitaire
L'agence de presse Saba, sous le contrôle du gouvernement en exil, a
indiqué que des combattants sudistes et des troupes loyales au
gouvernement avaient pris jeudi le quartier de Moualla, à Aden, où les
rebelles opposaient une farouche résistance.
Les combattants pro-Hadi, qui avaient repris mardi l'aéroport d'Aden
dans le quartier de Khor Aksar, ont également chassé les rebelles d'une
route reliant Aden à Wahat, dans la province voisine de Lahj, a-t-elle
ajouté. A la faveur d'une offensive lancée en juillet 2014 de leur fief
de Saada (nord), les Houthis et leurs alliés avaient réussi à prendre de
vastes pans de territoire, dont la capitale Sanaa, avant de prendre
pied à Aden. L'Arabie saoudite, poids lourd de la région et voisine du
Yémen, a pris le 26 mars la tête d'une coalition arabe avec l'objectif
affiché d'empêcher les rebelles de prendre le contrôle de tout le pays
et, par extension, l'Iran, qui soutient les rebelles, d'élargir son
influence à ses frontières.
Le conflit a fait plus de 3.200 morts, dont une moitié de civils,
depuis mars, selon l'ONU. Environ 80% de la population -soit 21 millions
de personnes- ont besoin d'aide ou de protection et plus de 10 millions
ont du mal à se nourrir ou à trouver de l'eau, de même source. Cette
situation dramatique avait entraîné des appels à une trêve humanitaire,
après une première pause de cinq jours dans les combats mi-mai. Cette
trêve, annoncée la semaine dernière par l'ONU pour permettre
l'acheminement d'une aide humanitaire cruciale, ne s'est cependant
jamais matérialisée.
Source : Lorientlejour