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[Extrait] Avril et le Monde Truqué : qu’il nous Tardi qu’il sorte !

Par Julien Leray @Hallu_Cine

Jacques Tardi est un monument. Une référence de la bande-dessinée franco-belge (qui ne connait pas Le Cri du Peuple ? on vous aime quand même, mais là, c’est dur…), un mémorialiste visuel d’importance entre autres de la Grande Guerre, avec une patte et un coup de crayon reconnaissables entre tous. Une carrière aux thématiques constantes et engagées, dessinateur du peuple, faiseur d’anti-héros (Nestor Burma !), misère au point et rage au coeur.

Une oeuvre finalement couronnée d’un Grand Prix du Festival de la BD d’Angoulême et de deux Eisner Awards : n’en jetez plus, Jacques a dit Tardi, « je n’ai rien à prouver ».

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Bédéiste, illustrateur, Tardi a fait du papier son support de prédilection. On ne s’attendait donc pas à pouvoir un jour voir son univers graphique si particulier prendre corps sur grand écran. Le potentiel reste évidemment bel et bien là (sauf quand Besson y appose ses gros doigts), mais sa spécificité et son originalité tranchaient radicalement, sûrement trop, avec ce à quoi l’animation, 3D mais aussi traditionnelle, nous ont habitués jusqu’alors, pour que le défi soit relevé, ou à défaut tenté.

Il faut se rendre à l’évidence, rares sont les dessins animés aux partis pris visuels matures osant rompre avec l’esthétique des mangakas ou de Disney et affiliés. Pour un Triplettes de Belleville de fort belle facture, un Fantastic Mr. Fox quoi qu’il en soit trop Wes Anderson-esque pour se fondre dans la masse, combien de Monstre à Paris et autres Turbo ou Big Hero 6 ?

Le Festival d’animation d’Annecy, cuvée 2015, y est donc allé de son coup de pied bien senti dans la fourmilière en intégrant à sa sélection un long-métrage d’animation que l’on n’avait honteusement pas vu venir : Avril et le Monde Truqué.

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Conjointement réalisé par Franck Ekinci et Christian Desmares, dont les premiers faits d’arme remontent à l’adaptation télévisée des Aventures de Tintin du début des années 90′ ou encore à Persepolis et Oggy et les Cafards (on ne rappellera jamais assez – et non, nous ne sommes pas Zinzins – les bienfaits d’Oggy et les Cafards, que ce soit dit), Avril et le Monde Truqué ancre son récit dans un univers uchronique en 1941, dans une France dirigée par Napoléon V (!). Une société dépourvue de radios, d’avions, où le charbon et la vapeur sont les seules sources d’énergie utilisables, et au sein de laquelle et à travers le monde, les savants et chercheurs, dont les parents de la jeune Avril, disparaissent les uns après les autres.

Flanquée de Darwin, son chat doué de parole, et de Julius, jeune garçon des rues, Avril décide de partir à leur recherche, bien décidée à lever le voile sur ces curieuses disparitions.

Six années de travail (une durée de gestation rarissime dans le milieu si concurrentiel du cinéma d’animation) auront été nécessaires au duo pour mettre en images ce récit alléchant au possible, et animer les dessins de Tardi à la beauté sidérante. C’est peu de dire que ces premières images nous mettent  l’eau à la bouche, et on a bien peur de ne plus avoir de salive d’ici la sortie programmée pour le 11 novembre prochain en France. Pour le Canada, vous pouvez de toutes façons vous brosser…

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Si on ajoute pour être complet que le film a d’ores et déjà obtenu le Cristal du long métrage du Festival d’animation d’Annecy, et vous aurez deviné , Sherlock que vous êtes, que l’on ne trépigne même plus d’impatience : on se met carrément à hiberner en attendant l’hiver. Et tant pis pour le bronzage…



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