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Attachées de stress (3)

Par Dorian Gray

-Allô Dorian ? C'est toi ?Attachées de stress (3)-
Je reconnais de suite la voix grave et sensuelle de XX, attachée de stress aux éditions XX. Elle fume deux paquets par jour, cela s'entend mais, Dieu merci, ne se voit pas (encore). Elle est grande, mince, blonde, les cheveux ramassés dans un chignon décoiffé assez sexe, les yeux emeraude. Elle porte des strings qui se devinent sous des jupes un peu transparentes. A part ça, c'est une très bonne attachée de stress dans le sens où elle appelle regulièrement avec la tenacité d'un roquet.
-Dorian, je dois absolument te parler du roman de XX.
Bâillement de ma part.
-Non, ne bâille pas, Dorian, je te jure, sur la tête de mes fils (elle en a deux mais cela ne se voit pas non plus), je te jure que jamais il ne m'a été donné de défendre un roman pareil, surtout pour la rentrée litteraire. C'est un livre d'une fulgurance totale, difficile d'accès mais totalement humain, tu vois, d'une poésie urbaine transcendante (--petit claquement du briquet, petite inspiration---) dont la langue est comme une sorte de virus déspéré qui contamine le lecteur, tu vois, sans oublier l'emploi de la virgule le plus étonnant qu'il m'ait été donné de contempler depuis que je sais lire, tu comprends, une sorte de fatras exquis qui décortique la nature du désir et les rapports entre le sexe , la violence et la religion, et notamment celle de la persistance, depuis le manichéisme du Big Bang jusqu'à nos jours, tu vois, et qui imagine avec une intelligence inouie, quasi orgasmique, une société initiatique hétérodoxe, bref, un roman que tu dois lire avant tout le monde, Dorian, l'auteur est prêt à te rencontrer, je lui ai parlé de toi, il adore ta rubrique, il a une admiration folle pour toi, c'est pas grave si tu as descendu son dernier livre, il est prêt à tout oublier, moi aussi d'ailleurs, et on t'attend ce soir au Bar du Lutetia pour une petite coupe de champagne avant que tu partes à Casablanca pour tes vacances, hein mon Dorian, juste nous trois pour parler un peu de tout ça et de ce que tu pourrais faire, tu vois ? Dorian ? Allô, Dorian ?... Merde, ça a coupé, putain."


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