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Annie Barrows : Le secret de la manufacture de chaussettes inusables

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Le secret de la manufacture de chaussettes inusables d’Annie Barrows   3,75/5 (06-07-2015)

Le secret de la manufacture de chaussettes inusables (622 pages) est sorti le 11 juin 2015 chez Nil  Editions (traduction : Claire Allain et Dominique Has).

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L’histoire (éditeur) :

Eté 1938. Layla Beck, jeune citadine fortunée, refuse le riche parti que son père lui a choisi et se voit contrainte, pour la première fois de sa vie, de travailler. Recrutée au sein d'une agence gouvernementale, elle se rend à Macedonia pour y écrire un livre de commande sur cette petite ville.
L'été s'annonce mortellement ennuyeux. Mais elle va tomber sous le charme des excentriques désargentés chez lesquels elle prend pension. Dans la famille Romeyn, il y a... La fille, Willa, douze ans, qui a décidé de tourner le dos à l'enfance... La tante, Jottie, qui ne peut oublier la tragédie qui a coûté la vie à celui qu'elle aimait... Et le père, le troublant Félix, dont les activités semblent peu orthodoxes. Autrefois propriétaire de la manufacture, cette famille a une histoire intimement liée à celle de la ville.
De soupçons en révélations, Layla va changer à jamais l'existence des membres de cette communauté, et mettre au jour vérités enfouies et blessures mal cicatrisées.

Mon avis :

Punie par son père  le sénateur du Delaware (pour avoir refusé d’épouser le riche héritier de Citronella), qui lui coupe les vivres, Layla Beck est contrainte de travailler. Il lui trouve un poste chez son frère au sein de la WPA (Work Progress Administration) pour rédiger un ouvrage subventionné sur l’histoire de Macedonia, célébrant  ainsi le cent-cinquantenaire de sa fondation. La voilà donc partie dans la petite ville de Virginie Occidentale (logée chez les Romeyn) où elle interview les habitants, déterre tous les éléments possibles pour écrire l’ouvrage et le rendre le plus fidèle possible, avant la date anniversaire. Elle qui n’avait jamais travaillé de sa vie s’invertie totalement dans sa tâche et, bien vite, elle découvre que l’histoire est plus riche qu’elle ne le pensait, que les versions ne sont pas toujours identiques d’un habitant à l’autre et ce travail se révèle bien moins ennuyeux qu’elle ne le craignait.

Le secret de la manufacture de chaussettes inusables est l’histoire de Macedonia, et plus précisément de la famille Romeyn où la jeune femme a trouvé pension. Des secrets, des rencontres avec personnages attachants, des éléments trop longtemps enfouis  rythment la narration au grès des recherches de Layla et de Willa, la petite fille de l’ancien président de  la manufacture, qui du haut de ses 12 ans, cherche à percer les mystères des adultes (entre Felix, son papa qui disparait pendant des jours pour son travail qui reste assez trouble, et Jottie, sa tante qui l’élève, toujours amoureuses de Vause, mort dans l’incendie de la manufacture qu’il a causé, détruisant aussi l’avenir de son ami Felix).

Ce nouveau roman d'Annie Barrows  (co-auteur  du célèbre Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates) est riche, foisonnant d’histoires et de personnages que l’on croise et recroise. Au début, l’arbre généalogique fait un peu peur mais finalement on s’y retrouve très vite grâce aux personnalités propres que l’auteure a bien dessinées.

C’est aussi un livre long (très long) et on s’ennuie un peu par moment. Mais tout ce petit monde est très attachant, et en particuliers les protagonistes qui se détachent assez vite du reste des acteurs secondaires. Du coup, on ne tient plus vraiment à lâcher Willa, Jottie, Felix, Emmet et Layla, maladroite et surtout loin de ce monde mais consciencieuse et pleine d’énergie. Sa motivation lui enlève ses petits défauts qui l’a rendent au final plus sympathique que dans ses premiers courriers (où me semblait un peu hautaine).

Il y a une fraîcheur et aussi un dépaysement qui se dégagent et rendent le tout très agréable, malgré ces quelques moments longuets. L’alternance des points de vue et la combinaison de différentes narrations (narration classique, épistolaire et retranscription du travail de Layla) apportent aussi un peu de rythme en cassant la sensation de monotonie.

Bref, on reste captivé, plutôt bien ancrée dans ce cadre tout particuliers, propre aux petites villes de campagne des Etats Unis à la fin des années 30, avec la Grande Dépression, les commérages, les histoires de familles (et quelle famille !), l’accueil chaleureux, la chaleur étouffante, la simplicité des gens et la curiosité de certaines petites filles.

Le charme des lieux et l’excentricité des personnages, le suspens qui tourne autour du charismatique  Félix et de l’incendie criminel de la manufacture en 1920, ainsi que les histoires de cœur rendent ce livre assez fascinant. Et même si Le secret de la manufacture de chaussettes inusables reste vraiment un gros et long roman, c’est au final  une bonne lecture grâce à un style agréable, des personnages vraiment plaisants à suivre (secrets, parfois drôles, toujours touchants) et ce petit je-ne-sais-quoi de chaleureux qui donne envie d’y rester.


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