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Science et réseaux sociaux : de nombreux atomes crochus

Publié le 24 juillet 2015 par Guidesodialmedia @wellcom_digital

La semaine passée, le contenu le plus partagé sur les réseaux sociaux n'est pas venu d'une star hollywoodienne mais de la NASA, avec une photo de Pluton prise par New Horizons. Après avoir parcouru 4 milliards de kilomètres, le cliché s'est répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, partagé par les médias et les scientifiques mais aussi des milliers de curieux.

C'est l'occasion idéale pour regarder de plus près comment la science se diffuse à travers les réseaux sociaux.

Pluton et la NASA

Extrêmement active sur Twitter mais également sur Facebook ou Instagram, avec une web TV, des directs sur YouTube et des ressources à télécharger, la NASA est un cas d'école. Peu d'organisations non-commerciales ont aujourd'hui déployé une stratégie de contenus aussi forte (exception faite des ONG type Greenpeace ou WWF).

Suivie par près de 12 millions de personnes sur Twitter à mi-juillet 2015, @NASA est déjà un compte impressionnant qui attire environ 13 000 abonnés par jour. Le 14 juillet 2015, après avoir diffusé la désormais célèbre photo de Pluton sur les réseaux sociaux, elle a gagné 70 000 nouveaux abonnés.

Cette forte acquisition de followers en une journée montre que les institutions scientifiques peuvent susciter énormément d'intérêt et créer un buzz mondial au même titre qu'une marque ou qu'une célébrité. L'unique image prise par New Horizon a généré près de 400 000 tweets mentionnant " Pluto " (le nom anglais de la planète) et 100 000 contenant le nom " Pluton ". On est bien là sur un phénomène massif bien au-delà d'une simple communauté scientifique.

Chaque semaine, de nombreuses photos et vidéos publiées suscitent l'émotion des fans et followers à travers la présentation de grandes innovations, ou simplement de clichés de l'espace uniques et magnifiques. Ces publications sont capables de créer de nombreux engagements et avec eux, beaucoup de visibilité et de nouveaux abonnements.

La NASA propose également un très gros volume d'informations tantôt pédagogiques pour le grand public (que l'on retrouve sur les réseaux sociaux) tantôt plus pointues, à destination d'une communauté plus avertie et plus restreinte (c'est le cas des études disponibles en téléchargement). Elle peut ainsi présenter l'intérêt scientifique de ses recherches, que ce soit pour mieux comprendre la formation de l'univers, mettre à l'épreuve de nouvelles innovations ou réaliser des expériences dans des milieux spécifiques. Un discours parfois un peu trop teinté de patriotisme vu d'un œil non-américain. On pourrait également lui reprocher son manque d'interaction avec ses publics mais néanmoins, le volume et la variété des contenus proposés restent impressionnants.

Le CERN

Moins grand public le CERN, Centre Européen pour la Recherche Nucléaire, est lui aussi très présent sur le web. Quoi de plus normal étant donné que la toile a été inventée dans ses locaux par Tim Berners Lee. 1,2 million de followers, 433 000 fans Facebook, là aussi les communautés sont conséquentes. Il parvient à y présenter ses travaux réalisés à partir de son Grand collisionneur de hadrons, un accélérateur de particules permettant de réaliser de nombreuses expériences dans l'infiniment petit. Des expériences complexes dont la vulgarisation est loin d'être évidente.

Pourtant, en 2012, la confirmation de l'existence du Boson de Higgs a été largement reprise sur les réseaux sociaux. ( Pour ceux qui voudraient comprendre de quoi il s'agit) Cette découverte majeure de la physique a été reprise par tous les médias, des plus spécialisés aux plus grands publics et naturellement relayée par les utilisateurs des réseaux sociaux. De nombreuses vidéos sont apparues sur YouTube pour en expliquer le principe et des milliers d'internautes se sont tournés vers Wikipédia pour en savoir plus. Si sa popularité est restée éphémère, elle atteste néanmoins de la capacité de la science à toucher un large public, même sur les sujets les plus pointus.

Cet épisode particulier appartient à une stratégie de communication digitale en place depuis de nombreuses années. Le CERN est par exemple présent sur YouTube depuis 2007 et ses vidéos totalisent plus de 4 millions de vues malgré un niveau d'expertise très pointu. Contrairement à la NASA et à sa démarche grand public, le CERN a préféré rester dans des contenus très spécialisés, préférant laisser la vulgarisation à des tiers comme les médias de vulgarisation ou les blogueurs.

Les personnalités scientifiques

Si les organisations scientifiques ont bien compris l'intérêt des réseaux sociaux dans leur mission pédagogique, les personnalités scientifiques ne sont pas en reste. Le canadien Chris Hadfield est rapidement entré dans le TOP des astronautes les plus célèbres grâce à une vidéo postée sur YouTube pour passer le temps à bord de la station spatiale internationale (ISS). En reprenant la chanson Space Oddity de David Bowie dans une vidéo de grande qualité, ce dernier a généré près de 26 millions de vues. Depuis ce buzz, il continue de réaliser des vidéos à un rythme régulier en développant continuellement la qualité de ses réalisations.

Sur sa page Facebook, l'astronaute réalise un joli storytelling de sa vie entre sa passion pour la science et sa vie personnelle. Un sentiment de simplicité et de proximité se dégage de ses publications et créenaturellement un lien avec ses fans. Il est finalement parvenu à maitriser son image d'une manière qui ferait envie à plus d'un grand patron ou d'une personnalité publique. Son compte Twitter suit cette même volonté avec néanmoins une place plus importante accordée à l'actualité scientifique et spatiale.

D'autres personnalités contribuent directement ou indirectement à la diffusion de la science sur les réseaux sociaux. Stephen Hawking, probablement un des plus grands physiciens actuels, contribue à de nombreuses conférences bien souvent disponibles sur YouTube, et son humour, là aussi fait souvent mouche comme lorsqu'il intègre l'actualité du boysband One Direction dans sa conférence sur les univers parallèles. Un extrait de conférence fortement relayé sur Twitter.

Les blogueurs et les Youtubeurs vulgarisateurs

Les grandes organisations et les personnalités scientifiques célèbres ne sont pas les seules à faire vivre la science sur le web et les réseaux sociaux. De nombreux passionnés partagent leur amour pour les sciences à travers leur blog ou leur chaine YouTube.

Les médias nationaux comme Libération ou Le Monde hébergent de nombreux blogs et la science y est représentée avec notamment {science²} chez Libé' et Passeurs de sciences pour Le Monde. Mais la communauté de blogs scientifiques est bien plus dense. Vous pouvez en trouver de nombreux sur la plateforme Café des sciences. Vulgarisation, articles pointus, faits scientifiques improbables, il y en a pour tous les goûts. Malheureusement, au milieu de tous ces passionnés qui travaillent sérieusement se cachent aussi quelques trolls aux informations plus que douteuses. Pensez-donc toujours à regarder les sources des articles.

Si les blogs scientifiques hébergent majoritairement des articles au format texte, d'autres proposent de nouveaux formats comme de la bande dessinée. On peut citer par exemple le blog Tu mourras moins bête par Marion Montaigne. Elle propose des planches de vulgarisation avec des sujets parfois surprenant mis en scène avec de nombreuses références à l'actualité ou à la science-fiction. Si le sujet et le ton employé sont plein d'humour, le nombre de sources disponibles sous chaque article atteste bien du sérieux des recherches effectuées.

Si vous n'êtes pas fan de lecture, ou si simplement vous aimez aussi la vidéo, YouTube, comme pour quasiment tous les sujets est une mine d'or. De nombreuses chaines vous proposent des vidéos plus ou moins longues et plus ou moins complexes pour aborder les sujets qui vous intriguent. Dans l'hexagone, nous avons par exemple e-penser par Bruce Benamran pour mieux comprendre la Physique et beaucoup d'autres sujets. Pour ceux qui préfèrent la Biologie, ils trouveront leur bonheur chez DirtyBiology par Léo Grasset qui réalise ses épisodes depuis la Thaïlande. Avec respectivement 453 883 et 191 036 abonnés, ces chaines ne rivalisent pas avec les plus grands YouTubeurs mais ont tout de même des communautés plus que conséquentes.

Tous ces acteurs qui font vivre la science sur le web et les réseaux sociaux ont donc, à leur échelle respective, permis aux sciences de toucher de nouveaux publics. Elles sont également portées par les millions d'utilisateurs curieux qui, grâce à Internet, ont maintenant accès à énormément d'informations sous des formats variés pour assouvir leur soif de connaissance. Vous cherchez à mieux comprendre l'univers ? Vous vous demandez si le pouvoir de téléportation d'un super-héros générerait une détonation bruyante par l'apparition soudaine d'un volume d'atomes ?

Les réseaux sociaux sont vos amis !

B.P.

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