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Mercredi 28 juillet 1915. À 16 h 1/2, un obus vient subitement éclater dans la rue Paulin-Paris, à hauteur de la rue Lesage

Par Cantabile @reimsavant

À 16 h 1/2, un obus vient subitement éclater dans la rue Paulin-Paris, à hauteur de la rue Lesage. Ses éclats atteignent, de l'autre côté de cette dernière rue, six soldats, dont deux sont tués au coin le l'impasse où se trouve un magasin des Établissements économiques. Ils en sortaient et la gérante dudit magasin, Mme Ducellier, est en même temps grièvement blessée à la tête, alors qu'elle se trouvait encore à son comptoir.

La triste nouvelle et les détails du tragique événement, pour le quartier, me sont donnés par les témoins qui se sont portés aussitôt au secours des malheureuses victimes dans le voisinage immé­diat, lorsque je rentre place Amélie-Doublié, la journée terminée.

- À 17 heures, M. Raïssac vient au bureau de la comptabili­té, me prévenir que M. le maire me demande. Je me rends au cabinet de l'administration municipale et M. le Dr Langlet, seul à ce moment, me faisant asseoir auprès de lui, m'annonce ceci :

"L'administration du mont-de-piété, dans sa réunion du 26 juillet, prenant en considération ce que vous avez fait de­puis la guerre, a pris l'engagement de vous proposer en première ligne pour la direction, quand les circonstances per­mettront de penser à la reconstitution de l'établissement."

Puis, me tendant la main, il ajoute avec un bon sourire, qu'il a plaisir à me faire part, lui-même, de cette nouvelle.

Si je suis très flatté de cet accueil de la part du maire, ma sur­prise est grande. En le remerciant comme il convient de l'amabilité qu'il a bien voulu me témoigner et de la confiance de l'administra­tion, je me retire heureux mais un peu soucieux en songeant immédiatement à l'importance de la charge à prendre dans des conditions exceptionnellement difficiles, envisagées et acceptées cependant, puisque j'avais été amené à faire acte de candidature d'une façon assez singulière.

Le 26, en effet, alors que j'ignorais totalement, depuis septembre 1914, les décisions prises ou à prendre par le conseil, un ad­ministrateur était venu me trouver à la "comptabilité", et, en quel­ques mots, m'avait dit à peu près ceci :

"Nous sommes en séance ; je viens vous demander si vous postuleriez l'emploi de Directeur".

Ma réponse avait été :

"Certainement. - Mais, vous n'avez pas présenté de demande", m'avait-il ajouté.

Séance tenante, j'en avais formulé une sur un en-tête de la mairie, et la lui avais remise, sans même prendre le temps de lui déclarer que je ne savais pas que le poste fût devenu officiellement vacant et sans le retenir pour le questionner. Malgré mes états de services, semblable demande, rédigée au pied levé, me paraissait produite de manière assez aléatoire. Il était retourné auprès de ses collègues, réunis sous la présidence du maire et je venais d'apprendre ce qui en était résulté, sans que cela ne m'eût obligé à solliciter un appui, auprès de qui que ce soit.

Paul Hess dansReims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

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