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Hubble nous replonge au cœur de la nébuleuse du Lagon (M8)

Publié le 31 juillet 2015 par Pyxmalion @pyxmalion
à l'intérieur de la nébuleuse du Lagon

Hubble nous fait redécouvrir cette région à l’intérieur de la nébuleuse du Lagon (_Lagoon nebula_, Messier 8), laquelle s’étend dans la constellation du Sagittaire. Sa vue pénétrante dans le visible et l’infrarouge nous dévoile les jeunes étoiles tapies dans les ténèbres, plus particulièrement Herschel 36. Celle-ci érode et sculpte le milieu où elle s’est formée. Entre les deux masses sombres, on peut observer une tornade qui entremêle gaz et poussières (cliquez pour la télécharger en haute résolution)

Les images du télescope spatial Hubble suscitent toujours l’émerveillement. Cette dernière livraison nous fait revisiter l’antre de l’une des plus belles nébuleuses du ciel d’été : la nébuleuse du Lagon. Point de lagon paisible toutefois mais un océan qui essuie une tempête.

Cela fait déjà 25 ans que le télescope spatial Hubble nous émerveille avec les différents objets célestes qu’il nous dépeint grâce à sa vue pénétrante. Et à chaque fois, pour chaque nouvelle image publiée, c’est toujours l’étonnement et l’admiration qui reviennent.

Cette fois, nous revisitons Messier 8 (M8 ou encore NGC 6523) connue aussi sous son nom plus poétique de nébuleuse du Lagon que l’astronome Agnes Clerke lui a prêté à la fin du XIXe siècle. Mais qu’on ne s’y trompe pas, rappelle l’Esa dans son communiqué de presse : en lieu et place d’un paisible et doux lagon que l’on croit observer (vue dans son ensemble, M8 se caractérise en effet par une trainée sombre qui peut évoquer un lagon), c’est bien au contraire un océan de gaz et de poussière très tourmenté par quelques étoiles nouveau-nés que nous devisons. Ce nuage s’étend sur environ 40 années-lumière, à quelque 5.000 années-lumière de la Terre, en direction du centre de la Voie lactée, dans le Sagittaire. C’est d’ailleurs une constellation richement dotée en nébuleuses et autres amas ouverts — grappes d’étoiles très jeunes —, amas globulaires, qui sont, quant à eux, beaucoup plus lointains… Bref, une région du ciel d’été rempli de trésors, observable dès le début de la nuit, que nombre d’astronomes amateurs (chevronnés ou pas) aiment fouiller avec leurs instruments.

Pour cette livraison de 2015, Hubble nous emmène à l’intérieur, sur l’un des rivages du lagon, à la découverte de l’environnement de la turbulente étoile Herschel 36. La vue perçante de la caméra WFC2 (remplacée en 2009 par la WFC3) du télescope spatial nous donne à voir dans le domaine du visible et de l’infrarouge, un paysage érodé par les vents ultraviolents de la jeune étoile dominante. De précédentes observations nous l’avaient montré exclusivement dans le visible. À présent, l’infrarouge nous dévoile ce qui se trame dans les parties ténébreuses de l’un de ces nuages moléculaires de la Galaxie qui enfante des étoiles.

Enfouie dans une masse sombre de gaz et de poussière, la jeune et ardente Herschel 36 ionise au moyen de son rayonnement ultraviolet fulgurant, le milieu qui l’a vu naître. À l’instar des célèbres « piliers de la création » (ou plutôt des piliers de la destruction), au cœur de la nébuleuse de l’Aigle, qu’Hubble nous a fait redécouvrir au printemps dernier, la région est aussi entièrement bousculée par une étoile massive. Agressés, des pans entiers de la nébuleuse tombent en morceaux.

Comme vous pouvez le constater, un nuage vrillé comme une tornade relie deux grands continents de gaz et de poussières, à l’image de l’isthme de Panama. Sa formation est sans doute provoquée par la différence de températures : la partie extérieure plus chaude s’enroule autour de l’intérieur, plus froid. On découvre une myriade de jeunes étoiles tapies dans les ténèbres et plusieurs globules de Bok, turgescents, qui résistent aux tempêtes stellaires. D’autres nouvelles étoiles sortiront de ces bourgeons d’ici quelques milliers de millénaires.


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