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Pour un radicalisme de gauche

Publié le 03 août 2015 par Radicallibre77

Contribution de militants Radicaux de gauche, dont David Charpentier, Conseiller municipal d’Esbly et Secrétaire général du PRG77 est un des auteurs, pour le congrès du Parti Radical de gauche, de septembre 2015.

Pour un radicalisme de gauche s’inscrivant dans une tradition républicaine, solidariste, progressiste et libertaire

Face aux menaces qui pèsent sur la République sociale qui fonde notre idéal politique, il y a urgence : urgence à refonder notre pacte social, dans la tradition rousseauiste de la philosophie des Lumières et de la grande Révolution française, en faisant de notre parti la pierre angulaire des combats futurs pour la République, de la bataille politique pour la liberté, la laïcité et la fraternité face aux idéologies de la race et du sang.
Il n’y a pas d’avenir pour un Parti radical de gauche qui serait l’appendice d’un parti qui n’a plus de socialiste que le nom, dans un social-libéralisme incolore, inodore et sans saveur, mais bien au contraire il faut réaffirmer plus que jamais la singularité et l’utilité de notre démarche solidariste, républicaniste, universaliste, laïque et libertaire visant à un contrat social réaffirmé et renforcé à l’échelon français puis progressivement au niveau européen.
Tel est le projet que nous voulons voir porté par les Radicaux de Gauche, au sein d’une contribution qui rassemble des militants d’horizons géographiques très divers, et s’inscrivant dans la continuité de l’action des grands Radicaux :
- Une tradition solidariste, au sens où l’a entendu Léon Bourgeois, premier président de la Société des nations et Prix Nobel de la paix, favorable à l’esprit mutualiste et qui a créé les premières retraites ouvrières, favorisé la mise en place de la législation sur les accidents du travail et soutenu le principe de l’impôt sur les successions et de l’impôt progressif sur le revenu ;
- Une tradition progressiste, telle que l’ont voulue des hommes et des femmes de culture radicale comme Pierre Cot et Madeleine Jean-Zay, considérant que la propriété privée des moyens de production devait être équilibrée par la mise en place d’un large système de protection sociale, et profondément attachés à la paix ;
- Une tradition, osons dire le mot, libertaire, qui accorde la priorité à la défense des citoyens face à l’arbitraire et fait de la conquête de nouvelles libertés individuelles l’horizon de ses espérances politiques.
En ce sens, les ministres, les parlementaires et les élus radicaux de gauche peuvent s’enorgueillir d’avoir mené à bien des combats justes : pour le droit au mariage et à l’adoption de personnes de même sexe, que nous avons été les premiers à défendre ; pour la dépénalisation de l’aide aux migrants ; pour la défense rigoureuse de la laïcité et des territoires de la République, soutenue constamment au gré des réformes territoriales.
Nombre d’entre nous ont également mené bataille contre la régression des libertés individuelles que comportent les réformes des services de renseignement.
Nous estimons qu’il faut aujourd’hui aller plus loin, en étant les dignes héritiers de nos prédécesseurs et en nous conformant à la feuille de route dressée par L’Audace à gauche.
Les thématiques seraient nombreuses à développer qui requièrent ce radicalisme de gauche que nous voulons audacieux et volontaire, parmi lesquelles nous nous devons de citer les dix propositions suivantes :
- La défense des services publics sur l’ensemble de notre territoire, car c’est un des fondamentaux de notre pacte républicain ;
- La défense des collectivités territoriales dont l’autonomie fiscale doit être garantie et renforcée d’une indispensable péréquation juste et concertée ;
- L’action déterminée à garantir que l’égalité des droits de tous les citoyens, sans distinction de race, d’origine et de religion soit assurée dans les faits, tant en résistance à toutes les formes de communautarismes qu’en acquisition de droits nouveaux : après le mariage pour tous, nous devons obtenir de nouvelles avancées telles que le droit de vote pour les étrangers aux élections locales, le droit pour tous à mourir dans la dignité, la dépénalisation des drogues douces, etc…
- La protection des libertés individuelles des citoyens face à la dérive sécuritaire implique de doter les autorités de contrôle de l’indépendance et des moyens nécessaires à leurs missions. Le Parlement doit enfin redevenir, comme c’est historiquement son rôle, le lieu où s’exerce la protection des citoyens. L’enfer est pavé de bonnes intentions, et une menace terroriste circonscrite ne saurait justifier un fichage des populations ;
- La laïcité doit être consacrée comme la règle première, et non négociable, du vivre-ensemble de la République. Que les cultes s’exercent librement dans la sphère privée, mais que l’instrumentalisation des religions à des fins politiques – on l’a vu avec la « manif pour tous » – ne bénéficie plus de la complicité d’élus à des fins partisanes : c’est en cessant de considérer les religions comme des acteurs du débat public qu’elles reprendront la place qui doit être la leur dans une République une et indivisible. Pour ce faire, il est nécessaire de renforcer l’action et les moyens de l’Observatoire de la Laïcité, par exemple sur le modèle du Défenseur des Droits : notre pacte républicain laïc doit être défendu de manière efficace, déterminée et coordonnée ;
- Le renforcement des différentes formes de démocratie représentative, politique et associative et sociale, notamment par la refondation d’une démocratie sociale enfin pleinement reconnue (avec la volonté de renforcer le dialogue social dans les PME par l’abaissement à 20 du seuil du nombre de salariés pour constituer un comité d’entreprise et désigner un délégué syndical, et en menant une bataille plus ferme contre la répression antisyndicale notamment par le renforcement de l’action du Défenseur des Droits en ce sens), par l’instauration d’un vrai statut de l’élu local y compris d’opposition (impliquant sa reconnaissance et des moyens garantis) et d’un vrai statut de l’acteur de la vie sociale et associative (nouvelle étape indispensable, et suite directe de la loi de 1901) ;
- En matière économique et sociale, il faut une véritable révolution fiscale, en commençant par une remise à plat de l’ensemble des « niches » fiscales et sociales, qui favorisent d’abord les plus fortunés, afin de rétablir une plus grande progressivité de l’impôt ; il faut également garantir l’assiette de notre protection sociale dont les déficits sont d’abord causés par une politique mortifère de baisses de charges aveugles, non ciblées et mal évaluées ; il faut, enfin, une réforme de la fiscalité des entreprises qui exige de favoriser l’artisanat et les PME-PMI, premier vivier de créations d’emplois, avec la réaffirmation du solidarisme comme clé de lecture, d’action et de réforme ;
- Nous devons également favoriser l’économie sociale et solidaire, par la mise en place d’une fiscalité prenant mieux en compte les externalités sociales et environnementales ;
- Dans le domaine budgétaire, une appréciation plus fine de l’efficacité de la dépense publique (en termes non seulement de croissance économique, mais aussi d’impact social et environnemental) permettrait de sortir d’une logique malthusienne, qui tend à considérer, aveuglément et sans distinction, que tout euro de dépenses publiques est un euro dépensé de trop ;
- La contribution active et déterminée des Radicaux de Gauche à la construction d’une Europe politique et sociale, fédérale et solidaire, laïque et progressiste. A cet égard, il est notamment impératif de faire de l’Union européenne un espace de politiques sociales et territoriales réellement redistributives, au risque sinon de tuer l’idéal fédéraliste européen, et de reconsidérer l’indépendance de la Banque centrale européenne, sans équivalent dans aucune autre zone économique au monde, ce qui a entraîné une absence de coordination entre les politiques monétaires et budgétaires extrêmement préjudiciable à la croissance économique.
C’est sur cette profession de foi, qui ne demande qu’à être débattue, approfondie, enrichie, que nous vous appelons, toutes et tous, à refonder la République et à réaffirmer le Radicalisme, qui se doit bien-sûr d’être de Gauche, et qui ne peut se résumer à une forme de « social-libéralisme républicain », mais bien s’affirmer comme ce grand courant solidariste et libertaire, depuis toujours et aujourd’hui plus que jamais indispensable pour donner pleinement sens à ce qui ne peut cesser d’être la Gauche.


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