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Scream (2015) : à petites doses

Publié le 04 août 2015 par Jfcd @enseriestv

Scream est une nouvelle série diffusée depuis la fin juin sur les ondes de MTV aux États-Unis. Dans la ville de Lakewood, un mystérieux tueur en séries fait rage notamment au sein d’une communauté d’adolescents. Ces drames qui se reproduisent à intervalles de plus en plus rapprochés éveillent de mauvais souvenirs à une génération plus âgée : ceux d’un certain Brandon James, un autre tueur en série qui a terrorisé la ville avant d’être assassiné il y a de cela plus de vingt ans. Adaptation des quatre films d’horreur éponymes projetés en salles de 1996 à 2011, Scream est en quelque sorte victime de sa structure télévisuelle, comme le fait d’ailleurs remarquer un des protagonistes. Par contre, la série met en lumière un monde adulescent de plus en plus coupé des réalités et où virtuel et marchandisation prennent une dimension inquiétante.

Scream (2015) : à petites doses

Répétition

Apparemment bien de son temps, Scream débute l’apparition en ligne d’un sextape ou plutôt d’un coming out puisqu’on y voit Audrey (Bex Taylor-Klaus) et sa petite amie Rachel (Sosie Bacon) s’embrasser alors que toute l’école ne savait pas qu’elles étaient lesbienne. L’auteure de cette vidéo : Nina (Bella Thorne), la garce par excellence et c’est son ami Taylor (Max Lloyd-Jones) qui l’a mise en ligne. Mais voilà que quelques heures plus tard, Nina est égorgée par un individu vêtu de noir et portant un masque alors que la tête de Tyler est jetée dans la piscine. Le corps de la jeune femme est retrouvé par la suite, mais pas la tête du jeune homme (en était-ce une vraie?) si bien que Tyler est le principal suspect.

Au sein du groupe d’adolescents concernés dans toute cette histoire, mentionnons ces archétypes Noah (John Karna), un petit génie et spécialiste des tueurs en série, Will (Connor Weil) et Jake (Tom Malden), les deux machos, Brooke (Carlson Young) la poupée Barbie qui entretient une liaison avec son professeur, Kieran (Amadeus Serafini), le loup solitaire et Emma (Willa Fitzgerald), le cœur du groupe et dont la même a été l’obsession de Brandon James jusqu’à ce qu’il meure.

Scream (2015) : à petites doses

La structure de Scream est on ne peut plus conventionnelle quand on la compare aux films que certains qualifieraient de culte et franchement, il ne fallait pas s’attendre à plus. D’une part, la franchise repose sur l’absurdité des crimes et du suspens qui les précède et dans une moindre mesure, sur l’identité du tueur. C’est justement ce que l’on retrouve ici : on s’attache peu aux victimes, pas plus que les protagonistes entre eux dont les deuils permanents nous indiffèrent. Les intrigues « normales », c’est-à-dire exemptes de sang sont plus ou moins engageantes. Cependant, le mystère reste entier quant à l’identité du tueur; ce pourrait être un garçon, une fille, un adulte, un couple, un groupe ou peut-être même Brandon James qui n’aurait pas été tué la première fois! Déjà après trois épisodes, les paris sont ouverts puisque tous ont quelque chose à cacher et aussi terre à terre puissent-ils prétendre être, reste qu’un psychopathe rode…

Là où la série gagne quelques étoiles, c’est justement parce qu’elle ne se prend pas au sérieux et on y retrouve quelques bon gags ici et là comme lorsque Nina est sur le point d’être assassinée; au lieu de tout simplement composer le 9-1-1, elle utilise la reconnaissance vocale de son téléphone qui bien entendu comprend tout croche. Sinon, on sent clairement que Noah est la voix sans filtre des scénaristes. Cet étudiant n’analyse pas les meurtres avec la logique d’un policier, mais avec celle d’un amateur de cinéma et de télévision. Une fois en classe, il affirme : « you can’t transform slasher movies into series » justifiant par-là qu’avec ce format, il faut diluer les intrigues alors qu’avec les films, on a droit à davantage de montagnes russes et que notre curiosité est rapidement satisfaite. C’est effectivement vrai avec la nouveauté de MTV qui de façon un peu trop méthodique nous donne un meurtre par épisode et à ce stade de mi-saison, le tueur pourrait être n’importe qui tellement les protagonistes demeurent superficiels.

Scream (2015) : à petites doses

Au-delà de l’histoire

Jamais l’horreur n’aura été autant synonyme de divertissement à prendre à la légère et jusqu’à un certain point Scream dépasse la série traditionnelle puisqu’elle insiste tellement sur son aspect méta qu’on remet même en question l’utilité de s’investir dans une telle aventure totalisant dix semaines. Certes, no esquisse un sourire lorsqu’on entend Noah et les autres comparer leurs personnages à d’autres précédemment vus dans des séries télé (Bates Motel, Hannibal, Friday Night Lights, etc.), mais c’est surtout amusant lorsque c’est le tueur lui-même qui se sert de ces références pour effrayer ses victimes (en mentionnant How to Get Away with Muder par exemple). On se retrouve donc au summum de la virtualité, d’autant plus que les menaces se font via textos ou vidéos en lignes.

Puis, voilà qu’on superpose à l’écran des hashtags en lien avec l’intrigue, tels #whoisemmascaller, #isbrandonjamesback ou #runrileyrun en plus des titres de la trame sonore qui joue durant les différentes scènes, nom de l’interprète compris. Certes, cela reste amusant dans la mesure où l’on peut échanger nos théories avec la planète et pratique si l’on souhaite connaître les titres de chanson qui nous plaisent. Reste qu’au final, ce ne sont que des produits de marketing poussant les jeunes à (sur-)consommer et qu’on espère que la limites est atteinte avec cet exemple; se cache tout de même derrière tout ça une fiction!

Le pilote de Scream a rassemblé 1,03 million de téléspectateurs avec un taux de 0,45 chez les 18-49 ans. Puis, les quatre épisodes suivants se sont retrouvés sous le million avec une moyenne d’environ —- en auditoire et à la troisième semaine, le taux « payant » s’établissait à 0,33 points. Ces scores sont vraisembleblement satisfaisants puisque le 29 juillet, MTV a annoncé lors du Television Critics Association Summer Press Tour qu’il y aurait une seconde saison.


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