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Quitte ou double

Par Gjouin @GilbertJouin
Quitte ou doubleComédie de Paris42, rue Pierre Fontaine75009 ParisTel : 01 42 81 00 11Métro : Blanche / Pigalle
Comédie écrite par Jeff DidelotMise en scène par Dominique MérotAvec Hélène Derégnier (Laure), Philippe Gruz (Jean-Pierre), Jeff Didelot (Arsène)
Présentation : La vie est une partie de poker.Un anniversaire de mariage qui se passe mal… Un invité de dernière minute… Aux révélations sulfureuses vont succéder les trahisons les plus honteuses…Dans cette partie où se mêlent argent et sentiments, personne ne jouant vraiment carte sur table, les bluffés ne sont pas toujours ceux que l’on croit !
Mon avis : Pour bien apprécier cette comédie, il faut aimer le jeu. Le jeu sous toutes ses formes. Et, plus particulièrement les jeux de l’amour et du hasard. Ici, ils ne sont pas vraiment compatibles. En effet, Comment Laure pourrait-elle sentimentalement faire confiance à son mari Jean-Pierre, joueur de poker invétéré, qui les a mis sur la paille alors qu’il était à la tête d’une société florissante et que, pendant six-sept ans, ils ont connu la belle vie ? Même s’il lui a promis de ne plus toucher une carte depuis trois ans, le doute subsiste. Il faut reconnaître que Jean-Pierre cumule les vices. En plus de son addiction au jeu, il est menteur (ce qui est utile au poker mais pas en ménage) et volage. C’est un peu le mufle étalon. Quoi que le terme « étalon », d’après son épouse, ne soit pas celui qui lui convienne le mieux… Lassée par les frasques de Jean-Pierre, Laure a décidé que leur dixième anniversaire de mariage serait le signal de l’hallali. Mais, comme dans toute bonne comédie, les choses ne vont pas se passer comme prévu car un troisième personnage va faire irruption et le jeu de construction bien ajusté de la jeune femme va se transformer en chamboule-tout…

Quitte ou double

Photo : Fabienne Rappeneau

Un peu contre le cours du jeu, Laure va devoir endosser le rôle de dame de cœur et participer tant bien que mal à ce poker menteur entre un valet qui a perdu tout son trèfle et un roi qui pique son argent. Chacun cache plus ou moins bien son jeu d’autant que, désormais, sur le tapis, il n’y a pas que de l’argent car deux d’entre eux veulent aussi miser sur leur pouvoir de séduction.Pour jouer cette partie à trois, il y a sur scène un brelan de sacrés bons comédiens. Jean-Pierre (Philippe Gruz) et Arsène (Jeff Didelot), totalement dissemblables, forment une belle paire. Leurs différences, et physiques et psychologiques, sont un des atouts de cette comédie et la rendent crédibles. Philippe Gruz joue à la perfection le mec pitoyable, veule, cachottier. Pris au piège de ses dettes de jeu et voulant se refaire in extremis, on peut dire que c’est un gros acculé… Quant à Jeff Didelot, lui, il a le beau jeu. Il joue gagnant-gagnant sur tous les tableaux. Aux yeux de Laure il est l’as des as. Autant son mari lui semble mièvre et inconsistant, autant Arsène lui paraît carré… Hélène Derégnier déploie tout au long de la pièce un très large éventail de jeu. Quelle panoplie ! Elle maîtrise parfaitement tous les paramètres de l’art de la comédie. Elle peut se montrer avec autant de véracité naïve, rouée, coquine, victime, touchante, ridicule, conquérante et, surtout, très, très drôle… Elle a toujours le ton juste.

Quitte ou double

Photo : Fabienne Rappeneau

Enfin, il y a le texte de Quitte ou double. Il repose évidemment sur les dialogues. On y retrouve la patte de Jeff Didelot. Les échanges sont vifs, souvent acides ; les jeux de mots abondent (il y en a deux ou trois qu’il pourrait éviter, mais il y a de jolies trouvailles), C’est truffé de sous-entendus équivoques et d’insinuations un tantinet salaces (normal, on est entre adultes de plus en plus consentants). On y retrouve également son appétence pour un name dropping de bon aloi et les clins d’œil à l’actualité.Bref, lorsqu’on assiste à cette pièce à la Comédie de Paris, on a plus envie de « doubler » nos encouragements que de « quitter » la salle. C’est plaisant, sympathique, on ne se prend pas la tête. Un bon spectacle d’été, quoi…
Gilbert « Critikator » Jouin

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