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Crise du lait : ces producteurs qui sont contre les barrages

Publié le 09 août 2015 par Blanchemanche
#Crisedulait #Confédérationpaysanne

Les opérations coups de poing très peu pour eux. Ces producteurs de lait ont beau subir de plein fouet la crise, ils ne veulent pas participer aux blocages mis en place par la FNSEA.

Bérangère Lepetit | 09 Août 2015, Marigné (Maine-et-Loire), vendredi. Etienne Heulin, éleveur de chèvres,est choqué par le sentiment d’impunité de certains paysans. Marigné (Maine-et-Loire), vendredi. Etienne Heulin, éleveur de chèvres,est choqué par le sentiment d’impunité de certains paysans. (LP/Laurent Combet.)Eux ne déversent ni fumier ni pneus devant les supermarchés. Ils refusent de participer aux blocages qui se sont encore tenus cette semaine près de Grenoble, Auch, Colmar ou devant le siège social de Casino vendredi 8 août.Cet été, Etienne, André et les autres restent chez eux, à la ferme. Ils regardent, consternés.
La colère ? Ils en ont pourtant à revendre. La crise Ils l'ont sentie venir depuis des années, dans le lait, le porc ou le boeuf. « Bouger pour bouger, ça ne sert à rien. Les éleveurs se trompent de cibles. Ils embêtent les consommateurs qui sont victimes comme nous tous. Ils fouillent les camions de l'étranger alors que notre pays vit aussi grâce à ses exportations. Je comprends les gars au bout du rouleau, mais je suis pour le respect des biens et des personnes », affirme haut et fort André Lefranc, 53 ans, éleveur de 150 vaches laitières et fabricant de caramel dans la Manche.
Dans son village près d'Angers, Etienne Heulin, 55 ans, militant à la Confédération paysanne (syndicat marqué à gauche), avoue être « choqué par le sentiment d'impunité des paysans » quand il voit à la télé les lâchers de ragondins ou de cochons dans les supermarchés. « On dirait des milices de l'espace urbain. Nous sommes nombreux à ne pas nous reconnaître là-dedans. J'ai un voisin qui est allé bloquer un rond-point en juillet. Il est revenu dégoûté. Je n'y retourne pas, je ne peux pas faire ça aux gens, a-t-il dit. » Mais qui sont-ils ces « antibarrages » ? Des marginaux babas cool ? De discrets résignés ? Pas vraiment. On les retrouve dans les différentes strates du monde paysan. « Sur les barrages, il n'y a parfois que 30 ou 40 gars qui crient très fort. Ce sont les jeunes, souvent très endettés,... et ils ont fini leur moisson, pas comme nous ! », lance un jeune éleveur des Ardennes, proche de la Coordination paysanne (plutôt marquée à droite). Puis d'ajouter : « Il faut dire ça tout bas. Dans les campagnes, c'est mal vu de critiquer la fédé. »
La fédé, pour la puissante FDSEA (Fédération départementale des Syndicats d'exploitants agricoles), qui fait du ratissage dans les campagnes à coups de SMS à chaque action.
C'est ce syndicat qui est aux manettes depuis début juillet, bien épaulé par les JA (Jeunes Agriculteurs), l'équivalent syndical pour les plus jeunes. A force d'attiser la colère des éleveurs, sur les barrages, les gens de la fédé et les JA ont du mal à déloger le soir les non-syndiqués, les plus désespérés, les plus endettés qui n'ont plus rien à perdre. Car le ton des antibarrages se fait dur quand ils évoquent la maison mère de la Fédé, la FNSEA, syndicat historique fondé en 1946 (54 % de la profession). « C'est le pyromane qui éteint le feu, dénonce Etienne Heulin. Les dirigeants de la FNSEA sont les principaux responsables de cette crise. Ce sont les mêmes qu'on retrouve à la tête des industries de l'agroalimentaire. Ils manipulent les agriculteurs », dénonce-t-il.
Alors que faire ? Comment exister sans crier ? « Il faut couper l'herbe sous le pied des industriels », répond André Lefranc, membre de l'Apli (Association des producteurs de lait indépendant), qui rappelle la grève du lait de 2009 quand les éleveurs avaient jeté leur lait et arrêté de livrer les laiteries.
Pour Etienne Heulin, le salut vient des mouvements « qui fédèrent les consommateurs non agriculteurs, tous les métiers, les ouvriers de l'agroalimentaire, les salariés des supermarchés, comme au moment des Bonnets rouges ». Du côté de la Fédé, on raille en ces pacifistes « des suiveurs, des résignés, qui font de beaux discours et ramassent ce qu'on a obtenu ». Eric Launay, éleveur de taurillons FDSEA en Normandie, a bloqué un échangeur près du Mont-Saint-Michel. Il vitupère.
« En France, c'est la seule solution, le rapport de force ! Comme pour les taxis, les cheminots ou les aiguilleurs du ciel. »http://www.leparisien.fr/societe/crise-du-lait-ces-producteurs-qui-sont-contre-les-barrages-09-08-2015-4999571.php#xtor=AD-1481423551

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