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#journalisme : l’histoire de la noyée de Dubaï qui ridiculise toute la profession

Publié le 12 août 2015 par Mister Gdec

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L’histoire était un peu grosse, à faire la joie des fachos et racistes en tous genres qui jubilaient, se la repassant en boucle sur leurs réseaux sociaux et blogs favoris avec délectation sur l’air de « vous voyez bien qu’on a raison ; ces gens sont des barbares ! » Je voulais la creuser, tant elle me semblait incroyable. On pense ainsi en passant à une autre histoire du même registre nauséabond, celle du bikini de Reims, où la presse s’était également emballée…. et pas qu’elle. Un journaliste de Buzzfeed, Adrien Sénécat, que je suis sur twitter,  l’a fait avant moi. Il a découvert (pas tout seul, je pense…)  que cette histoire qui tourne en boucle depuis dimanche en heurtant les consciences selon laquelle « à Dubaï, une jeune fille serait morte de noyade car son père aurait empêché les secours d’intervenir, pour ne pas la «déshonorer» datait de… 1996. Bien que cela n’ôte rien au caractère dramatique de l’information, si tant qu’elle soit vraie (rien ne permet de l’affirmer, des doutes subsistent) la situation dans laquelle elle a été recueillie permet également de la contextualiser. Voilà qui en dit long en tous cas, et c’est surtout ce point central là qui m’intéresse et dont je voulais vous faire part,  sur notre monde journalistique hexagonal, qui devient de moins en moins crédible. Ce n’est pas seulement triste, mais grave. Que cette info ait pu passer en boucle sans jamais avoir été vérifiée avant d’être balancée dans la foule, avec toutes les tensions inter-communautaires et politiques que notre pays connait actuellement, c’est à mon sens totalement irresponsable.  Car c’est aussi de la qualité de notre journalisme que dépend la vitalité de notre démocratie, et la force de nos valeurs communes, réclamant de toute urgence davantage d’humanisme. Quand on sait que l’info en question a été reprise telle quelle, sans recul ni le moindre recoupement par des journaux comme Metronews, Le Parisien, Le Point, Le Figaro, 20 Minutes, BFM TV, et même France Info, avant d’être démentie, voilà qui n’est pas sans poser problème.  Ce milieu professionnel ferait bien de se remettre fortement en question. Car le public, lui, est de plus en plus méfiant. Il est de plus en attente d’informations de qualité. Il voit et il juge très négativement ce qui est en train de se passer (Cf. Cette terrible expression de « merdias »), et le fait que la profession de journaliste arrive en 2ème position du classement des pires métiers à exercer nécessiterait probablement une forte remise en question de la part de ces derniers. Mais ils ne sont cependant pas les seuls à n’avoir pas vraiment le cul propre : quid d’un modèle de production d’informations qui, à l’instar de celui des volailles ou des surgelés, ne songe qu’au profit à court terme,  où le journaliste n’en est plus un mais une simple courroie de transmission d’une usine à bas coûts ? A ce jeu là, nous sommes tous perdants.


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