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Les mystères du paysage de Leirhnjukur, Myvatn (Islande)

Publié le 13 août 2015 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

Cela fait quelques jours que nous sommes ici. En Islande. Nous avons découvert la météo capricieuse et changeante et la terre polymorphe. Ici à Myvatn, on prend le pouls du pays. La fraîcheur de l’air rencontre la palette diversifiée des couleurs.

Nous sommes ici depuis seulement deux jours, et cela semble avoir été beaucoup plus, tant les paysages nous surprennent : doux cratères herbeux, terre aride, lac turquoise gelé au coeur d’un cratère culminant, émanation de souffre affleurant sur le sol ocre, châteaux de lave, cratère battu par les vents…

Notre guide papier réserve 3 sacs à dos au prochain site que nous allons visiter aujourd’hui en fin de journée. Nous grimpons au pied du volcan Krafla, à qui on doit la topographie variée du paysage. Il s’agit d’une faille volcanique magistrale de plus de 90km de long et de 15km de large environ qui forme une immense caldeira. Ce type de volcan est caractéristique d’une activité tectonique et ne se manifeste que par grandes périodes d’activité qui correspondent à des phases d’éloignement des plaques continentales. Elles sont généralement espacées de 2000 à 5000 ans. En parcourant ces informations, un soupir de soulagement nous échappe, car il semble que l’ensemble de ces conditions n’est pas forcément réuni. Pourtant nous indique la suite de notre guide, non sans ménagement, que nous nous trouvons en ce moment même dans une période d’activité tectonique. On dénombre ainsi, plus de 20 éruptions, lors de la dernière manifestation du volcan Krafla, entre 1975 et 1984. Cela représente un écartement des plaques de 90cm. Pour observer ainsi les entrailles de Krafla, il faut grimper en haut du cratère Viti dont nous parlerons ultérieurement, ou fouler la terre encore fumante du Leirhnjukur.

Du haut du cratère nous plissons les yeux en direction du site fantastique de Leirhnjukur. En vain. Ici c’est l’hiver. La montagne se dénude pudiquement de la couche de neige qui la recouvre. C’est grandiose.

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Pourtant le site de Leirhnjukur, garde mystérieusement ses secrets, enfouis derrière sa colline. C’est un des sites, qui provoque dans les articles que je lis à son sujet, la multiplication des qualificatifs, jouant chacun à qui mieux-mieux. On arrive sur le site, alors que le jour décline, même si ici le soleil ne se couche jamais vraiment. Il est 19h et pourtant il semble qu’on soit en pleine après-midi. C’est définitivement une saison pour moi, toujours à l’affût de la météo et de la lumière.

On commence la randonnée dans la mousse et l’herbe, en jouant les équilibristes au milieu des flaques formées par la fonte de la neige. Quelques minutes passent, et nous voilà en train de fouler la neige fondue. On a changé de saison. On progresse avec peine, au rythme régulier de nos pas, qui font crisser doucement la neige. Nous arrivons à présent sur la pierre, les crevasses sont importantes sous la croûte terrestre. La colline rougie a le flanc fumant. C’est effectivement spectaculaire.

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Nous poursuivons sur une petite passerelle malmenée par les éléments, pour arriver sur la face à vif de la montagne. Ici les fumerolles révèlent des bassins de boues béants et bouillonnants. On se tient là, hypnotisés par la musique des bulles qui éclatent, baignant dans une atmosphère presque fétide. C’est l’odeur du souffre et donc d’oeuf pourri qui nous chatouille les narines.

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Un peu plus loin guidé par les fumerolles, on observe l’étendue sombre. Cette cicatrice sur la terre. Il s’agit de la coulée de lave cordée de 1984 qui enveloppe nos pas dans sa brume qui flotte alentours. Nous progressons en montant la pente qui se dessine sous nos pas. Les qualificatifs relevés au fil des lectures, reviennent ici tout d’un coup : dantesque, fantastique, lunaire, menaçant de rentrer en éruption… 

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Nous arrivons au sommet de la coulée, et le paysage s’offre sous nos pieds derrière un voile brumeux. Il s’enroule autour de nos jambes à mesure que nous progressons. Ici il est possible d’étudier les reliefs, d’observer de quelle manière la terre s’est ouverte, d’imaginer le magma incandescent. La perspective dans que l’on offre au milieu de ce paysage apocalyptique semble tout droit sortie d’un film. Une image du dernier homme sur la terre. D’une aventure aux confins de la planète.

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Je dirais ensuite
« A mesure que nous avançons le paysage change et devient inquiétant, splendide et vivant.
Le sol aride et ses brumes fétides, m’évoquent une de mes répliques préférées. « C’est une terre dévastée et stérile, recouverte de braises et de cendres et de poussière, l’air que l’on y respire n’est que vapeurs empoisonnées ». On est au Mordor, donc.
Sur la coulée de lave de 1984 encore fumante, on prend la mesure de l’activité souterraine, on foule une matière encore récente. Ici sur le volcan Krafla, de plus de 90 km de long, on imagine pourquoi la ville où on logé à été maintes fois rayée de la carte.« 

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On monte encore plus haut.
La sol pèle, laissant voir ses blessures. Au sommet de la colline qui masquait cette vision sensationnelle sur la coulée de lave, il y a un a un point de vue magnifique sur le paysage singulier de Leirhnjukur. Les couleurs se mélangent : l’ocre et l’orangé de la terre, la noiceur de la lave coagulée, la blancheur de la neige saupoudrée. On distingue la passerelle qui nous a conduit jusqu’ici en baissant les yeux, et au loin, le cratère Viti qui retient secrètement son lac turquoise encore à demi gelé. A nos pieds, la pente disparait parfois sous les fumerolles suivant les humeurs du vent. J’observe un moment à même le sol une blessure multicolore qui laisse s’échapper la fumée odorante.
De l’autre côté, le relief semble enlisé dans une mer immaculée. Immobilisé.
Un dernier coup d’oeil à la coulée de lave, et nous entamons la descente pour décrire une boucle jusqu’à la voiture.

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Nous trouvons le sentier dégagé, encadré par des plaques de glace qui fondent visiblement au soleil. Mais à mesure que nous progressons nous nous approchons à nouveau de la neige. Brusquement la palette de couleur change encore, et nous voyons le blanc étincelant dans les rayons rasants du soleil, se découper franchement sur la terre orange foncé. Au-delà, ce sont les montagnes.

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Deux personnes nous précèdent et nous étudions leur chemin. Bientôt nous sommes nous aussi dans l’immensité blanche, le sommet sur lequel nous dominions il y a quelques instants, nous livre sa face enneigée. Nous progressons plus difficilement maintenant, en nous faisant rattraper par la fatigue. Mais bientôt nous sommes à nouveau en train de jouer à sauter de motte de terre, en pierre.

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Nous rejoignons la voiture et nous partons en direction de Reykjahlid, où nous logeons. En chemin, nous passons l’imposante centrale géothermique, qui fournit en électricité Akureyri et tout l’est de l’Islande. Les imposants tuyaux nous conduisent vers le cours d’eau brûlant, à la couleur si particulière, qui serpente en nous guidant jusque chez nous.

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