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Covoiturons, covoiturez...

Publié le 19 août 2015 par Elosya @elosyaviavia

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Cette année encore, pour bouger, j’ai covoituré.

Un mariage à Limoges en juillet et un petit séjour  à Tours, meilleure solution pour y aller : covoiturage.

La veille de mes déplacements, je me marrais doucement, repensant à l’ultra angoissée (d’il y a un an) que j’étais à l’idée d’en faire.

Ma pote Emilie me narrait ses aventures en covoit très majoritairement positives.

A l’époque, ça me paraissait impensable de voyager par ce biais.

 JAMAIS. Je n’en ferais JAMAIS.

Putain, mais heureusement qu’il y a des moments dans la vie où l’on arrête d’être con butée.

J’ai commencé l’été dernier, j’en parlais ici. Cela s’était relativement bien passé.

(hormis, je vous en avais parlé succinctement, le conducteur qui faisait La Rochelle/Pau qui s’était montré exagérément grossier sur la route et qui insultait les autres conducteurs-trices vitre fermée, les traitant ‘d’enculés’, ‘salopes’ et j’en passe. Leur faisant des doigts d’honneur frénétiques. Je m’étais demandée, s’il n’avait pas un toc. Mais non, c’était juste sa manière à lui de se défouler communiquer avec autrui sur la route…D’ailleurs, avant de prendre la route, lui et sa copine avaient bien conspué la ville de Pau, me déconseillant d’aller dans certains endroits pseudos mal famés de la ville et me racontant avec moults détails très sordides deux faits divers dignes de Faites entrer l’accusé et tout ça avant que j’arrive pour la première fois à Pau hein. Charmant ce jeune homme).

Je trouve que le site Blablacar est bien foutu. Il y a plein d’horaires disponibles, on peut voir la tête des gens, il y a des notations sur la conduite et une note globale avec les commentaires. Ça permet de se faire une idée. Et puis financièrement y a pas photo

Ce qui me stressait au début, est exactement ce que j’apprécie maintenant : découvrir des inconnu-es. A chaque fois c’est la surprise. Est ce que le/la conducteur-trice sera aussi sympa que ce qui est dit sur son profil ? Comment seront les autres passagers ? On va discuter ? Se taire ? Parler puis s’enfermer dans un profond mutisme ? Qui va choisir la musique (très important la musique. TRÈS) ?

Il y a quelque chose d’assez étrange dans le fait de se dire que l’on va être proche physiquement de personnes pendant un trajet de plusieurs heures, que l’on va échanger sur nos vies persos, pros, où est ce que l’on arrive, d’où est ce que l’on vient, tout cela sans se revoir ensuite. Et je trouve que ces moments inédits d’interactions sont propices pour se découvrir et découvrir un ou une autre  que l’on n’aurait certainement pas rencontrer dans la vie.

Alors cette année, rebelote. Trajet Limoges/Paris, un conducteur très sympa, qui m’a laissé un très bon commentaire sur le site. Il a tout de même éludé dans son commentaire le fait qu’à un moment du trajet, j’étais à l’avant et que je me suis endormie profondément la bouche ouverte. La petite bave à la commissure des lèvres. Bonus Malus, j’ai ronflé de manière bien sonore comme quand je m’endors après une soirée bien arrosée.

Comment je le sais ?

Dans un demi-sommeil, j’ai entendu mon propre ronflement et je me suis réveillée. S’ensuivit un moment gênant où j’ai essayé de garder contenance en faisant la fille qui s’intéresse à la route et qui discute à nouveau, puis je me suis rendormie et c’était reparti : bouche ouverte, bave, ronflement, réveil.

Après je n’ai plus dormi du reste du trajet. Il fallait que je conserve (un peu) de ma dignité.

Paris/Limoges, pas mal, j’ai bien discuté avec une jeune femme qui passait un entretien d’embauche sur Paris et qui avait brillamment fait une formation dans le paramedical. Elle avait 4 soeurs, toutes dans le paramédical. Il y avait ce jeune homme qui n’était jamais allé en Amérique du Sud, mais qui avait côtoyé pas mal de personnes originaires de là bas et qui se lançait dans le projet fou d’aller y travailler et qui projetait d’y monter une structure humanitaire quand il aurait amassé assez d’argent. Il partait une semaine après notre covoiturage. Il avait trouvé un poste en tant qu’enseignant français et il ne parlait quasiment pas espagnol. Je l’ai trouvé assez fou au début puis je me suis dit qu’il avait bien raison d’essayer.

Et là tout dernièrement, j’ai rendu visite à un couple d’amis parents d’une petite pitchoune (c’est marrant comme on peut vite se sentir tout marshmallow devant des enfants parce qu’ils sont trop mignons hein) qui vont bientôt accueillir un petit bonhomme (au prénom encore secret pour le commun des mortels). C’était un moment doux, agréable et revigorant pour moi qui ait du mal à lâcher prise en ce moment.

J’ai donc fait Tours/Paris avec deux délicieuses personnes (la conductrice et l’une des passagères) et une troisième passagère qui était désagréable, sur la défensive, pas cool du tout. A chaque fois que je tentais de communiquer, elle me répondait de manière véhémente. Le genre de personne qui vous donne l’impression de vous engueuler quand vous lui parlez. J’ai passé mon tour pour le reste du voyage hein.

Et enfin Paris/Tours avec 4 personnes. Le conducteur et son chéri et une comédienne de doublage (chanteuse, ayant fait du théâtre) et son chéri musicien. C’était hyper intéressant. On a parlé d’amour, de (mon) célibat, de la difficulté de rencontrer des hommes célibataires trentenaires, d’avoir des enfants, de famille, de mariage, du hasard des rencontres dans la vie, des coïncidences qui sont là pour nous rappeler que certains chapitres de vie doivent se refermer, du fait de perdre un proche (discutant tous les 3 à l’arrière, au fil des conversations, nous nous sommes aperçus que nous avions tous les trois perdus notre papa) et la manière dont cela marque l’existence, la force de se relever, même si parfois on a l’impression qu’on n’y arrivera pas. On a causé fantômes, intuition, dieu, films. Reconversion professionnelle sur le tard. Chant. Du théâtre où je bosse. Cette comédienne y est déjà venue et son frère y a joué il y a quelques mois. Puis Paris et son périph sont arrivés. On s’est quitté se disant que ce serait sympa d’aller boire un verre à l’occase parce que ce trajet s’est révélé trop court et qu’on avait encore des choses à se dire.

Il était tard, le conducteur m’a ramené chez moi. En me quittant, il m’a dit une très belle et douce parole sur ce qu’il avait perçu de moi pendant ce trajet. Rien de catégorique ou dans le jugement, juste un ressenti qu’il a eu sur ma personne.

En rentrant dans mon appartement, retrouvant mon chat, mon espace à moi, me posant sur mon petit fauteuil, je repensais à ce qu’il avait dit.

Cela a fait une belle résonance chez moi.

Pas de paroles contraires ou de pensées limitantes me disant que bon, hein.

Non, juste moi me répétant ce qu’il avait dit avec un sourire.

Enfin.


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