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Tu ne tueras point, tu travailleras 35h...

Publié le 03 juin 2008 par Careagit
17 Juin, nouvelle journée « d’action » festive en perspective dans les rues françaises, poussée par des organisations syndicales qui devraient ensuite s’émouvoir d’avoir réuni presque 1 million de têtes et ce alors que prés de 28 millions d’autres rentreront d’une journée de travail. Il y a des inégalités partout dans ce pays, c’est fou.
Dans le large panel des contestations actuelles, c’est sans nul doute la potentielle remise en cause des 35h comme durée légale de travail qui sera au centre du viseur. En ce moment, difficile de passer à côté des crises de nerfs des leaders syndicaux qui mettent constamment en doute la capacité de Xavier Bertrand de tenir sa parole. Pourtant en décortiquant le processus, l’inverse me semble bien plus véridique. Remontons le temps et positionnons nous un instant au moment des négociations sur la représentativité des syndicats. C’était le bon temps, celui pendant lequel CGT et CFDT donnaient la patte à Sarkozy, montraient les muscles aux photographes et négociaient comme de vrais syndicats. Implicitement, la représentativité devait leur être offerte sur un plateau en échange d’un peu de clémence lors de réforme structurelle profonde…
Aujourd’hui le cadre de la refonte du paysage syndical a été négocié et paraphé par la CGT et la CFDT. Liste non exhaustive. Dans cette affaire, seule FO fit preuve de professionnalisme, de responsabilité et de franchise dans son cheminement idéologique. Conscient que cet accord fixait cadre et grandes lignes d’une réorganisation sociale (notamment sur le temps de travail), ces derniers se sont refusés à tout engagement. Aujourd’hui, ils contestent la mobilisation de la CGT et de la CFDT, souhaitant se détacher de ces deux organisations qui, désormais quasi-sûre de faire perdurer leurs leaderships, retournent salement leurs vestes.
Ce point abordé, revenons sur le fond de l’idée de refonte des 35h. Idée brillamment mise en route et qui sera, je l’espère, poussée jusqu’au bout de sa réalisation. Martine Aubry en 2000 s’attela à la mise en place de cette mesure de politique économique « Made In France » dont le but était de produire plus en moins de temps... Dans cette affaire chaque ligne est risible. D’abord nous vivons dans un pays dont l’Etat oblige ses concitoyens à travailler un quota d’heure bien définit. Dans ce que je considère comme mon champ de liberté, je souhaiterai par exemple décider moi même de travailler 50h ( ou 30h !) par semaine pour gagner plus d’argent, évoluer dans ma carrière, « profiter » d’un poste qui me convient pleinement ou aider simplement mon entreprise à faire face à sa progression de carnet de commande... En France, impossible. Pas plus, pas moins, ce sera 35h par semaine, on a décidé pour moi que je devais me reposer le reste du temps. Le principe évolue ensuite sur une supputation non moins étonnante selon laquelle le travail est un gâteau que l’on peut partager, il n’y a donc jamais de différence entre deux salariés, il n’y a jamais de pénurie de main d’œuvre empêchant toute nouvelle embauche pour suivre la production des entreprises et surtout l’activité des entreprises suit une courbe linéaire mois après mois sans « coup de moins bien » et inversement sans « coupe de bourre ». Dernier point, les entreprises disposent évidemment d’assez de richesses pour embaucher le personnel nécessaire à la compensation des heures grassement offertes aux salariés.
Véritable Hara-Kiri pour notre système économique, la formule est entrée en vigueur, impactant pleinement la croissance, l’investissement, les salaires, le pouvoir d’achat et donc la consommation. La boucle est bouclée. C’est un véritable succès. A cette époque du haut de mes 14 ans je n’ai guère pu suivre et comprendre les tenants et les aboutissants de cette réforme qui restera comme une des plus grosse erreur de notre histoire économique. Aujourd’hui, et après près d’une décennie au pouvoir (dans l’exécutif j’entends) un gouvernement de droite se questionne enfin sur le démantèlement du dispositif… Mieux vaut tard que jamais dirait l’expression traditionnelle.
Les grandes lignes de la réforme serait donc de replacer au sein de l’entreprise, la question du quota d’heure à travailler. Cette piste est une révolution à plus d’un titre. Dans un premier temps, elle a le mérite de replacer cette question essentielle dans les mains des premiers concernés. Terminé donc les ordres bureaucratiques d’en haut, à des années lumières des besoins (de croissance ou de souplesse) des entreprises. Sur cette question, et pour une efficacité complète du principe, il sera pourtant nécessaire de poursuivre la réforme du syndicalisme français. Car le dialogue social équitable est sans nul doute assuré dans les plus grandes structures. En revanche, ce sont les quelques 3 millions de TPE/PME qui posent problème. Comment assurer une négociation équitable dans ces entreprises ? Difficile de répondre. La réponse facile serait de rendre obligatoire la représentativité syndicale dans les petites entreprises. Cette solution présente pourtant de potentiels effets pervers contre lesquels une nouvelle usine à gaz sera inventée…
Depuis quelque mois se joue donc un tango enflammé entre le ministre du travail chapoté par Sarkozy et les organisations syndicales. Une sorte de jeu de la carotte et de l’âne dans lequel chacun essaye de prendre le maximum sans s’offrir publiquement et complètement à l’autre… L’histoire continue.

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