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POLLAKIURIE: Le cas de Monsieur A., assis plus de 8 heures par jour – Cas patient

Publié le 22 août 2015 par Santelog @santelog

POLLAKIURIE: Le cas de Monsieur A., assis plus de 8 heures par jour – Cas patientMonsieur A., âgé de 67 ans, qui pèse 89 kg pour 1m60, présente une pollakiurie (fréquence excessive des mictions) et une incontinence urinaire par urgenturie. Le patient n’a pas d’antécédent de prostatite et décrit quelques troubles érectiles. Sa profession, chauffeur, le contraint à rester plus de 8 heures par jour assis.

Antécédents médico-chirurgicaux :

-   Syndrome coronarien

-   Hernie hiatale et gastrite  

-   Thyroïdectomie

-   Tabagisme sevré

-   Scanner thoraco-abdomino-pelvien : parois vésicale épaissie avec diverticules, kystes du rein gauche, pas de dilatation pyélo-calicielle (des cavités du bassin et des reins), prostate 60 g (poids normal).

Eléments de vie :

-   Le patient a pris 7 kg en 1 an.

-   Il ne pratique aucune activité physique.

-   Sa profession, chauffeur, le contraint à une forte sédentarité (position assise prolongée).

Traitements en cours :

·   Lévothyrox® (Hormone thyroïdienne)  

·   Bisoce® (Bêtabloquant)     

·   Coveram® (Antihypertenseurs)

·   Crestor® (Hypolipémiant)

·   Inexium 20® (Antisécrétoire gastrique)  

·   Movicol® (Laxatif osmotique)  

·   Kardégic® (Antiagrégant plaquettaire)

Recueil clinique :

-   Le patient se plaint d’une pollakiurie et d’une urgenturie compliquée de fuites urinaires.

-   Les troubles sont quotidiens et fréquents durant la nuit : la fréquence mictionnelle diurne est de 5-6 pour un lever nocturne toutes les heures soit 7 à 8 fois la nuit.

-   La gêne sociale reste modérée.

-   Le patient porte des protections mais confie être fréquemment mouillé.

-   Le besoin est ressenti sous la forme d’une pesanteur, d’une douleur et d’une brûlure en continu qui n’est pas calmée par la miction.

-   Le score EVA (échelle d’évaluation de la douleur) est de 6/10.

  • Le patient présente une urgenturie durant la consultation. Sa miction est difficile et douloureuse. Le jet urinaire est perçu, faible, haché. La sensation de vidange vésicale est incomplète. Les fuites sur table sont majeures et effectives à 3 reprises durant l’exploration urodynamique, indépendamment du remplissage.

-   On ne retrouve pas d’antécédent de rétention, ni de prostatite.

-   Le patient ne ressent pas de brûlure au temps mictionnel et les urines ne sont pas hématuriques.

-   Un contrôle ultime de la bandelette urinaire est ce jour normal.

-   Le patient décrit des troubles érectiles.

-   Le sommeil est profondément altéré par les multiples levers.

-   Le transit intestinal est ralenti.

-   Les apports hydriques sont > à 1 litre ½ par jour.

Examen et aspect du périnée :

Le périnée présente une trophicité normale. Le tonus anal est augmenté. Tous les réflexes périnéaux sont retrouvés. L’absence d’anomalie sensitive dans les territoires sacrés est confirmée. Le testing musculaire périnéal est coté à 4/5, analytique et tonique. Vessie de très faible capacité, hyperesthésique, hyperactive, instable. Valeurs élevées du profil urétral avec instabilité incertaine en raison des multiples épisodes de fuites. Résidu post-mictionnel à la débitmétrie : 83 ml.

Etude des réflexes et des sensibilités aux membres inférieurs :

Les réflexes rotuliens et achilléens sont retrouvés, il n’y a pas d’anomalie sensitive ou motrice. La force musculaire est de bonne qualité.

Propositions :

  • Faire un prélèvement urétral au laboratoire d’analyses médicales à la recherche d’une infection à Mycoplasme et Chlamydia,
  • Faire un calendrier mictionnel au moins sur 24H,
  • Mieux traiter la constipation,
  • Tester un traitement anticholinergique pour l’instabilité vésicale avec surveillance du résidu post-mictionnel sous 1 semaine, par échographie vésico-rénale ou bladderscan en consultation urodynamique,
  • Traitement alpha-bloquant dans ce contexte de risque de rétention urinaire et de profil urétral élevé,
  • Prévoir un avis spécialisé par un urologue pour une éventuelle prostatectomie et prise en charge des troubles érectiles,
  • Orienter le patient vers des protections adaptées, car ses protections actuelles  » le laissent mouillé  » :

-   en journée de type  » coque  » (ex. TENA Niveau 2),

-   pendant ses heures de travail assis, plutôt de type sous-vêtement (ex. TENA Pants Men Niveau 4) afin de restituer au patient un niveau satisfaisant de sécurité et donc de qualité de vie.

-   Enfin, pour la nuit, plutôt de type culotte, compte-tenu de sa nycturie importante (ex. TENA Pants Plus ou Maxi). L’objectif étant d’améliorer sa qualité et sa durée de sommeil.

POLLAKIURIE: Le cas de Monsieur A., assis plus de 8 heures par jour – Cas patient

Auteur: Dr Lamia Fourni Consultation d’urodynamique Unité de Gériatrie Aiguë Hôpital Antoine-Béclère, Clamart (AP-HP)

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