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Roland Barthes assassiné.

Par Angelalitterature

Laurent Binet

Le nouveau roman de Laurent Binet faisait parler de lui avant même sa sortie en librairie. Lorsque l’on a su que La septième fonction du langage faisait de la mort de Roland Barthes un assassinat et non un accident, et qu’il égratignait (le mot est faible) Philippe Sollers, sa femme, BHL et autres personnalités du même acabit, la critique littéraire s’est jetée sur le roman. Elle avait raison, il est sans doute l’un des plus prometteurs de cette rentrée littéraire (parions qu’il sera présent dans une majorité des sélections des prix d’automne). Seulement, depuis une semaine, je découvre l’avis des critiques. La critique parle de « thriller ésotérico-complotiste », de roman snob, de roman germanopratin, de « Cluedo bidonnant ». Certains n’acceptent pas qu’on tourne en dérision Foucault, Barthes et consorts. D’autres le comparent à Dan Brown et à San Antonio.

Et à ma grande surprise, je n’ai absolument pas lu le même livre. Un thriller en effet. Hilarant, il faut le reconnaître. Mais le dernier roman de Laurent Binet ne s’arrête pas à un simple thriller hilarant qui s’amuse avec Barthes et qui bouscule Sollers. La septième fonction du langage, c’est bien plus que ça. C’est un roman qui nous parle de  la linguistique, de Jakobson, du langage. C’est un roman intelligent, passionnant, qui réfléchit et qui nous fait réfléchir avec lui. Laurent Binet utilise le sens des signes, le sens des mots. Aucun détail n’est négligé. Et on se laissera surprendre par les quelques pages de ce roman où les personnages s’étonnent d’être de simples monuments de papier.

Je crois que je suis coincé dans un putain de roman.

La confusion du personnage sur son réel état transporte littéralement le roman et le lecteur dans une autre sphère.

Simon réfléchit pendant qu’il recule : dans l’hypothèse où il serait vraiment un personnage de roman (hypothèse renforcée par la situation, les masques, les objets lourdement pittoresques : un roman qui n’aurait pas peur de manier les clichés, se dit-il), qu’est-ce qu’il risquerait vraiment ? Un roman n’est pas un rêve : on peut mourir dans un roman.

Laurent Binet ouvre une réflexion sur le romanesque, et cela rend le roman d’autant plus passionnant, en l’élevant à un statut bien supérieur à celui de simple thriller. La septième fonction du langage demeure mon coup de cœur de cette rentrée littéraire. Il est de ces livres que l’on offrira avec plaisir.

Site des Editions Grasset


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