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Le Pigeon, un court roman de Patrick Süskind

Par Etcetera
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L’histoire : Un homme d’une cinquantaine d’années, nommé Jonathan Noël, vit dans une chambre de bonne dans le sixième arrondissement à Paris. Cela fait vingt ans qu’il vit là, seul et heureux, et il n’envisagerait pour rien au monde de changer son cadre de vie. Cela fait vingt ans que son existence n’a été marquée par aucun événement notable, et il en est pleinement satisfait. Son métier de vigile, consistant à stationner huit heures par jour devant une banque, sans mouvement et sans initiative, lui convient également très bien. Mais, un vendredi matin, alors qu’il s’apprête à sortir de sa chambre pour aller aux toilettes situées sur le palier, Jonathan Noël se retrouve empli d’épouvante en découvrant un pigeon à quelques centimètres de lui, qui le fixe de son regard froid et sans éclat. Quelques minutes plus tard, après avoir vu les déjections de l’oiseau devant sa porte, il est pris d’un tel dégoût et d’un tel effroi que l’idée de s’installer à l’hôtel s’impose à lui comme une évidence. (…)

Mon avis : Ce livre m’a semblé illustrer la manière dont événement apparemment insignifiant pouvait faire l’effet d’un cataclysme sur une personne fragile. La présence du pigeon réveille des angoisses probablement enfouies depuis plusieurs décennies. Il faut dire que le passé de Jonathan Noël – avant ces vingt années de calme absolu – a été émaillé de souffrances : ses parents sont en effet morts en déportation alors qu’il n’était qu’un enfant, et sa jeunesse a été triste et pénible.
Ces vingt-quatre heures qui suivent la découverte du pigeon vont être pour notre héros un véritable cauchemar, dans la mesure où toute une série de petites contrariétés sans gravité vont mettre à vif ses angoisses les plus profondes : peur de devenir clochard, sensation d’absurdité et de vide, peur de se vider de sa substance (puisqu’il a fréquemment peur de vomir, se sent mal lorsqu’il transpire, et fait une légère fixation sur la façon plus ou moins digne de « faire ses besoins »), peur de voir son intégrité physique menacée (un accroc dans son pantalon va prendre des proportions démesurées et lui donnera, l’espace d’un instant, l’envie de dégainer son pistolet de vigile et de tirer au hasard dans la foule).
Patrick Süskind montre un talent superbe pour nous faire entrer dans les sentiments et dans les raisonnements de son personnage, qui nous apparaît d’abord comme bizarre ou excessif, mais qui se révèle finalement dans toute son humanité et sa sensibilité.



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