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Socialistes et écologistes, un couple en sursis à La Rochelle

Publié le 29 août 2015 par Blanchemanche
#UEPS #EELV
Socialistes et écologistes, un couple en sursis à La Rochelle© JEAN PIERRE MULLER / AFP

L’atelier sur le bilan de l’accord PS/EELV de 2011 a tourné au vinaigre à La Rochelle. La député écologiste Eva Sas n’est aujourd’hui « pas favorable » à la reconduite de l’accord « pour les prochaines élections » législatives…

Tout avait pourtant bien commencé. Pour l’atelier consacré au bilan de l’accord passé entre le PS et EELV en 2011, chacun prend d’abord soin de s’écouter, à l’Université d’été du PS à La Rochelle. « On va essayer d’avoir un échange qui ne soit pas celui d’une assemblée générale de notaire » plaisante le député PS Olivier Faure. La discussion arrive en pleine crise chez les écologistes, où les présidents de groupe de l’Assemblée nationale et du Sénat, François de Rugy et Jean-Vincent Placé, ont quitté le parti.Eric Cormand, numéro deux d’Europe Ecologie-Les Verts, négociateur de l’accord, rappelle sa teneur : révision du traité européen, transition énergétique, fiscalité. Le secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, souligne qu’il s’agissait d’un « acte de foi » pour le PS pour « intégrer la dimension écologique », avec une évolution sur le nucléaire. « C’était un effort politique sur nous-même très important ». Aucun intervenant ne rappelle en revanche que l’accord avait été négocié par Martine Aubry, alors premier secrétaire du PS. François Hollande l’avait récupéré, bon gré mal gré. Il avait permis aux écologistes d’assurer l’élection de députés, avec un groupe au Palais Bourbon à la clef.

La tension monte

Après les premiers échanges policés, la tension monte d’un cran. La député EELV Eva Sas met les pieds dans le plat : « Quand on fait le bilan, il y a une partie positive. (…) Mais il est vraiment dommage de ne pas réussir à le concrétiser ce projet de gauche ». Elle liste les « renoncements » : non renégociation du traité européen, pas de vraie loi de séparation des banques. « Il y avait aussi la mise sous condition des exonérations de cotisations sociales et l’encadrement du travail le dimanche… » ajoute-t-elle un brin amer.Jean-Marie Le Guen rappelle que « le PS a permis l’élection de parlementaires verts » dans une logique « de partage ». « EELV a 18 députés grâce à un accord avec le PS. Mais il n’y a pas eu de hold-up. C’est notre poids à l’Assemblée » corrige David Cormand.Quand les militants présents dans la salle prennent la parole, ils racontent comment se vit sur le terrain la vie entre les deux « alliés ». Plutôt mal… « Ces partenaires sont devenus parfois des ennemis » lance un socialiste. « Ça ne se passe pas très bien » pour un autre des Côtes-d’Armor. Gérard peste sur leur position sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Seule une jeune militante de Paris salue « des relations qui se passent très bien ».

Le Guen : « Ce n’est pas l’autonomie qu’on vous reproche. C’est de chercher une stratégie de substitution au PS »

Inévitablement, le débat arrive sur les désaccords actuels et les régionales. Selon Olivier Faure, les propositions des écolos « sont souvent orthogonales à ce que veulent les Français ». Pour Jean-Marie Le Guen, membre de l’aile droite du PS, la « mélenchonisation » d’EELV n’est pas acceptable. Les écologistes ont passé un accord pour les régionales avec le Front de gauche dans quatre régions, dont le Nord-Pas-de-Calais-Picardie où le FN pourrait l’emporter. « Ce n’est pas l’autonomie qu’on vous reproche. C’est de chercher une stratégie de substitution (…) de remplacement du PS » lance Jean-Marie Le Guen. Eva Sas apprécie peu l’attaque : « Pour éviter la guerre des gauche, il ne faut pas traiter de mélenchonisation un partenaire comme les écologistes ». « Ce n’est pas une insulte, c’est votre partenaire dans plusieurs régions », lui répond le secrétaire d’Etat, qui demande « quelle est la logique de donner la priorité à l’alliance avec le Front de gauche là où il y a le FN ? »Le ton continue de monter encore jusqu’au moment où Eva Sas exprime pour la première fois son envie de mettre fin au pas de deux. « Je ne suis pas favorable à un accord pour les prochaines élections (législatives) car ce n’est pas en accord avec notre ligne » lâche la députée EELV. Le Guen écarte les yeux : « Bon bah voilà… » On fait mieux pour faire le bilan d’un accord.

« Si c’est ce que vous pensez des écologistes, je ne suis pas sûre qu’on va construire quelque chose demain »

Si David Cormand se dit prêt à fusionner les listes au second tour des régionales, il ajoute aussitôt : « Les leçons d’unité, je ne les reçois pas. Nous avons toujours été exemplaires de ce côté-là. Pas toujours le PS ». Jean-Marie Le Guen, qui n’est pas du genre à ce laisser faire : « Ne vient pas nous donner des leçons de loyauté. Quand on ne vote pas un budget, ça pose un certain nombre de problèmes ».Olivier Faure essaie de détendre l’atmosphère… en comparant la situation à un divorce. « Dans un cabinet d’avocat, quand vous venez pour divorcer, il faut trouver des raisons à opposer à son conjoint, sur les vacances, etc », plaisante-t-il, « mais à un moment on n’est pas obligé de toujours chercher des désaccords ». En pompier pyromane, le député remet une pièce dans la machine en pointant « la conception un peu leniniste » des écologistes sur l’accord. « Je suis déçue de cet atelier » lance Eva Sas à la fin, qui y voit « une opération de communication qui vise à nous décrédibiliser ». « Tout ce qu’on montre aujourd’hui, ce sont nos divergences », constate-t-elle. Eva Sas ajoute : « J’ai entendu un procès. Si c’est ce que vous pensez des écologistes, je ne suis pas sûre qu’on va construire quelque chose demain ». http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/socialistes-ecologistes-un-couple-sursis-rochelle-1023274

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