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Critique Ciné : Amnesia (2015)

Publié le 02 septembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Amnesia // De Barbet Schroeder. Avec Marthe Keller et Max Riemiet.


Au premier abord, je pensais que Amnesia serait sur la naissance de Ibiza et de son empire de la nuit. Mais rapidement, Amnesia est quelque chose d’autre, une série totalement différente, beaucoup plus axée sur la relation entre Marthe Keller et le jeune Max Riemiet et cela fonctionne. Le seul truc c’est que le film aurait largement pu aller au delà de tout ça et chercher à véritablement nous surprendre différemment, ce qui se passe dans la seconde partie du film quand Amnesia commence à parler de la perception des allemands après guerre (on est en 1991 !), que beaucoup d’étrangers les voient comme des nazis, sans parler des actes de guerre de gens faibles qui n’ont pas pu résister simplement car ils n’étaient pas assez forts pour combattre le mal qu’il y avait face à eux. J’ai trouvé cette histoire assez intelligente dans son ensemble et même assez surprenante. En effet, le film n’a de cesse de nous proposer à ce moment là des surprises, lâchant d’un coup d’un seul une sorte de flot émotionnel qui ne va pourtant jamais atteindre le téléspectateur, comme si nous étions juste spectateurs et que Barbet Schroeder ne nous invitait pas du tout à partager l’émotion qu’il y a au sein de cette famille. Et justement, c’est là le problème de ce film parfois, de ne pas chercher à nous émouvoir.

Ibiza. Début des années 90, Jo a vingt ans, il vient de Berlin, il est musicien et veut faire partie de la révolution électronique qui commence. Pour démarrer, l’idéal serait d'être engagé comme DJ dans le club L'Amnesia. Martha vit seule, face à la mer, depuis quarante ans. Une nuit, Jo frappe à sa porte. La solitude de Martha l'intrigue. Ils deviennent amis alors que les mystères s'accumulent autour d'elle : ce violoncelle dont elle ne joue plus, cette langue allemande qu'elle refuse de parler… Alors que Jo l'entraîne dans le nouveau monde de la musique techno, Martha remet en question ses certitudes…

Cela ne veut pas pour autant dire que Amnesia est raté. Le film garde tout de même de bonnes trouvailles. Notamment sur la musique électronique. On revient alors dans les années 90, alors que la musique électronique commence à devenir de plus en plus intrigante. La fabrication de titres passe par une série de sons. On nous parle alors un peu du looping, de la façon dont l’électro est né, etc. même si cela reste très faible et c’est dommage car quand j’ai lu le pitch d’Amnesia, je pensais aller voir un film complètement différent et pas quelque chose de cet acabit là. Ensuite, nous avons la relation entre Martha et Joe. J’ai trouvé cette relation aussi ambigu qu’intelligente. On a d’un côté une relation qui pourrait presque passer pour une sorte de cougar et son toy boy mais plus le film avance et plus l’on découvre que c’est quelque chose de complètement différent : Martha est en train d’avoir ce qu’elle n’a jamais eu la chance d’avoir : un fils. Elle est là, au fin fond de l’île catalane, sans eau courante et sans électricité et apparaît un jeune homme qui pourrait avoir l’âge de son fils. Il a des racines allemandes, comme lui, ce qui va forcément les rapprocher et leur permettre de tisser une relation. Si du point de vue de Martha cela va presque tourner à la fascination et la folie (la scène au marché quand elle « espionne » Joe par exemple), c’est clairement une relation de mère / fils.

Le film va aller même plus loin de ce point de vue là quand il va nous proposer de croire que Martha n’a pas voulu dire à Joe que sa mère avait envie qu’il revienne, qu’elle lui avait donné le choix. Martha a préféré garder ce fils qu’elle n’a jamais eu sous son aile. Marthe Keller, notamment vu dans une certaine saga française, parvient à être rayonnante dans ce film et face à un Max Riemiet, elle est vraiment très touchante. Côté mise en scène, Barbet Schroeder ne fait rien de bien exceptionnel mais il nous offre avant tout une vision très allégée d’Ibiza. On ne va passer qu’une seule fois dans un club (l’Amnesia), rien de plus. Le reste du temps, on va surtout le passé dans la maison de Martha et accessoirement celle de Joe. Ces deux lieux, donnant presque l’impression de vivre un huis clos théâtral, parviennent à faire naître cette relation qui n’était pourtant pas gagner d’avance. Après une première partie assez longue à se mettre en place, la seconde est bien plus intéressante et creuse un peu mieux les relations entre les personnages, et surtout développe de façon bien plus drastique l’histoire qu’il y a derrière ce film. Amnesia est donc un film doux amer, pas toujours réussi mais qui reste doté d’une envie de créer une vraie relation entre un homme et une femme, comme si le premier devenait le fils de la seconde.

Note : 5.5/10. En bref, pas brillant mais intéressant pour ce qu’il construit avec ses deux personnages principaux.


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