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L’Homme sauvage / Wild Men – Nu Sauvage

Par Ludivinemoure
Credit : http://omgitstriciac.tumblr.com/

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Le mythe de l’homme sauvage existe dans de nombreuses cultures et traverse les époques depuis l’Antiquité. Ses variantes sont multiples et évoluent avec le temps mais le personnage du sauvage, cet être vivant en marge de la civilisation, habitant des forêts ou des montagnes, nous tend un miroir qui nous aide toujours en en savoir plus sur nous-mêmes. Voilà un petit florilèges des différentes figures de l’homme sauvage dans l’imaginaire collectif et l’histoire.

Ce qui sépare l’homme sauvage de l’homme tout court ne tient pas au seul fait qu’il est sauvage. Des créatures telle que le Yéti, l’abominable homme des neiges de l’Himalaya ou le Bigfoot d’Amérique du nord sont non seulement sauvages mais aussi gigantesques. Ce sont des hommes d’une autre espèce possédant les attributs d’animaux (taille, amphibie, force, férocité et apparence…). L’homme sauvage peut aussi détenir un savoir précieux. Dans les légendes européennes et en particulier les contes sylvestres, l’homme sauvage est traqué et capturé car les paysans espèrent qu’il leur livrera les secrets de la nature (les bienfaits de certaines plantes par exemple). La forêt d’où il vient est un lieu mystérieux peuplé de créatures magiques (elfes, lutins, farfadets, fées…) et l’homme sauvage semble un intermédiaire accessible entre le monde civilisé et la nature merveilleuse. Il finit pourtant dans de nombreux récits par être occis publiquement. Les rituels des carnavals français ou italiens qui célèbrent l’arrivée du printemps rejouent durant plusieurs jours ces scènes de traque, de capture et, à la fin des festivités, de mise à mort (un mannequin le représentant est brulé) de l’homme sauvage.

D’autres histoires racontent le retour à l’état sauvage d’hommes ayant quitté la vie sociale soit parce qu’ils n’y sont plus adaptés (ils sont atteints de folie) soit parce qu’ils ont commis une faute qu’ils doivent expier dans leur quarantaine forestière, avant d’en revenir plus forts d’une certaine sagesse (c’est le cas du roi Nabuchodonosor dans l’ancien testament ou encore de Myrddin Willt, personnage de contes gallois ayant inspiré celui de Merlin). Ce scénario de l’homme revenu à l’état sauvage illustre l’idée d’une nature purificatrice qui révèle en lui des ressources que l’individu ne soupçonnait pas avoir et enseigne des leçons d’une profonde sagesse. Robinson le personnage de Vendredi ou la vie sauvage, prend conscience de la superficialité des rôles sociaux. Christopher, le jeune héros de Into the wild, parti vivre seul en Alaska apprend trop tard que « le bonheur ne vaut que s’il est partagé ».

Les termes « homme sauvage » ne convoquent pas seulement dans les esprits ces personnages de contes et légendes. Ils désignent aussi des hommes bien réels qui n’étaient pourtant pas des sauvages si l’on entend ce mot comme le contraire de « civilisé ». Arrivés sur le continent américain pour la première fois, les européens découvrent des populations autochtones aux mœurs radicalement différentes. Leurs visages et leurs corps peints, leurs cris, leurs rituels, leurs méthodes de chasse, leurs coutumes guerrières et leur vie en osmose avec la nature environnante les font rapidement qualifiés de « sauvages ». Les « indiens » d’Amérique (ou désignation plus juste en anglais, native americans) aux côtés des habitants de l’Afrique noire et ceux des îles du Pacifique deviennent malgré eux ces individus exotiques, dont l’existence se situe aux confins de la civilisation et donc de l’humanité. Les récits de voyage des explorateurs du XVIème siècle décrivant des peuples barbares et non civilisés sont décriés par des auteurs comme Montaigne (dans ses essais) qui forgeront petit à petit le mythe du bon sauvage, cet homme pur, innocent et impressionnable. Diderot finira par dénoncer cette construction ethnocentriste. Si le sauvage est celui qui ne partage pas les mêmes mœurs que nous, nous sommes en définitive tous le sauvage d’un autre ! Les hommes ne semblent pas avoir jamais vécu à l’état sauvage, puisque de tous les peuples connus, aucun n’a vécu et ne vit sans avoir développé une vie sociale organisée, des croyances, une culture (qu’on la considère comme primitive ou évoluée).

Les Tarzans et les Mowglis existent cependant même s’ils ne sont pas légion. Au cours de l’Histoire, des hommes, femmes ou enfants sauvages ont été trouvés, souvent intégrés à des groupes d’animaux : la femme sauvage des Pyrénées qui vivait avec des ours (au XIXème siècle), Marcos Rodriguez Pantoja trouvé en Espagne vivant avec des loups (1965), Hadara, l’enfant du désert du Sahara « adoptée » par un groupe autruches (1985), etc.

L’homme sauvage, qu’il soit une figure mythique ou un fait réel, nous aide à mieux nous connaître, à déplacer notre point de vue. Il nous parle des relations complexes que nous entretenons avec la nature et avec notre animalité.

Sources :


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