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Gemma bovery - 8/10

Par Aelezig

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Un film de Anne Fontaine (2014 - France, UK) avec Fabrice Luchini, Gemma Arterton, Jason Flemyng, Niels Schneider, Isabelle Candelier, Mel Raido, Elsa Zylberstein, Pip Torrens

Drôle et triste à la fois. Excellent !

L'histoire : Un petit village de Normandie. Martin, marié, un ado, y est boulanger. Fan absolu du roman Madame Bovary, il voit un jour emménager en face de chez lui un couple d'Anglais... les Bovery. Elle s'appelle Gemma, et lui Charles. Presque comme Emma et Charles Bovary, les héros du roman. Et là, en Normandie, où se déroule leur histoire ! La coïncidence est tellement remarquable, et Gemma tellement belle, que notre boulanger tombe complètement sous le charme. Il se met à l'observer, passionnément. Il sait bien qu'elle ne l'aimera jamais, il préfère rêver... et surtout lui éviter le destin que connaît Emma dans le livre. Car tout comme elle, Gemma semble mélancolique, triste. Elle s'ennuie...

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Mon avis : Un film qui comblera les amateurs de la belle littérature du XIXe siècle ! Car, oui, mieux vaut connaître le Madame Bovary de Flaubert pour apprécier cette oeuvre lumineuse à sa juste valeur, dans toute sa substantifique moelle ! En ce qui me concerne, ça ne pouvait mieux tomber, puisque j'adore ce livre, et je l'ai lu un million de fois. Mais je vous rassure, même si on ne connaît pas, le film peut s'apprécier tout autant (mon cher mari a aimé) car l'histoire est attachante, Luchini formidable (et sans en faire des caisses) et l'humour côtoie les moments dramatiques avec un charme et une harmonie irrésistibles. Et puis Martin, narrateur, apporte ici et là quelques références qui permettent à celui qui ne connaît pas Emma de bien suivre.

Cet homme, passionné de littérature, vit sa vie à travers le prisme de ses romans préférés. Ca enjolive le quotidien, la banalité de l'existence, dans son petit coin perdu de Normandie. Et lorsque Gemma arrive, comme le fantôme ou la réincarnation de son héroïne adorée Emma, le fantasme prend corps et le bouleverse totalement. Le bonhomme n'est pas commun, l'histoire originale et le drame qui se joue en face de chez lui extrêmement touchant. Finalement, c'est presque aussi beau que le livre, tout en étant très différent. Une prouesse ! Une petite merveille. Décidément, pour moi, Anne Fontaine est une réalisatrice magnifique. Même si tout n'est pas parfait. Mais l'appréciation qu'on a de chaque film reste subjective et, au final, ell fait vraiment du très bon travail. Comme quoi, en France, si, nous avons des talents !

Comme je l'ai évoqué plus haut, Luchini, le fou bavard, reste sobre, malgré quelques petites envolées, de ci de là, très drôles. De toutes façons, le personnage est en orbite, en totale extase, en observateur qui n'ose pas toucher le mythe. Perdu dans ses rêves, inventant des scénarios pour sauver sa belle de la fatalité, il reste peu de place pour la parole. C'est donc tout en délicatesse et pratiquement uniquement avec ses expressions faciales que Luchini réalise sa prestation. Drôle et élégante, folle et émouvante. 

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Gemma Arterton - quel destin de porter le prénom qui s'accorde au scénario - remplit l'image de sa beauté irréelle, diaphane, attendrissante, et pourtant bien réelle, sexy, charnelle, magnifique. Avec ses robes à fleurettes et ses bottes en caoutchouc... inoubliable. Pour une femme, elle est comme une petite soeur trop jolie qu'on a envie de protéger des vilains garçons ; pour un homme, j'imagine qu'on a envie de lui sauter dessus mais aussi de la dorlotter. Infiniment. Emma Bovary vs Gemma Arterton... deux fantasmes qui se télescopent.

Un film tout en contrastes entre comédie et tragédie, drôlerie et tristesse, poésie abstraite et sensualité exacerbée. Le tout dans des paysages normands ensoleillés (ce qui est rare, alors on en profite !) qui apportent un décor parfait, beau, sauvage et romantique.

Les deux scènes qui clôturent le film avec des faux-semblants en forme de gag résument le film. Le premier (la bouchée de pain) est drôle et cruel pour Gemma. Le second (Anna Karénine) est cruel et drôle pour Martin.

J'ai adoré ! A part Elsa Zylberstein, terriblement agaçante, mais en même temps, c'est le rôle qui veut ça. Bof. Elle pouvait tout de même en faire un peu moins...

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Anne Fontaine et son co-scénariste se sont inspirés du roman graphique homonyme, publié en 1999 par Posy Simmonds.

Les critiques presse sont élogieuses, malgré deux ou trois durs à cuire qui ont trouvé ça mièvre. 570.000 entrées en France : je suis contente que les Français aient apprécié ce film !


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