La volonté de puissance

Qu’est-ce que la volonté de puissance ? Est-elle une fatalité humaine ? Sommes-nous condamnés, dans une course sans fin, à vouloir nous dépasser et vaincre les autres ? La volonté de puissance est-elle l’expression de cette ambition tragique, et le constat de la rivalité nécessaire entre les hommes ?

Volonté, puissance…il faut prendre ces mots au sérieux. Car rien n’est volontaire qui ne résiste à une impulsion impérieuse. La volonté est effort, commandement, subordination. On ne veut pas, à proprement parler, ce qui est irrésistible. La volonté de puissance ne décrit donc pas un mécanisme aveugle et nécessaire. Elle n’est pas l’autre nom, technique ou métaphorique, d’une pulsion naturelle et dévorante. Vouloir, c’est être maître.

Qu’est-ce qu’être maître ? Il en va de la puissance comme de la volonté. Nous n’entendons pas assez ce terme, et le confondons avec son opposé. Evidemment, puissance est synonyme de conquête, d’expansion et de domination. En ce sens, il n’y a pas de puissance solitaire, et toutes les puissances sont à la fois relatives et conflictuelles. Etre puissant revient à soumettre quelqu’un ou quelque chose : il n’y a pas de puissance pacifique.

Mais que cherche à soumettre une authentique puissance ? Que peut vouloir la puissance ? Jamais la domination de ce qui est plus faible que soi. Cela n’aurait pas de sens. Toute interprétation de la puissance comme domination des faibles est une mécompréhension de cette volonté. Il n’y a aucune force à exercer lorsqu’on a affaire à plus faible que soi.

Qu’est-ce donc que la puissance ? Non la capacité à subordonner la faiblesse, mais à vaincre ce qui est plus fort que soi. Toute vraie puissance se rend victorieuse de ce qui la dépasse. Etre puissant n’est donc pas vaincre le faible, mais ce qui est faible en soi. Ce pourquoi Nietzsche dit : L’excès de force prouve seul la force.

Avec la volonté de puissance, on atteint des sommets : entendue en son sens le plus élevé, c’est le chef d’œuvre de la maîtrise de soi.