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Critique Ciné : Le Tournoi (2015)

Publié le 12 septembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Le Tournoi // De Elodie Namer. Avec Michelangelo Passaniti, Lou de Laâge et Magne-Hâvard Brekke.


Pour un premier film, Elodie Namer cherche à nous plonger dans une ambiance de huis clos assez oppressante, entre compétition et relations qui se libèrent petit à petit. Dans ses choix de mise en scène, elle parfait à faire quelque chose d’assez intelligent, utilise à bon escient les couleurs, l’ambiance pays de l’Est et les personnages. C’est donc avant tout un drame d’atmosphère et c’est aussi ce qui fait la réussite de ce film. La façon dont il nous plonge au coeur de ce monde des échecs sans pour autant que cela ne soit un film centré sur ce jeu là. Le plus important c’est que les échecs ce n’est qu’une trame de fond pour quelque chose de très différent, nous offrant une approche légèrement différente. On veut nous montrer comment ce monde fonctionne mais aussi comment des relations peuvent se tisser. Pour un premier film c’est tout de même une très bonne surprise alors qu’Elodie Namer cherche vraiment à investir dans la vie de ses personnages. Le casting participe énormément à cette réussite, notamment Michelangelo Passaniti (vu dans Section de Recherches) qui va petit à petit devenir quelqu’un de mystérieux, de sombre, dont on ne sait pas grand chose et qui va habillement nous montrer ce dont il est réellement capable.

7 jours de tournoi dans un grand hôtel à Budapest.
Un favori : Cal Fournier, 22 ans, champion de France d’échecs, génie immature, programmé pour la victoire, combat ses adversaires avec une puissance impressionnante. Déconnecté du monde, Cal se noie dans les jeux et paris permanents avec sa petite amie Lou et ses acolytes Aurélien, Anthony et Mathieu.
Mais un adversaire pas comme les autres va enrayer cette routine bien huilée…

Le scénario fonctionne globalement assez bien. Notamment car le film sait utiliser à la fois les émotions et quelque chose de plus intelligent sur le monde des échecs et de ces grandes compétitions. Cela aurait pu être très maigre sur le sujet et pourtant, c’est très instructif. On apprend des choses. Je m’attendais à voir un film beaucoup plus superficiel, notamment car les premiers films veulent toujours tellement en faire qu’ils oublient les choses les plus importantes mais ce n’est pas le cas de Le Tournoi. Au contraire, Elodie Namer nous raconte quelque chose de très différent, très humain aussi qui va au delà d’un succès ou de cette histoire de tournoi, mais qui veut nous instruire sur les relations que chacun des personnages peuvent entretenir. Ces relations vont petit à petit grandir, accentué par ce sentiment de huis clos qui confine tout le monde et échaude forcément un peu les esprits. La sexualité fait partie de ce film, sans pour autant être vulgaire. Il y a de très belles scènes sensuelles et érotiques (dont une dans la baignoire, accentuée par l’utilisation de la masturbation comme une sorte de façon de maîtriser sans parvenir vraiment à le faire). Il y a bien évidemment quelques clichés (notamment toutes les scènes se déroulant dans cette grande piscine) mais cela n’entache en rien le plaisir que l’on peut prendre.

Au delà de tout ça, Le Tournoi cherche à parler de jeunesse, de la fin de l’adolescence et du besoin de grandir pour aller de l’avant dans la vie. C’est très intelligent, d’autant plus que la mise en scène d’Elodie Namer fait toujours tout pour que l’on passe un agréable moment. Elodie Namer était au départ une scénariste de télévision qui a décidé pour faire ce film de se plonger dans le monde des échecs afin de s’imprégner de ce genre de compétitions et des règles du jeu. Cela transpire dans Le Tournoi. On voit qu’elle a fait des recherches, qu’elle a voulu dans sa mise en scène retranscrire l’atmosphère qui se dégage de ces tournois. Les décors sont donc très importants et la façon dont elle les utiliser, encore plus intéressante. Même si cela aurait peut-être été plus intéressant qu’elle aille encore plus loin dans sa contemplation de cette société, c’est déjà pas mal pour un premier film. Lou de Laâge (Respire) démontre quant à elle qu’elle fait partie de cette jeune génération d’acteurs et d’actrices qu’il va falloir suivre dans les prochaines années car elle est promise à un avenir radieux si elle choisi ses films avec autant de soin qu’elle semble le faire pour le moment. Ses rôles sont toujours étincelants. Elodie Namer est donc une jeune réalisatrice à suivre dont j’ai déjà hâte de voir les prochains travaux.

Note : 7.5/10. En bref, un film d’ambiance proche du thriller psychédélique, mélangé à une sorte de film très documenté sur le monde des tournois d’échecs.

Date de sortie : 29 avril 2015


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