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Éolien en mer : « Nous avons dix ans de retard sur l’Allemagne »

Publié le 15 septembre 2015 par Blanchemanche
#éolienneoffshore

SYLVAIN DELAGE 10/09/2015

Pourquoi aucune éolienne offshore n’a encore poussé sur les côtes françaises ? Marion Lettry, déléguée régionale adjointe au Syndicat des énergies renouvelables (1), analyse les raisons de ce retard à l’allumage.

 Pourquoi un tel retard en France ? À cause des tergiversations politiques, de l’emprise du nucléaire et des lobbies anti-éoliens, selon Marion Liettry.   Pourquoi un tel retard en France ? À cause des tergiversations politiques, de l’emprise du nucléaire et des lobbies anti-éoliens, selon Marion Liettry.– Quel est l’intérêt d’implanter des éoliennes en mer plutôt qu’à terre ?« L’objectif est de mener la transition énergétique et d’atteindre le seuil de 40 % d’énergies renouvelables électriques d’ici 2030. L’éolien à terre est déjà bien développé. L’intérêt en mer, c’est que l’on peut produire beaucoup d’énergie avec des parcs puissants, dans un milieu où le vent est plus fort et régulier qu’à terre. »– Et l’intérêt économique ?« L’éolien offshore génère des emplois chez les exploitants des parcs offshore et les sous-traitants, et il peut redynamiser l’économie dans les secteurs portuaires et navals, par exemple. C’est un vrai relais de croissance. »– Pourquoi la France n’a-t-elle toujours pas développé de parc éolien offshore ?« Que ce soit l’éolien à terre ou offshore, nous avons environ 10 ans de retard sur l’Allemagne. Nous avons tâtonné sur le mode de soutien de cette filière. Les prix de rachat étaient d’abord trop bas, le cadre réglementaire s’est mis en place lentement... Ce n’est qu’en 2011 que le premier appel d’offres a été lancé pour développer les parcs en mer. Entre-temps, l’Allemagne avait déjà planifié les zones offshore sur toutes ses côtes. En France, il y a eu beaucoup d’hésitations et de changements de direction sans ligne claire. »– Les projets en mer rencontrent aussi plus de réticences dans notre pays, pourquoi ?« Il y a une culture particulière en France en faveur d’un modèle énergétique souhaité par le monde politique et les Français, et nous avons peu été habitués à un mix énergétique. Les choses évoluent, mais il y a encore d’importants lobbies opposés à l’éolien, au nom du patrimoine, des paysages ou du nucléaire. Même s’ils sont minoritaires, ils sont très bien organisés. Ils proposent de vrais modes d’emploi pour déposer des recours. Ils arrivent souvent à retarder les projets, mais rarement à les faire annuler. »– Comment arriver à convaincre les pêcheurs, par exemple ?« La plupart des projets offshore sont soutenus par les pêcheurs, même si celui de la Côte d’Opale cristallise beaucoup d’opposition. Il faut faire de la pédagogie, expliquer que les pêcheurs peuvent continuer leur activité à côté de parcs éoliens, qui peuvent aussi être source de reconversions ou de revenus supplémentaires pour la filière. C’est le même cas que les petites communes comme Fruges qui ont pris le parti de l’éolien terrestre et qui ont réussi à développer des projets inespérés grâce à cela. »
1. Le Syndicat des énergies renouvelables regroupe 400 sociétés françaises spécialisées dans l’éolien, l’hydroélectricité, le solaire, la géothermie, la biomasse...http://www.lavoixdunord.fr/region/eolien-en-mer-nous-avons-dix-ans-de-retard-sur-ia31b0n3036280

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