Magazine Culture

Marguerite, film de Xavier Giannoli

Par Mpbernet

Margeurite 1

  

« Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté. » disait le poète Guy Béart qui vient de nous quitter  … Ici, on parle aussi de la vérité qui tue.

On aimait à la folie Catherine Frot depuis « Un air de famille » de Cédric Klapisch en 1996. On va l’adorer bien plus encore après « Marguerite ». Et avec elle toute l’équipe de ce film étonnant, depuis les principaux rôles jusqu’aux jeunes acteurs moins connus. Tous jouent « juste », à la mesure de la cacophonie des arias massacrés par Marguerite Dumont.

Vérité et mensonge, illusion et déni, folie et réalité : Marguerite Dumont se consacre à la musique. Elle se vit comme cantatrice, un état rêvé qui lui importe plus encore qu’être baronne depuis qu’elle a associé sa fortune à Georges, le mari qui lui a donné son titre et l’a épousée pour son argent. Dans les folles années de l’après-guerre, la richissime extravagante donne des récitals pour son cercle d’amis. Personne ne moufte car la baronne est généreuse.

Andre-Marcon-dans-dans-Marguerite-de-Xavier-Giannoli

Marguerite-de-Xavier-Giannoli-affiche-e1442084537643

Michel-Fau-dans-Marguerite-de-Xavier-Giannoli

Elle chante tellement faux que certains jeunes critiques, adeptes des mouvements artistiques émergents et branchés (Dada, cubisme, jazz) la trouvent épatante … Pourtant, son objectif est de se produire devant un vrai public … Mais après tout, qu'est-ce que le beau en ces temps d'après-guerre ?

Sait-elle à quel point Marguerite Dumont chante pire qu’une casserole alors que personne n’a le courage de lui dire cette vérité insupportable ?

Et cependant, après avoir entendu des enregistrements de Florence Foster Jenkins (1868-1944), cette américaine qui a servi de modèle à ce conte cruel (et à Bianca Castafiore, la seule héroïne féminine d’Hergé), on trouve que le réalisateur de Marguerite n’a pas du tout exagéré.

Il faut simplement aimer cette femme sensible et pleine de l’illusion d’un talent que tout l’or du monde ne pourra jamais lui donner. Elle ne pense qu’à briller afin que son mari la regarde, enfin … Sans doute finira-t-il par la regarder et comprendre ...

Dans la perspective de ce récital, pour lequel elle a loué tout un opéra et la claque qui va avec, elle embauche une équipe hétéroclite de coachs … Extraordinaire Michel Fau dans le rôle du professeur de chant sur le retour et de ses acolytes improbables …

Son heure de gloire arrive mais son corps la trahit … Saura-t-elle enfin la vérité ? Je ne vais pas dévoiler la fin de l’histoire mais vous dirai que la pseudo-cantatrice américaine, elle, fut victime d’une crise cardiaque à la lecture des critiques publiées à l’issue de son unique concert à Carnegie Hall …

Restons ici, avec la magie des décors et des costumes des années 20 si bien restituée (même si tout ceci a été tourné vraisemblablement dans un pays de l’Est), un rythme un peu lent parfois mais tellement de tendresse, de subtilité, des images fugaces comme ces ailes de cygne – telles qu’affectionnait Florence Foster Jenkins – mais on notera aussi la modernité du décor de lampes à incandescence – et la parfaite maîtrise des acteurs.

Alors célébrons la parfaite prestation de Georges (André Marcon), du secrétaire-photographe- voyeur Madelbos (Denis Mpunga), de la jolie cantatrice – une vraie celle-là – Christa Théret (vue dans « L’homme qui rit » et « Renoir ».

Merci Monsieur Giannoli !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mpbernet 50874 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte