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Max | Justice

Publié le 21 septembre 2015 par Aragon

justice.pngIl y a quelques jours j'ai passé près de six heures d'un après-midi au tribunal correctionnel de Pau. Une "proche" m'avait demandé de l'assister et la soutenir "moralement" lors de son jugement et celui (surtout) de son ex-conjoint. Je ne vais pas faire ce papier de la même longueur que le développement du président. Incroyable la longueur, mais ce qui m'a le plus surpris ce sont la précision, la technicité, le sens du détail, dans l'instruction d'un dossier. Tout est observé par le petit bout de la lorgnette. Et c'est normal.

Ma "proche" a vécu plus de quinze ans avec un bandit, un escroc de haut vol, un malade, un violent. Comment le peut-on ? Je ne vais sûrement pas philosopher là-dessus, ni même y réfléchir. Ça c'est passé ainsi. Amoureuse au début, puis... inerte. Un jour, après d'ultimes violences conjugales elle s'est barrée, a été voir un médecin, les gendarmes, etc. Elle était enfin debout, malgré la vie, malgré les coups. Elle a eu le courage "d'affronter" celui par qui son malheur est arrivée. Elle a expliqué au tribunal ce qu'elle avait vécu.

Lui, son ex, était à un mètre cinquante d'elle et ne l'a même pas regardé. Pas un regard en six heures, pas un regard pour les parties civiles non plus, pas de regrets évidement.

Lui : Un vie d'escroc. Dix-huit fois condamné. Un casier aussi fourni que l'était en médailles le poitrail des généraux russkofs de l'époque soviet, long comme un jour sans pain. Le pain qu'il a escroqué à ses victimes une vie durant. Bordel ! Une vie d'escroc, comment est-ce possible ?

Je ne vais pas parler de la naïveté des gens, de la crédulité, pas plus que je ne parlerai de la "cécité" de ma "proche". Comment peut-on vivre aussi longtemps avec un pro de l'escroquerie sans se rendre compte, en gobant tout ? Hallucinant !!! Et ma "proche" est sincère, quand elle me parle aujourd'hui, je la crois, elle parle vrai. Elle revit, elle a retrouvé le courage, la fierté d'être une femme, elle a eu le courage inouï d'affronter la proche présence de son "bourreau". Elle écope d'une petite peine, car étant interdit de gérance de société depuis belle lurette, il lui avait "ordonné" de devenir la gérante de son affaire (réfection / ravalement / travaux habitation) à sa place, mais lui bien évidement tirait toutes les ficelles...

Lui, donc, escroc. Une vie d'escroc. Dans ce procès, son énième, il y avait vingt-sept parties civiles, pour un préjudice approchant le million ! Une vie d'escroc, je le redis, bordel de merde comment est-ce possible ? Ça ne peut s'expliquer que par la maladie mentale. Par le dérangement psy. Au bout de six heures d'audience, reconnaissant tout, sans aucune émotion apparente, il est condamné à trois ans ferme. Nous étions sur les marches du palais de justice de Pau dans ce début de soirée de fin d'audience. Je procurais un ultime encouragement à ma "proche", pour son courage dans l'après-midi, pour son retour chez elle car elle avait quatre cents bornes à faire et "lui" est passé devant nous. Il lui a jeté un regard digne d'Hannibal Lecter ou Norman Bates, puis il disparu très vite en sifflotant.

Ma seule question, ma seule interrogation qui me "terrifie" si je puis dire, c'est pourquoi ? Pourquoi une justice si précise n'a aucun moyen légal pour confier obligatoirement à un psychiatre avec obligation de suivi, de telles personnes. Il doit y en avoir des milliers comme lui dans les tribunaux en France. Ils partent tous en sifflotant, ne "savent" absolument rien de leur faute ni des dégâts énormes qu'ils causent dans la vie des gens grugés, de leurs proches, de leurs enfants, il feront un peu de taule, sortiront et recommenceront pour être rejugés un jour prochain, etc.

Désespérante société ! Exécrable système judiciaire dramatiquement inefficace sur le plan "humain", tout en faisant paradoxalement remarquablement bien son travail "technique & mécanique". Son simple travail de juger la "chose" et de ne tenir hélas aucun cas des humains : victimes pour les assister et prédateurs pour les mettre hors d'état de nuire...


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