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Critique Ciné : Une Enfance (2015)

Publié le 30 septembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Une Enfance // De Philippe Claudel. Avec Alexi Mathieu, Angelica Sarre et Pierre Deladonchamps.


Après Il y a longtemps que je t’aime (2008), Philippe Claudel revient avec un tout nouveau film, sur penchant sur un sujet à la mode ces derniers temps dans le cinéma français : les enfants et la difficulté de les élever. C’est intéressant mais Une Enfance n’apporte rien de bien neuf. La thématique est donc utilisée de façon assez classique, sincère mais pas exceptionnel. Mais le film a aussi l’avantage de taper là où ça fâche, dans cette société française qui assiste énormément les familles, dont certains profitent mais pas toujours pour faire les choix les plus judicieux non plus. L’éducation de ces deux enfants est assez intéressante car elle est plus ou moins laissée à la nature, sans véritable choix de nouveau chemin possible. Le problème c’est que ce film n’est pas toujours inintéressant mais qu’il n’est pas toujours totalement réussi non plus. C’est difficile de faire des films de société sur l’éducation des enfants alors que le thème semble déjà éculé ces dernières années (La Tête Haute, Une Mère, etc.). On ne doute pas de la sincérité de Phillippe Claudel pour le coup et le résultat n’est pas totalement dénué d’intérêt, pour son exploration de l’esprit de l’enfant, comme une sorte d’étude sociologique. Mais Philippe Claudel n’est pas Bourdieu.

Au cours d’un trop long été, Jimmy, un enfant de 13 ans que les circonstances forcent à devenir trop vite adulte, se cogne aux limites de sa petite ville et de sa vie heurtée, entre une mère à la dérive et un beau-père qui la tient sous sa coupe.

Ce qui permet à Une Enfance de ne pas totalement sombrer dans l’ennui c’est la façon dont il utilise les sensations perceptibles. Il parvient à capturer de façon très intelligente la vie d’un enfant et la façon dont ce dernier réfléchi. Ce n’était pas donné à tous de pouvoir le faire mais lui a réussi par la sincérité de son cinéma. Il y a beaucoup de propos très classiques, des moments un peu plus fades que les autres mais il y a des idées. Les meilleures sont celles où les enfants sont livrés à eux même : allant au supermarché faire les courses, allant dans des endroits désaffecter afin de crier haut et fort, se moquant proprement de leur éducation et accessoirement de l’apprentissage (ne pas savoir ce qu’est un synonyme) qui n’est pas aidé par des parents laxistes qui ne leurs impose aucune rigueur (le fait que le père se moque complètement des devoirs de maths de son enfant). J’ai aussi été ému par moment, notamment quand le plus jeune des deux frères vient voir son frère la nuit après un cauchemar, en pleure. C’est l’un des plus beaux moments du film. C’est un vrai symbole de ce que cette relation fraternelle signifie et l’abandon des parents qu’il y a derrière. En effet, généralement quand on a fait un cauchemar on va plus voir sa mère que son frère.

Ce film ne creuse pas toujours toutes les bonnes idées qu’il voit défiler. Peut-être est-ce la faute des personnages secondaires qui ne sont pas toujours intéressants. Je pense notamment aux parents qui sont presque des parasites à l’aventure humaine et sauvage que l’on vit avec ces enfants. Philippe Claudel s’égare donc un peu avec les adultes quand il réussi à maîtriser l’enfance. Au casting, on est pourtant heureux de retrouver Pierre Delalomchamps (César du meilleur espoir masculin en 2014 pour L’inconnu du lac) même si ce dernier n’a pas un personnage particulièrement intéressant à jouer. C’est là aussi le défaut d’Une Enfance, de ne pas utiliser à bon escient tous les membres de son casting. Avec un retard très personnel, Philippe Claudel sort des sentiers battus. Au delà de ça, Une Enfance n’a rien de bien exceptionnel et s’inscrit dans une sorte de lignée très classique de cinéma français qui veut montrer la France qui tente de sortir de la misère. Sauf que là, ceux qui tentent de s’en sortir ce sont des enfants. Finalement, Une Enfance est un peu le film qui aurait pu être brillant avec un scénario beaucoup plus travaillé et un prisme enfantin mieux défini, sans le parrasitage ennuyeux des plus grands.

Note : 5/10. En bref, ni raté, ni réussi.


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