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Ma vie avec liberace - 6/10

Par Aelezig

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Un film de Steven Soderbergh (2013 - USA) avec Michael Douglas, Matt Damon, Dan Aykroyd, Rob Lowe, Debbie Reynolds

Délicat et sensible.

L'histoire : 1977. Le jeune Scott, orphelin, aspirant vétérinaire, rencontre le pianiste Liberace. Malgré les années qui les séparent, ils entament une relation qui va durer cinq ans.

Mon avis : Ce film vaut surtout pour l'extraordinaire prestation des deux acteurs, absolument remarquables. Ils jouent les grandes folles sans avoir l'air de grandes folles : on rit, mais de tendresse, on ne se moque pas. Et pourtant, Soderbergh n'y va pas avec le dos de la cuillère... Bling-bling, kitsch, maniéré, les deux cocos sont encore plus funs que Renato et Alban dans La cage aux folles. Et en plus, ce sont des personnages qui ont existé... on se demande comment ces hommes pouvaient vivre normalement, tant ils devaient être la risée d'un paquet d'intolérants. Ils avaient beau cacher leur relation (Liberace clamait attendre la femme de sa vie) à cause de la pression sociale de l'époque, leurs tenues et leur comportement ne devaient guère faire illusion...

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La réalisation est de belle facture. Plus classique que ce que fait Soderbergh d'habitude, qui nous épargne pour un fois ses filtres de toutes les couleurs. Il faut dire que vu le milieu où évoluent les deux amants, doré et scintillant jusqu'à l'outrance, il était essentiel de faire simple... Le fil narratif est bien conduit, on s'intéresse à la naissance de cette histoire d'amour... 

MAIS le scénario est quand même bien simpliste. Le côté Pygmalion de Liberace peut être vu comme une illustration brillante du concept, mais ça reste du vu et revu. Car il ne se passe strictement rien de vraiment intéressant, juste une petite vie de couple avec ses chamailleries, ses pauses tendresse, ses petits achats, les chiens, un peu de chirurgie esthétique, le jacuzzi, la mamie qui râle, le boulot. D'ailleurs à ce propos, on ne voit jamais Liberace répéter, s'entraîner, faire ses gammes... Il arrive sur scène et hop il joue, et hop il se tire. Ca m'a paru étrange ; je pense que les musiciens pratiquent encore et encore, non ? 

La dépendance progressive de Scott aux drogues, que lui donne... le médecin, représentait un bon moyen pour donner un autre dimension, plus de profondeur, plus d'intensité et d'émotion, dans la relation, avec le côté "dévorant" de Liberace, qui pèse sur Scott, et les charlatans de tous poils qui pullulent, plus d'émotion, mais Soderbergh escamote un peu le problème et ne va jamais au bout de ce qui reste anecdotique. 

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Et donc sur la fin, j'ai commencé à m'ennuyer sérieusement... Et puis moi qui n'aime pas les films où il n'y a pas de filles, j'ai été servie ! A part la délicieuse Debbie Reynolds, qui joue la maman de Liberace, mais qui a 83 printemps quand même : j'ai encore un peu de mal à m'identifier !

A voir néanmoins pour les deux acteurs, hallucinants. Et Rob Lowe, en chirurgien esthétique complètement refait, au brushing d'enfer, complètement relou.

Le film est en fait un téléfilm, produit pour HBO, Soderbergh n'ayant pas pu trouver les financements ailleurs (trop "gay" !). Il est cependant sorti en salles à l'étranger, notamment en France. Il a même concouru pour la Palme d'Or à Cannes (et obtenu la Palme Dog pour le caniche...) et a fait l'ouverture du Festival du cinéma américain de Deauville. Il a reçu de nombreux prix de par le monde.

L'histoire est totalement vraie et Scott Thorson a écrit un livre sur sa romance avec Valentino Liberace. Fan de l'artiste, Soderbergh l'a lu et décidé de l'adapter, avec deux de ses acteurs fétiches. Liberace était un pianiste virtuose, célèbre pour son talent mais aussi pour ses costumes extravagants, qui a connu un immense succès au music-hall, dans les années 50 à 80. Il est mort du sida en 1987.

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Les critiques sont unanimes : c'est génial. Je modère leurs ardeurs avec ce commentaire d'un gars de chez Télérama : "Aucune audace. Aucune invention. Aucune surprise. Que du prévisible : on s'attend à un déluge de mauvais goût kitsch ? On l'a. A un numéro insupportable de Michael Douglas ? On l'a. A des scènes fielleuses entre une grande folle et un blondinet vieillissant ? On les a... ". Quelque part, je suis tout à fait d'accord avec lui. Sauf pour "l'insupportable" numéro de Douglas ; non, l'acteur est excellent, pour moi c'est davantage le personnage qui est limite, égocentrique, tyrannique, autoritaire ; ce que Michael joue parfaitement.

Les spectateurs sont d'ailleurs beaucoup plus partagés. Un peu comme moi, ils aiment la délicatesse du traitement, qui laisse toute leur humanité aux personnages et la performance des comédiens, mais trouvent parfois que cela manque d'âme. 248.000 entrées.


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