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Amistad - 8/10

Par Aelezig

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Un film de Steven Spielberg (1998 - USA) avec Djimon Hounsou, Morgan Freman, Matthew McConaughey, Anthony Hopkins, Stellan Skarsgard, Pete Postlethwaite, Chiwetel Ejiofor, Jeremy Northam

Une incroyable histoire...

L'histoire : 1839. Un vaisseau espagnol, Amistad, file sur l'océan avec à son bord une "cargaison" d'esclaves noirs à destination du sud des Etats-Unis. Cinqué réussit à se débarrasser de ses entraves, délivre ses camarades et ils prennnent le contrôle du bateau. Ils exigent du capitaine qu'il les ramène chez eux. Ce qu'il ne fait pas, longeant les côtes américaines, profitant de leur ignorance de la navigation. Mais lors d'une escale sur une île pour faire provision d'eau et de nourriture, ils sont approchés par un autre navire, américain, qui les arrête pour mutinerie. Le procès commence. Trois parties revendiquent la propriété des esclaves, l'Espagne, les armateurs, et les destinataires américains. Un jeune avocat, abolitionniste se charge de leur défense. Première chose, et d'importance : déterminer s'ils sont esclaves ou pas. Car le droit américain fait désormais la distinction : né sur une plantation, d'un couple esclave, vous avez le même statut que vos parents ; partout ailleurs, vous êtes censé être un homme libre. Mais les prisonniers ne parlent ni anglais, ni espagnol... comment leur faire dire d'où ils viennent exactement, alors que les parties adverses et le procureur mènent leur propre lutte, affirmant qu'ils sortent d'une plantation cubaine, pour les récupérer.

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Mon avis : Un film édifiant, un peu à l'instar de La liste de Schindler, du même réalisateur, qui raconte aussi une histoire vraie et cet éternel besoin du genre humain de torturer ses semblables, siècle par siècle, depuis l'aube des temps. Très brillant, il aborde une thématique à plusieurs branches : l'affaire proprement dite et l'habileté des avocats qui ont défendu Cinqué et ses compagnons, l'esclavage et ses abominations (avec les commerces illégaux, les Africains qui vendent leurs propres populations aux blancs, la torture, les conditions inhumaines sur les bateaux, les gens dont on se débarrasse parce qu'il n'y a pas assez à bouffer pour tout le monde...), la lutte abolitionniste aux Etats-Unis et les premiers accrochages entre le nord et le sud à ce sujet, qui conduiront à la guerre de Sécession, mais aussi le droit et la justice, d'une façon générale, qui lentement, étape par étape, grâce à des hommes de bonne volonté, évoluent pour garantir la liberté de chacun (y a encore du boulot...) Très riche, donc ; une grande page d'histoire, américaine, et mondiale dans un certain sens, puisque peu à peu tous les pays (certains l'avaient déjà fait) aboliront l'esclavage. 

Casting éblouissant, à commencer par le très charismatique Djimon Hounsou que l'on ne connaissait pas à l'époque, et qui depuis poursuit une carrière très intéressante. Réalisation impeccable, à la Spielberg, fluide, cadrée, lumineuse... mais c'est un tantinet trop long à mon goût, surtout sur la fin, un peu grandiloquente (2h30).

Les critiques n'ont pas été emballées. On reproche beaucoup à Spielberg d'avoir glorifié les Etats-Unis pour leur lutte contre l'esclavage, comme s'ils étaient la lumière du monde, alors que beaucoup de pays menaient le même combat. On l'accuse même d'avoir minimisé l'esclavagisme de son propre pays et de faire porter le chapeau à l'Espagne, responsable des trafics... M'ouais. Je trouve tout ça un peu dur. Le réalisateur raconte un épisode de l'histoire des Etats-Unis et n'élude pas le problème : on voit bien les marchands des états du sud qui attendent leur marchandise sur les quais. Et il évoque aussi la future guerre de Sécession entre les esclavagistes du sud et les abolitionnistes du nord (ce qui n'était pas le seul conflit qui les opposait, du reste). 

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Au sempiternel "y en a marre des Américains donneurs de leçons", je répondrai "y en a marre des critiques permanentes et systématiques sur les Américains qui ont toujours tout faux ; balayez donc devant votre porte".

Je ne suis pas toujours fan de Spielberg, mais j'aime ce film.


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