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[Critique] RETOUR VERS LE FUTUR

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] RETOUR VERS LE FUTUR

Titre original : Back To The Future

Note:

★
★
★
★
★

Origine : États-Unis
Réalisateur : Robert Zemeckis
Distribution : Michael J. Fox, Christopher Lloyd, Crispin Glover, Lea Thompson, Thomas F. Wilson, James Tolkan…
Genre : Science-Fiction/Fantastique/Comédie
Date de sortie : 23 octobre 1985

Le Pitch :
En 1985, Marty est un ado qui rêve de rock’n’roll, cherche à impressionner sa petite amie, et sèche les cours pour passer du temps avec Doc Brown, un scientifique excentrique qui vient d’inventer une machine à voyager dans le temps. L’expérience tournant mal, Marty se retrouve propulsé en 1955 et rencontre sa propre mère, qui tombe immédiatement sous son charme, ce qui a pour conséquence d’empêcher l’union future de ses parents et par là-même, sa propre naissance. Avec l’aide du « jeune » Doc, Marty va devoir tout faire pour rétablir cette situation et retourner dans son époque…

La Critique :
La trilogie Retour vers le Futur fait partie des titres emblématiques des années 80, une décennie longtemps décriée pour son mauvais goût général (que ce soit vestimentaire ou musical) mais dorénavant évoquée avec nostalgie par les enfants et adolescents d’alors, aujourd’hui quarantenaires et un peu plus.
Son réalisateur, Robert Zemeckis ne faisait pas encore partie des grands noms d’Hollywood et, lors de la sortie du premier volet en août 1985, le grand public était persuadé de découvrir « le dernier Spielberg » alors que celui-ci n’en était que producteur; une confusion entretenue par Universal qui misait sur la renommée de son wonder boy pour appâter le chaland. Rappelons qu’après le succès mondial de E.T., Steven Spielberg avait monté sa propre société de production, Amblin, afin de mettre en chantier des films qu’il n’avait plus le temps de réaliser lui-même; il a ainsi chapeauté et insufflé une partie de son esprit à des films comme Gremlins (Joe Dante, 1984), Les Goonies (Richard Donner, 1985) et bien sur, Retour vers le Futur qui nous intéresse aujourd’hui. Un tronc thématique commun se dessine d’ailleurs entre ces trois œuvres, puisqu’elles narrent le parcours initiatique de jeunes gens en mal d’intégration et de reconnaissance sociale, un statu quo en grande partie causée par des parents (les pères principalement) eux-mêmes en marge (Rand Peltzer est un inventeur loufoque, Mr Walsh ne peut trouver le financement de la maison et George McFly est un loser intégral !). Autre point commun entre Gremlins et Retour vers le Futur, très concret celui-là : le décor : le square de l’hôtel de ville de Hill Valley et la place de Kingston Falls ne font qu’un, puisqu’ils utilisent les décors extérieurs des studios d’Universal (parmi les plus premières apparitions à l’écran de ce décor emporté depuis par un incendie, on citera le premier épisode de La Quatrième Dimension, de Rod Serling en 1959).
Rendons néanmoins à César ce qui lui appartient : Retour vers le Futur n’était même pas une idée de Steven Spielberg. Le scénario de Bob Gale et Robert Zemeckis (pourtant scénaristes du 1941 du même Spielberg quelques années plus tôt) a même peiné à trouver preneur à Hollywood, essuyant une trentaine de refus auprès de tous les studios avant que le papa de E.T. ne l’accueille dans son giron. Preuve en est que personne à Hollywood ne soupçonnait le potentiel du sujet, et encore moins la longévité de sa popularité. Pourquoi Retour vers le Futur a-t-il pu devenir un film-culte pour toute une génération ? C’est la question à laquelle nous allons tenter de répondre.

Réalités alternatives
Une première raison possible à ce succès spontané de la longévité est peut-être à rapprocher de celui d’un autre grand classique, Chantons sous la Pluie (Stanley Donen, 1952), car ils posent tous deux un regard contemporain (respectivement 1985 et 1952) sur une époque antérieure de 30 ans. Dans chacun des ces films, le regard rétrospectif en dit autant sur la perception de ce passé que de la décennie en cours.
Même les années 80 dépeintes par Retour vers le Futur ne reflètent pas tant la réalité de leur temps qu’une version fantasmée pour les adolescents d’alors, glissant au passage quelques messages socio-politiques sur lesquels nous reviendrons plus tard. Les valeurs représentées cristallisent l’image que les États-Unis tenaient à promouvoir durant l’ère Reagan, que la réalité de l’époque.

Comme mentionné précédemment, rien ne laissait augurer d’une telle popularité, à commencer par un raté devenu fameux: après deux semaines de tournage, Eric Stoltz, premier acteur choisi pour incarner Marty McFly est renvoyé par la production car sa prestation ne correspond pas à leurs attentes. L’affaire est aujourd’hui connue et reconnue par Robert Zemeckis et Steven Spielberg eux-mêmes, et les éditions blu-ray comportent même des extraits des scènes tournées par le malheureux Eric Stoltz, dont on ne pourra qu’imaginer le tremplin que le film aurait constitué pour sa carrière (NDR: la série Fringe se fendra d’ailleurs d’un clin d’œil savoureux en affichant son nom sur la devanture d’un cinéma diffusant Retour vers le Futur dans un des épisodes prenant place dans une dimension parallèle). Ce que l’on sait moins, c’est que même si toutes les scènes déjà mises en boite avec Stoltz furent retournées, il subsiste pourtant UN plan de cet autre Marty dans le montage final : lorsque Marty décoche, de dos, un coup de poing à Biff dans le café en 1955. Tous à vos télécommandes pour faire une pause sur ce plan furtif !
Signe des temps : ce changement d’acteur n’a vraiment fait parler de lui avant que les documentaires rétrospectifs des récentes éditions vidéo ne laissent les langues des intéressés se délier. Aujourd’hui, une telle décision aurait fait les choux gras des sites internet et la réputation du film en aurait certainement pâti (voir le buzz unanimement négatif réservé au récent Les 4 Fantastiques avant même sa sortie suite aux rumeurs de rififi dans la salle de montage). Comme quoi, il vaut mieux attendre de juger sur pièce plutôt que de spéculer sur les intentions et qualités d’un film ; après tout, rares sont les tournages se déroulant sans accroc !

« Le secret de mon succès »
Et des qualités, Retour vers le Futur n’en manque pas, même si, là encore, c’est principalement le recul offert par le temps qui permit de les reconnaître. En premier lieu, ce qui frappe aujourd’hui, c’est la fluidité et l’évidence même du scénario; une mécanique tellement bien huilée que l’on accepte tout sans poser de questions, à commencer par les règles établies autour du voyage temporel. Si il ne s’agit pas, loin de là, de la première histoire utilisant ce procédé, Bob Gale et Robert Zemeckis sont en revanche les premiers à lui appliquer un traitement aussi « logique ». Les guillemets sont ici de rigueur. Les voyages dans le temps n’existant pas (encore…?), qui pourrait prétendre détenir la vérité absolue à ce sujet ? Et pourtant, cette approche rationnelle et systématique du fameux continuum espace/temps parvient à convaincre instantanément les plus réfractaires à ce vieux fantasme de la science-fiction… pour le meilleur et pour le pire…car cette vision théorique propre au film est devenue une telle référence pour le public, qu’il en soulève régulièrement des critiques envers d’autres œuvres traitant de ce thème alors que, pour n’en citer qu’une, le magnifique Quelque part dans le Temps (Jeannot Swarc, 1981) adapté d’une nouvelle de Richard Matheson choisit sciemment de ne pas s’embarrasser des paradoxes temporels pour mieux se focaliser sur sa romance.

Non contente de reposer sur un scénario en béton armé à la finition exemplaire, la mise en scène de Robert Zemeckis se révèle tout aussi précise et limpide. Le rythme soutenu du métrage contribue à l’adhésion quasi-unanime des spectateurs. Là encore, « fluidité » et « évidence » sont deux épithètes qui s’imposent. Sans jamais chercher à attirer l’attention sur un prétendu style, Zemeckis n’en trousse pas moins des plans regorgeant d’idées et d’informations pour dynamiser l’histoire.
On pourrait citer ce plan-séquence parfaitement à propos qui ouvre le film, avec ses dizaines d’horloges annonçant clairement la couleur, tout en diluant des informations importantes pour la suite; la visite du laboratoire contribue déjà à la caractérisation de Doc Brown qui n’apparaîtra à l’écran que dix bonnes minutes plus tard. On apprend également que des terroristes ont dérobé du plutonium et que c’est le doc qui est à présent en sa possession ! Beaucoup d’éléments narratifs donc, contenus dans un plan-séquence dépourvu de tout acteur (humain ou canin).
Comme pour coller à l’idée du temps en mouvement constant, Zemeckis ne laissera jamais sa caméra statique au cours des 116 minutes de métrage qui suivront. Le moindre dialogue est accompagnée d’un léger travelling (latéral ou avant/arrière, c’est selon) afin de dynamiser l’action ou, justement, l’inaction. A l’intérieur de ses cadres, le réalisateur joue encore de toute son inventivité et chorégraphie ses scènes au millimètre et à la milli-seconde près, comme si il était le véritable maître de l’espace et du temps; voir par exemple le plan faisant suite à la disparition de la Delorean emportant le chien Einstein une minute dans le futur : le Doc et Marty dialoguent en allant et venant à tour de rôle de l’arrière à l’avant-plan. Ce ballet évoquant le cinéma des Marx Brothers n’apparaît jamais comme théâtral (ce qu’il est littéralement), et les dialogues jamais didactiques bien que le scénario se paie le culot de faire une pause pour faire le point sur ce qui vient de se dérouler à l’écran !
Toujours dans une volonté de conserver la dynamique interne des scènes, Robert Zemeckis combine souvent plusieurs actions au sein du même plan, à la suite et parfois en simultané, plutôt que d’accélérer artificiellement la cadence des péripéties via des effets de montage. Voir par exemple l’irruption de la tête de George Mc Fly au premier plan après que Marty se soit fait renverser par la voiture de son propre grand-père.
De nombreuses autres scènes dans le film useront d’une approche scénique similaire, les déplacements des acteurs et les dialogues tenant plus de la chorégraphie que de la mise en scène classique.

Autre élément ayant contribué à impliquer émotionnellement le spectateur dans cette folle aventure : la musique mémorable d’Alan Silvestri. Utilisant un orchestre symphonique imposant alors que le sujet ne se prêtait pas forcément à ce partition épique et grandiloquente, le thème principal du film commence par jeter quelques mesures instaurant une atmosphère quelque peu mystérieuse avant d’embrayer sur une envolée fanfaronnante. La symbiose entre les images et la musique lors du climax final est à ce titre exemplaire dans la façon d’enrichir le suspense lors d’un montage décidant de faire fi de toute vraisemblance temporelle, alternant les plans sur Marty dans la voiture et sur le Doc en haut de l’horloge (une référence à Monte là-dessus (1923) avec Harold Lloyd), allant jusqu’à prendre des libertés avec le temps écoulé sur le chronomètre de Marty – une manipulation sensorielle que l’on dirait issue des serials des années 40 ! Mais loin de se reposer sur la musique pour se donner du relief, le film ne convoque les premières notes de la partition après une quinzaine de minutes de métrage, lors de la découverte de la Delorean.
Musique toujours, comment ne pas battre le tempo lorsque retentissent les premières notes du Power of Love, de Huey Lewis and the News ?

Generation X…
Aujourd’hui film culte de la génération 80’s, il est intéressant de noter que Retour vers le Futur veuille avant tout se parer d’un petit parfum de nostalgie des années 50, la décennie correspondant à l’enfance de ses auteurs, Bob Gale et Robert Zemeckis. Et pourtant, le film se borne in fine à nuancer son propos en démontrant que tout n’était pas si rose en 1955… voici bien le piège de la nostalgie, qui nous fait oublier le mauvais côté des choses!
De ce point de vue, on notera l’écho orchestré entre certains éléments du scénario, comme par exemple la télévision : en 1955, toute la famille se réjouit de pouvoir regarder son programme préféré pendant le repas. En 1985, cette même télévision semble avoir complètement annihilé toute forme de communion familiale autour de la table, George semblant plus absorbé par son feuilleton que par les souvenirs qu’évoquent son épouse. On observera également que cette dernière est présentée au début du film comme une femme au foyer désespérée, aux rêves brisées, administrant un sermon conservateur à sa fille. Pourtant, en 1955, nous découvrons une jeune fille rebelle, préfigurant l’émancipation féminine des années 60 – un essai qui restera non transformé par une vie de couple visiblement peu épanouie.
Plus généralement, les années 50 telles que présentées dans le film, sont effectivement charmantes et innocentes. Seul le fait de connaître la destinée de Lorraine et George (et Biff) nous permet-il de comprendre que le discours de Zemeckis et Gale n’est pas à prendre au premier degré.
Le personnage de l’oncle Joey constitue un autre cas de personnage ayant mal tourné : né dans une famille bien sous tous rapports, il finira derrière les barreaux trente ans plus tard…
Si la peinture faussement naïve des 50’s fait appel au recul critique du spectateur pour comprendre que certains problèmes des années 80 comme l’explosion de la cellule familiale trouvaient en fait leurs germes dans les décennies qui les ont précédé, on pourrait reporter le constat sur le fossé qui sépare le monde d’aujourd’hui et ces mêmes années 80 : l’attitude cool de Marty, son manque de respect envers son proviseur, l’omniprésence de sa caméra vidéo, le matérialisme et le culte de la réussite sociale (nous y reviendrons plus loin), …sont autant d’éléments souvent déplorés dans le monde de 2015.
Au risque de nous répéter, Retour vers le Futur ne ferait pas l’objet d’un tel culte si il n’avait pas fait vibrer la corde sensible de toute une génération. Marty est l’archétype de ce que l’on appellerait aujourd’hui un geek (À l’époque, le mot n’avait pas la connotation « cool » qu’il a aujourd’hui). Comme beaucoup d’adolescents de l’époque abreuvés de contre-culture, il est en rupture avec sa famille : c’est un enfant de Star Wars, de MTV, du rock bruyant et du skate-board. Quand il rentre chez lui au début du film, on perçoit instantanément le décalage avec ses parents, ainsi qu’avec son frère et sa sœur plus âgés. Son père George est un « loser » qui se laisse piétiner par son patron Biff ; sa mère est une ménagère confinée à son intérieur. Aucun membre de la famille ne semble épanoui et Marty rêve à une autre vie.

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…et Chromosome Y
Quel est au fond le but ultime de l’aventure proposée par Zemeckis et Gale, sinon de restaurer l’harmonie au sein de cette famille aussi dysfonctionnelle que malheureusement banale ?
Alors que son arrivée en 1955 a pour conséquence première d’empêcher la rencontre entre ses parents et de compromettre sa propre naissance, Marty n’aura de cesse que de repousser les avances de sa propre mère et d’encourager son père à prendre les devants pour conquérir le cœur de celle-ci… de manière plus vertueuse et durable cette fois!
Cette réparation opérée dans l’histoire du couple survient lors de leur premier rendez-vous, preuve que la situation familiale de 1985 remontait à cette « coïncidence » anodine, mais aux conséquences sérieuses pour l’avenir – un thème qui constitue l’épine dorsale de la trilogie. Le fait que la rencontre entre Lorraine et George prenne place la nuit ou l’horloge de l’hôtel de ville fut frappée par la foudre et arrêta de fonctionner, symbolise tout simplement l’arrêt du temps, et la fin des jours heureux promis par les 50’s. C’est à partir de ce point dans le temps que Marty ré-écrira l’histoire. En poussant son père à s’affirmer, Marty retrouve une famille transfigurée dans un 1985 altéré à la fin du film. George et Lorraine affichent une saine complicité, et les rôles de dominé/dominant entre George et Biff sont inversés.

Les années Reagan
L’American Way of Life a fasciné plusieurs générations mais aura peut-être atteint son apogée dans les années 80, le cinéma étant un des vecteurs les plus efficaces du rayonnement de la culture américaine. Et Ronald Reagan, avec son passif de (mauvais) acteur Hollywoodien connaît bien le pouvoir de l’image, comme le fera lui-même remarquer Doc Brown ! On rappellera que durant sa présidence, il baptisa un programme de défense spatiale La Guerre des Étoiles et aura fait du Born in the USA de Springsteen son hymne de campagne (Un comble lorsque l’on sait que la chanson ne raconte rien moins que la même histoire que le premier Rambo, à savoir le rejet d’un vétéran du Vietnam rejeté après son retour au pays ! Springsteen ne jouera plus la chanson pendant des années afin d’éviter tout malentendu quant à son orientation politique). Il n’empêche qu’Hollywood a toujours vendu du rêve, estampillé « Américain » de préférence. Reagan (et Kennedy avant lui) n’auront de cesse de rappeler que tout est possible pour tout un chacun, à condition de s’en donner les moyens. Marty Mc Fly incarne parfaitement le héros Reaganien en ce sens qu’il prend littéralement les rênes de son avenir. Si l’on ne trouvera rien à reprocher à cet esprit volontariste qui a permis de trouver l’harmonie familiale dans le film, on peut en revanche s’étonner de l’autre récompense octroyée à Marty sous la forme d’un énorme 4×4 flambant neuf pour l’aider à séduire sa petite amie Jennifer. La « morale » attendue de tout récit initiatique voudrait que le héros révèle sa vraie valeur et parvienne à conquérir le cœur de sa bien-aimée par la simple force de caractère, non de ses possessions.
La réussite sociale et professionnelle apparaît ici comme la conséquence directe de l’épanouissement personnel; un matérialisme que n’aurait pas renier Ronald Reagan et qui n’était pas du goût de Crispin Glover (l’interprète de George Mc Fly), un désaccord qu’il paiera de son exclusion de l’épisode suivant (une anecdote que nous détaillerons dans l’article consacrée à Retour vers le Futur 2).
L’influence Reaganienne et du prototype WASP (White Anglo-Saxon Protestant) se révèle également de manière plus pernicieuse dans deux éléments importants de l’histoire des années 50 ; Marty McFly dépossède en effet la communauté noire de deux initiatives déterminantes pour la culture du pays : la genèse du rock’n’roll lorsqu’il inspire Johnny Be Good à Marvin Berry et son cousin Chuck, et l’émancipation politique, lorsqu’il souffle à un jeune Gordy Wilson, alors simple serveur, qu’il pourrait un jour être élu maire de la ville. Avec Forrest Gump, Robert Zemeckis poussera d’ailleurs à son paroxysme ce procédé visant à replacer son héros de fiction au cœur d’événements politiques et sociaux déterminants. Il ne faut pas forcément voir une volonté révisionniste consciente, mais Retour vers le Futur baigne malgré lui dans l’esprit de son époque.

To be continued…
Si le film se clôt sur un « à suivre » issu du serial, il faut savoir que ce texte ne fut ajoutée que lors de sa sortie en VHS fin 1986, les recettes en salles ayant rapidement décidé Universal à commander une suite au trio Zemeckis-Gale-Spielberg. Un succès qui, comme nous l’avons vu, tient autant aux qualités intrinsèques du film, sa capacité à saisir l’esprit de la génération X des années 80, tout en le mettant en perspective avec la décennie qui a vu ses parents grandir.
Et quel parent n’a jamais dit à ses enfants « de mon temps, on faisait/ne faisait pas ceci ou cela » ? Marty McFly se voit offert la chance de pouvoir le vérifier par lui-même, et il ne sera pas déçu du voyage : entre un père à côté de ses pompes et une mère trop entreprenante, le film parvient même à effleurer un sujet aussi sensible et tabou que l’œdipe en évitant tout dérapage malsain !
Retour vers le Futur célèbre le déterminisme comme principe fondamental du monde, et affirme le volontarisme de Marty en élément moteur de sa propre existence, malgré une adversité ici représentée par un lourd héritage familial. Un archétype héroïque qui se retrouve dans bien d’autres films-phares des années 80 : Luke Skywalker, Pete Maverick ne sont-ils pas après tout issus du même moule, luttant pour réussir là ou leur paternel avait échoué ?

@ Jérôme Muslewski

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Crédits photos : CIC


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