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Ils rêvaient des dimanches

Publié le 12 octobre 2015 par Montagnessavoie
Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches, 2008. 
Ils rêvaient des dimanchesPlus qu'une histoire familiale, ce roman généalogique autobiographique de Christian Signol nous invite à revoir l'Histoire de France et celle de l'Europe à travers la petite histoire, celle de son grand-père paternel. Élevé par une lointaine parente dans une maisonnette très pauvre et isolée du causse, Germain attend désespérément une mère partie travailler à Paris. A l'époque, une fille qui tombe enceinte dans la grande maison dans laquelle elle est employée, et à cause de sa relation avec le fils de famille, c'est intolérable. Alors, Germain attend sa mère. A travers la description de son enfance, on mesure toute la pauvreté de ces terres agricoles desséchées par le soleil, entre Lot et Corrèze. La tourte rassie que sa mère reçoit chaque semaine (rassie, pour ne pas avoir goût à la manger trop vite) est la seule nourriture qui provient de l'extérieur. Pour le reste, la foyer tourne en auto suffisance, bien que le mot ne soit pas adéquat pour qualifier un mode de vie qui tient plus de la survivance que de la véritable économie fermée. Car, d'économie, il n'y en a pas. La mère de Germain, cette femme droite, froide et déterminée, ne manipule quasiment pas d'argent. A l'époque, dans la région, c'est le troc qui se pratique. Très vite, Germain doit laisser l'école, pour laquelle il montre cependant de belles dispositions. Convaincu que le travail de la terre le laissera dans la misère, il se lance dans une aventure qui marque le début de la transition entre l'élevage, l'agriculture et les métiers artisanaux. Germain décide de devenir boulanger : pour ne plus avoir froid l'hiver, pour ne plus jamais avoir faim et être à l'abri des aléas climatiques qui détruisent les récoltes et ruinent une vie de labeur. Seulement, la première guerre mondiale commence et le voilà brinqueballé sur les routes de France en direction du front. Ce que ses yeux ont vu d'horreurs et ce que son corps a souffert changeront à jamais sa perception de la vie et du monde. A chaque fois que la guerre refera son apparition, il tremblera de peur et de rage. Deuxième guerre mondiale, Indochine, Algérie, autant de conflits qui contrasteront avec l'acharnement au travail de Germain et sa volonté de donner du pain à tous, même gratuitement, même à des réfugiés espagnols ou à des Juifs. Même à des Allemands.  Ce qui ressort de cette histoire familiale, de cette fresque panoramique, c'est cette infatigable lutte vers une existence moins dure, cette quête d'un mieux vivre qui échappe totalement aux mains travailleuses de nos ancêtres mais qu'ils atteignirent finalement à travers les générations futures. Enfants, petits-enfants, arrières-petits-enfants et enfin la permission de faire des études, de gravir une échelle sociale si longtemps insurmontable. Christian Signol tient à nous préciser que l'objet de son livre n'est pas de glorifier les temps passés, mais, au contraire, de démontrer leur âpreté et, à travers le caractère sans failles de ses aïeux, de nous faire partager les repères, les bases qui lui ont permis de grandir à son tour. 

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