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L'estampe visionnaire de Goya à Redon, expo au Petit-Palais

Par Mpbernet

sommeil

De tout temps, les hommes ont eu besoin de se faire peur ...

Avant le cinéma gore ou le syle de la romance pour adolescentes mettant en scène des vampires, le XIXème siècle romantique se délectait de textes destinés à faire frémir le lecteur - se souvenir de la nouvelle d'Edgar Allan Poe "Le puits et le pendule" traduite par Charles Beaudelaire et de ses illustrations !), gravures effrayantes, fantastiques ... et adorait quand l'irrationnel fait irruption dans le réel.

nightmare

frontispice

Stryge

L'époque vit des changements rapides de l'environnement politique, économique et social, où se généralise le positivisme. Bien des élites bousculées sont, en réaction, attirées par le satanisme et l'ésotérisme. Cette noirceur est sans doute la vision inverse de la clarté introduite par les Impressionnistes ...

Charles Meryon

Odlon Redon

Cette exposition d'estampes issues du fonds de la Bibliothèque Nationale de France est présentée à la suite de l'éblouissant maître japonais Kuniyoshi : en avant pour une plongée en apnée dans les ténèbres. En exergue, des images de précurseurs : Albrecht Dürer (la Mélancolie), Jacques Callot (La tentation de Saint Antoine), Piranèse et ses prisons (dont les escaliers mobiles me font penser au Poudlard d'Harry Potter), et la gravure de Füssli représentant "Le cauchemar" : une belle allongée, un monstre assis sur l'estomac et, dans l'ombre, une jument (à décoder pour les linguistes car cauchemar se dit nightmare en Anglais, et mare signifie aussi "jument").

Le modèle de ces artistes, c'est bien entendu Goya et sa série des "Caprices" et en particulier le n°43 "Le sommeil de la raison engendre des monstres", une maxime qui s'applique à tant d'événements prémonitoires du XXème siècle. On ne peut s'empêcher d'admirer l'extrème talent des dessinateurs, leur imagination, leur hardiesse. Il est vrai aussi que les techniques de reproduction progressent et rendent la diffusion des oeuvres plus accessible à un large public.

objet d'art

L'exposition de ces dableries souvent macabres met en "lumière" des artistes bien oubliés - à part Gustave Doré et Victor Hugo - Félix Buhot, Marcel Roux, Charles Rambert, Eugène Viala, François-Nicolas Chiffart, Henri Rivière, Félix Bracquemond, Charles Meryon, Rodolphe Bresdin ...

De mon côté, à part Odilon Redon déjà connu, je ne garderai sans doute aucun d'eux en mémoire.

Pour ceux que le sujet intéresse et qui ne pourraient venir voir les deux expositions, je recommande le n° 93 Hors série de l'Objet d'art de septembre (9,50€) qui leur est consacré.


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