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Affaire de famille

Par Rob Gordon
Affaire de familleOn a beau essayer, encore et toujours, de défendre le cinéma français lorsqu'il produit des films tout à fait regardables, il faut bien constater qu'il est souvent très en retard par rapport à celui des américains ou des asiatiques. Affaire de famille en est une preuve criante : son scénario joliment tordu n'est jamais exploité au mieux, faute d'une mise en scène solide et d'une direction d'acteurs convaincante. Bigrement sympathique, le premier long de Claus Drexel n'a cependant pas le style nécessaire pour être comparé aux premiers John Dahl ou aux meilleurs Sidney Lumet.
Le script est pourtant assez ambitieux : Drexel a construit son film en chapitres, pour autant de points de vue différents sur une même affaire policière. Un procédé qui semble déjà vu mille fois, si ce n'est que ces points de vue font l'objet d'un savant décalage temporel. De ce fait, on ne revit une scène plusieurs fois que si c'est nécessaire, et chaque nouveau chapitre apporte réellement une pierre à l'édifice polardeux, loin des nombreux films qui dissimulent mal leur vacuité derrière un construction alléchante. Les rebondissements sont fréquents, assez crédibles, et plutôt inattendus dans l'ensemble (mis à part l'éternel coup du "oh les salauds, ils ont mis du papier journal dans le sac de billets"). Et jusqu'à l'épilogue, on tenter de démêler cet écheveau si bien troussé.
Sur le papier, donc, plein de promesses. Mais la mise en scène façon téléfilm ne vient malheureusement pas transcender ce scénario très ludique, que Drexel a choisi de traiter sur un mode presque léger. Pourquoi pas, mais ça ne justifie pas la paresse du cadre. Quant aux acteurs, ils nous la jouent un peu trop planplan, et notamment André "oeil qui frise" Dussollier, dont le jeu ne varie pas d'un iota. La satisfaction est à aller chercher du côté des jeunes, et notamment Hande Kodja, qui s'affirme de film en film. Elle seule semble avoir bien compris qu'un tel film a besoin de dynamisme et de style pour convaincre pleinement. À Drexel d'en retenir la leçon.
6/10
(également publié sur Écran Large)

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