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Un homard que tout le monde ne savoure pas de la même façon...

Par Filou49 @blog_bazart
03 novembre 2015

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The Lobster- le homard en vo est le film du réalisateur grec Yorgos Lanthimos,qui a sans doute fait le plus sensation cette année sur Croisette en compétition-(avec sans doute le Fils de Saul qui sort demain en salles et qu'on attend avec énormément d'impatience).

Il faut dire que ce long métrage qui a reçu le Prix  du Jury qui a plutot contenté tout le monde sur la croisette a couronné une fable  absurde, intelligente et très décalée sur la condition de célibataire, The Lobster, emmené par un casting épatant ( Colin Farrel, Rachel Weicz, John C Reilly, Léa Seydoux)  Michel et moi même avons eu la chance de voir le film dès sa sortie en salles mercredi dernier pour un sentiment divergent : si Michel a dégusté comme il se doit la recette concoctée par Lanthimos, cette dernière ne m'a pas forcément semblé si gouteuse que cela, du moins sur la longueur...

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 David, quitté par sa femme depuis peu, se retrouve dans un hôtel pour célibataires, il a 45 jours pour trouver une partenaire et former un couple. En cas d’échec il sera transformé en homard. Il a choisi cet animal car il peut vivre un siècle en restant fécond jusqu’à la fin ( Gérard de Nerval promenait bien un homard en laisse dans les jardin du Palais-Royal !). La réceptionniste de l’hôtel trouve que c’est une bonne idée, d’habitude les gens opte plutôt pour un chien ou un poney. David le sait bien, il tient en laisse un magnifique Border Collie, son frère qui, après un séjour dans cet hôtel, a échoué il y a deux ans. Le couple, norme obligatoire, dans le futur doit être forcément assorti.

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Un boiteux doit être avec une boiteuse, une femme souffrant d’épistaxis ne pourra jamais épouser un hémophile. Dehors, dans les bois, il y une horde de solitaires qui refusent ce dogme. Des battues sont organisée, à chaque solitaire tué un jour de gagné avant transformation …….

Si  vous comprenez ce que je viens d’écrire et que ce pitch vous met en appétit surtout n’hésitez pas « The lobster » est pour vous. 

Long métrage d’anticipation au scénario étonnant et surréaliste, Yorgos Lanthimos après un étonnant Canine nous parle ici de la normalité exigée par une société de plus en plus inquisitrice et déshumanisé à force de transparence. Est-ce une critique des réseaux sociaux qui veulent tout savoir, tout normer, tout classer et même plus ? C’est surtout un beau film romantique, toujours surprenant.Une belle mise en scène qui utilise les décors à la perfection.

En peu de plans, l’hôtel, la forêt et la ville du futur nous semblent familiers et inquiétants à la fois. Une preuve, si il en faut, que les trucages numériques ne sont pas une obligation dans le cinéma. Des acteurs sont complètement au diapason de cette histoire folle. Colin Farrell, atone, passif, devient un bel amoureux tendre et prêt à tout, vraiment à tout, pour gagner et garder l’amour de Rachel Weisz, qui, elle, adore les lapins de garenne. John C. Reillizozotant, lui veut se transformer perroquet (zozotant ?) Léa Seydouxest la chef des Solitaires, militaire, frigide et psychorigide qui n’aime pas l’amour.

Un film irracontable, drôle, noir et cruel, avec de beaux et bons acteurs, qui nous interroge sur notre individualité dans ce monde qui va trop vite…et comme ce monde va trop vite et que les films disparaissent aussi vite de l'affiche qu'ils arrivent, vous n'avez qu'une chose à faire , courrez le voir.. 

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  ....courrez le voir, courrez le voir, oui bien sûr sauf peut-être pour ceux qui ont le sport- et les fruits de mer?- en horreur, dans ce cas,  vous pouvez  aussi tout à fait marcher pour le voir, ca serait bête de se faire une crise cardiaque pour si peu..

 Car si Michel a raison pour le début du film plutot réjouissant et  étonnant où les régles de ce monde totalement déshumanisé et totalitaire nous sont livrées au compte goutte par une délectable directrice d'hôtel ( jouée par la géniale Olivia Colman ) sous notre regard  à la fois consterné et épaté, les choses se gatent sérieusement lorsqu'il prend à ce cher Colin Farrel de sortir de cet hôtel et de ce rejoindre cette cohorte des Solitaires...

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Car à ce moment là, on a encore une heure de film devant nous, et on a surtout la facheuse impression qui ne ne nous lachera plus  que Lanthimos a fait le tour de son sujet et n'a plus rien de neuf à nous raconter dessus et laisse le récit piétiner dangereusement..

L'histoire d'amour entre Farrel et Weicz pourrait être belle et aussi romantique que le prétend , sauf qu'à lécran, elle se résume à des contorsions et des situations dont le sens- et la profondeur nous échappent de plus en plus...

L'absurde et l'inventivité du début du film  laisse alors place à des plans séquences interminables ou des sortes de zombies -les solitaires en question- dansent en solo avec des écouteurs sur les oreilles, portent des sparadraps sur les lèvres et doivent obéir à des consignes idiotes dictées par une Léa Seydoux qui fait la tronche comme jamais- à quand un rôle de fille solaire pour la Seydoux?

Bref, la fin- qui n'en est d'ailleurs pas vraiment une- arrive un peu comme un soulagement pour le spectateur,qui est  d'autant plus frustré que la premièr partie laissait vraiment augurer d'un film très intelligent et très jouissif...Le message qu'on avait pu  deviner alors  ( la critique d'une  société poussant à vouloir calibrer le modèle marital) disparait totalement au profit d'un exercice de style qui manque singulièrement de relief et qui finalement semble quand même un peu vain.. 

Mais évidemment,  nous vous conseillons d'aller (en marchant ou en courant) dans votre cinéma le plus proche pour gouter à votre tour cet homard et tenter de nous départager..

 Bande-annonce : The Lobster - Teaser VOST


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