Le jour se leve - 7/10

Un film de Marcel Carné (1939 - France) avec Jean Gabin, Arletty, Jules Berry, Jacqueline Laurent - en N.B.

Pas mal.

L'histoire : Des coups de feu dans un immeuble, un homme qui sort sur le palier puis qui s'effondre, mort. Le supposé tueur s'est barricadé dans son appartement et ne veut pas ouvrir à la police. Enfermé chez lui, il se souvient... Ouvrier tranquille, plutôt gentil, apprécié par son entourage, François est un homme sans histoire. Il rencontre Françoise, une ravissante jeune fille, orpheline comme lui. Il tombe éperdument amoureux et lui propose de l'épouser. Françoise hésite. Or, il la voit un jour rejoindre un homme d'un certain âge, qu'il soupçonne d'être, sans doute, un autre amoureux. En "attendant" que tout ça se clarifie, il noue une relation avec Clara, une beauté moins farouche.

Mon avis : Une belle histoire, avec de très grands acteurs. Et une mise en scène originale : après le meurtre du début, nous n'apprendrons qu'à la fin ce qu'il s'est passé réellement entre les deux hommes. En attendant, nous voyons peu à peu l'intrigue progresser entre les personnages, au moyen des flash-backs. Un procédé qui était très peu utilisé à l'époque, et qui s'articule tout simplement avec des fondus-enchaînés. Le film a même dérouté les gens, qui l'ont boudé. Il a fallu des explications, puis une nouvelle sortie en 1942 pour qu'il soit enfin applaudi !

La mise en scène est d'ailleurs très moderne, avec des travellings, notamment dans l'escalier où l'on suit la descente des personnages niveau après niveau. On imagine donc que les décors ont été construits pour permettre cette technique.

Parfaits également le jeu des acteurs, et puis les dialogues (Jacques Prévert, quand même). Gabin, c'est Gabin ; depuis que je l'ai découvert, récemment, dans des vieux films et donc jeune, je ne m'en remets pas, j'adore ! Arletty, je crois que c'est la première fois que je la vois. Très bien. C'est génial, à mon grand âge, de découvrir le cinéma de ces années-là ! La jeune Jacqueline Laurent (maîtresse de Prévert à l'époque) est jolie comme un coeur, je me demandais pourquoi je n'avais jamais entendu parler d'elle, c'est simple : elle n'a tourné que quelques films.

Où le film cependant prend une tournure vieillotte aujourd'hui, c'est au niveau du scénario. Cette histoire et les réactions des personnages ne sont plus du tout d'actualité : la jeune vierge effarouchée qui hésite entre le brave ouvrier et le vieux riche, ledit ouvrier qui ne touche pas à son amoureuse : pas-touche-avant-le-mariage et se "console" avec une autre ; et puis cette lutte à mort... A la fin, je me suis dit que Gabin, il aurait dû lui casser la figure, au vieux, larguer la greluche qui ne sait pas ce qu'elle veut... et filer avec Clara !

A noter, une brève scène de nu d'Arletty sous la douche, qui fut censurée à l'époque, bien sûr !

Un joli film, et une leçon de mise en scène.