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Les magasins gratuits, de Hambourg à Paris

Publié le 03 novembre 2015 par Erwan Pianezza
L'intérieur d'un magasin graduit à Freiburg, Allemagne, photo  WIKIPEDIA

L'intérieur d'un magasin gratuit à Freiburg, Allemagne, photo WIKIPEDIA

La Boutique sans argent, Magasin gratuit, Magasin pour rien: des boutiques d’un genre nouveau ont ouvert leurs portes ces dernières années en France, sur le modèle des Umsonstladen qui sont désormais nombreux en Allemagne où on en répertorie une quarantaine. Le premier et le plus ancien a été fondé à Hambourg en 1999. On en trouve aussi en Belgique, au Danemark…

Le don : une alternative au consumérisme

Comment ça marche ? On vient déposer ou prendre des objets, gratuitement. Le principe de ces magasins est fondé sur le don, c’est-à-dire sur l’absence d’échange monétaire ou de troc. Si nous donnons ou prenons quelque chose, c’est sans condition. Nous donnons un objet simplement parce que nous n’en avons plus besoin et qu’il est en bon état. Nous en prenons un simplement parce que nous en avons besoin et il n’est pas utile de donner pour recevoir.

Tout se donne ou presque, dans la mesure où les objets sont en bon état, c’est-à-dire qu’ils soient réutilisables sans réparation et transportables à la main : livres, CD, DVD, petit électroménager, vêtements, jouets… Tout se prend, parfois dans une limite d’objets selon les magasins. Ainsi, à Mulhouse, au Magasin pour rien, on peut prendre jusqu’à trois objets. Une même personne peut donner ou prendre ou les deux.

Le concept semble fonctionner : les visiteurs sont relativement nombreux et les dons affluent. Tant et si bien que certaines boutiques ont demandé à leurs donateurs de freiner leur élan de générosité. Le phénomène se multiplie un peu partout en France sans qu’aucune publicité n’émane des différents collectifs ou associations à l’origine du projet : Le Magasin pour Rien à Mulhouse depuis 1999, La Souris Verte à Rennes, La Boutique sans argent à Paris, la Botiga Gratis en Auvergne, Le Farfouilli dans le Nord-Pas-de-Calais, La Maison non marchande de Puivert dans le Languedoc-Roussillon...

Au-delà de la gratuité 

L’argent n’est pas une obsession : les motivations de ces magasins sont multiples :

  • Une motivation écologique: les objets déposés en bon état sont encore utilisables, ce qui réduit évidemment les déchets et évite le gaspillage. Recycler induit également une baisse de la production de consommation.
  • Une motivation économique: par ce système de dons, les dépenses sont réduites. Mais surtout, l’objectif est de limiter la dépendance aux biens matériels et à l’argent.
  • Une motivation sociale: Pas de critère de ressources ou de situation, ces magasins sont ouverts à tous et ne fonctionnent pas sur le mode de la charité : tout le monde peut y entrer.

Les Diggers de San Francisco

C’est à San Francisco, à la fin des années 60, qu’un groupe anarchiste nommé les Diggers, donne l’impulsion à ce principe de solidarité et de gratuité qui inspirera Les Restos du cœur dans les années 80 en France. A l’époque, les Diggers distribuaient gratuitement des repas aux jeunes démunis qui débarquaient à San Francisco. Le mouvement s’est alors amplifié et s’est étendu à la mise en place de spectacles gratuits (concerts et pièces de théâtre) et à l’ouverture de magasins gratuits.

Vraiment sans argent ?

Si le but poursuivi par cette initiative est de se sevrer de la dépendance à l’argent, il n’en reste pas moins que la réalité pécuniaire rattrape les meilleures idées. Ainsi, comment payer le local qui permet de stocker tous ces objets ? Si en Allemagne, nombre de Umsonstladen fonctionnent de manière autonome, on laisse aux gens la possibilité de faire des dons spontanés. La Boutique sans argent, bric-à-brac parisien qui a ouvert ses portes récemment, reçoit une subvention de la région Ile-de-France pour son fonctionnement. Et certaines boutiques ont des salariés qui sont employés sous contrat aidé, donc subventionné.

Il est évidemment difficile d’instaurer un système sans argent à l’instar des SEL (système d’échange local) qui comptabilisent son troc avec sa propre monnaie. Mais le but ultime étant en réalité le refus de faire du profit, en ce sens, le pari est réussi. Finalement, le plus dur semble être de combattre les vieux principes : donner, oui, mais prendre sans rien donner, voilà qui semble compliqué…

Lien : http://laboutiquesansargent.org/

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