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Mardi, c'est poésie ! #11 Je vais me détourner - Jacques Roubaud

Par L'épicière

Je vais me détourner


Je vais me détourner et inscrire les mots de l'adresse les mots de l'adresse qui sont l'unique manière de constituer encore une identité qui soit tienne sans cloisons
Tes photographies reproduites les phrases reproduites de ton Journal avec sa ponctuation particulière : un.
Tes lambeaux de cadavre se défaisant se délitant à l'anéantissement sobrement et rigidement fleurir d'aucune façon imaginable sinon par la désuétude de la résurrection de certains mots bibliques n'appartenant pas à ma tradition : deux.
Le rectangle de la pièce tapissée de papiers bruns japonais et son agencement d'objets le tien à peu près intact depuis presque trente mois où je reçois la lumière plein les mains : trois.
Ce sont trois fois toi trois des irréductiblement séparés déplacés réels de toi perdus en une diaspora qu'unit seule ce pronom : toi.
Incapable je suis désormais de ralentir autrement qu'en le prononçant les dérives divergentes des syllabes de ton nom qui
Quand il n'était pas pour moi cette désignation rigide qui se répétait dans un monde possible par la seule vertu d'une
Parole autour d'un corps vivant
Alix Cleo Roubaud.
Mardi, c'est poésie ! #11 Je vais me détourner - Jacques Roubaud
Jacques Roubaud in Quelque chose noir, recueil consacré au deuil après la mort de son épouse.

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