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Petite sieste coton chez tonton Aphex – (“Avril Altdelay” & cie)

Publié le 05 novembre 2015 par Le Limonadier @LeLimonadier

Aaaah ce bon vieux Aphex Twin et son aura mystérieuse qui survole depuis plus de deux décennies la sphère des musiques électroniques et ses multiples excroissances. Pour ceux qui habiteraient sur un satellite de Pluton (donnez-nous de vos nouvelles de temps en temps d’ailleurs), Aphex Twin est revenu courant 2014 dans le “Triture les potards de ta machine Game” après des années d’absence. Un retour certainement impulsé par la sortie la même année d’un vieux disque collector, issu du projet parallèle Caustic Windows, par une communauté de fans pleins d’amour via une campagne kickstarter. Tout d’abord avec un nouvel album qui a fait l’évènement, Syro, sonnant 90’s à fond les caleçons, puis un autre un peu moins accessible jouant avec une myriade de samples d’instruments, puis enfin un maxi de tracks bien acides sous son pseudo AFX, cet été.

Mais ce qui a surtout marqué les esprits, c’est la véritable fête du streaming en slip qu’il organise depuis le printemps dernier. En effet, le sieur a décidé de verser dans le partage musical 2.0 de façon autant irraisonnée que continue en transférant régulièrement et gratuitement une énorme quantité de morceaux via plusieurs comptes Soundcloud, centralisée ensuite sur le fameux user18081971.

De son statut d’oracle lointain, de grand manitou taiseux, il est donc passé à celui de tonton un peu fou fou et généreux, qui prend plaisir à faire tourner les pépites cachées de son disque dur – semblant souvent dater du mi-temps des années 90’s. En fait on ne sait pas vraiment d’où ces morceaux viennent, et c’est un sujet qui doit certainement alimenter de nombreux forums (même sur jeuxvideo.com, entre deux topics puceaux relatant des soirées sans capote avec des entraîneuses de Las Vegas).

Mais peut-être poste-t-il aussi des sons qu’il trafique chez lui, là, en ce moment-même. Par exemple, une soirée passée autour d’un bon vin rouge et un synthé modulaire ? Et hop tonton, balance-moi ça sur Soundcloud ! Le fiston qui fait ses premiers pas sur garage band ? Hop ! Le papi Alzheimer qui se met à jouer du djembé dans la cuisine ? Hop ! Ou alors c’est vous ? C’est vous Aphex Twin c’est ça ? Ça va ?

Ce qui compte dans tout ce merdier, c’est que tout le monde semble dépassé, et que tout le monde kiffe. On ne se doute pas que les fans hardcore du mec demeurent depuis en état de pâmoison extrême et constante, atteignant le nirvana plusieurs fois par mois, et se rappelleront de ce moment de “grâce on cloud” pendant longtemps (jusqu’au jour où Spotify, Deezer et Cie seront en fait des parties intégrantes de notre cortex cérébral – environ une quinzaine d’années donc). Ces nouveaux vieux sons souvent très « Acid » se fondent d’ailleurs assez bien dans la musique électronique actuelle, et surtout dans celle qui se danse. Car vous l’aurez certainement remarqué, mais du côté des dancefloors la tendance est aujourd’hui à la redécouverte des machines en tout genres, de plus en plus de jeunes drogués (coucou) prenant en effet plaisir à jouer avec leurs limites et exploiter la chaleur inégalable de leur sons.

Toutefois, certaines personnes admirant l’œuvre d’Aphex Twin, dont celle qui écrit ces lignes, sont davantage sensibles au versant mélodique de celle-ci (enfin, on y arrive !). C’est certainement devenu un lieu commun de dire ça, mais pour les amateurs de mélancolie extended, de simplicité mélodique qui prend son temps, d’ambient cotonneuse quoi, les morceaux du genre fabriqués par El Tonton sont de la came pure et dure. Ses Selected Ambient Work 1&2 bien sûr, mais aussi dans beaucoup de ses albums, jusqu’au récent Syro, où ces petites pauses mélodiques qui regardent la lune arrivent toujours à faire leur nid quelque part – et souvent au milieu de beats qui tatanassent la tétête.

Donc on est loin de bouder notre plaisir alors qu’on tombe en début de semaine sur une réinterprétation de son fameux morceau « Avril 14th« , petite pièce au piano tirée de son chef d’œuvre d’album Druqs, et certainement un des thèmes les plus connus qu’il a pu composer.

Pour la remémoration et le plaisir remémoriel, voici ci-après la version originale du morceau. En passant, on vous invite à commencer à prendre une position confortable pour vos lombaires :

Mmm on ne s’en lasse pas. D’ailleurs, on se sent bien tout d’un coup non ? Prenez donc ce brin d’herbe imaginaire, et commencez à le mâchouiller doucement. Voiiila.

Prolongeons maintenant cet état de gaîté assoupie avec la version alternative dont on vous parlait tout à l’heure, intitulée « Avril Altdelay », et qui comporte en effet beaucoup de « delay ». Encore plus doudou que le morceau original (c’est ça le delay), et plus vaporeux également (encore le delaayyy). C’est simple, et c’est très beau :

Continuons cette petite sieste sonore (c’est le titre de l’article on vous le rappelle), avec le même morceau mais cette fois-ci joué à l’envers. Il le précise dans le titre – merci tonton ! – ce n’est pas la bande audio qui est passée en reverse, mais bien la partition jouée avec les notes inversées.

Pour finir, on vous permet de transformer ce petit roupillon en sommeil profond empli de rêves brumeux à souhait, avec une autre track, postée il y a quelques mois, qui vous rappellera sans aucun doute les blockbusters ambient issus du culte Selected Ambient Work II : les « Stone in focus », “Lichen”, “Rhubarb” et Cie…

Ça s’appelle « Just fall asleep », et ça porte bien son nom, comme d’habitude :

On vous laisse désormais tranquille et en bonne compagnie dans ce petit moment de repos cérébral que vous venez de vous accorder, avec tous les morceaux sans beat que l’oncle Twin a sorti ces derniers temps, rassemblés généreusement par lui-même en une seule playlist. Ça s’écoute par ici.

Ah oui, et si vous ne voulez pas vraiment dormir, et puisque certains de ces morceaux sont en fait plus inquiétants que reposants, matez vous donc en même temps une vidéo du soleil en 4K sur votre écran d’ordinateur qui ne supporte pas la 4K.

JeanCalin

JeanCalin

Jean Calin est un jeune citadin bien de son temps, rédac chef et chroniqueur de musique calme au Limonadier, il aime jouer à des jeux vidéo violents en écoutant du Rn’B émotionnel.
Mon Cocktail Préféré :
Le litron de mojito trop sucré dans un pichet bien collant.
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