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L’image glacée d’un candidat pressé

Publié le 05 novembre 2015 par Rolandlabregere

Des candidats à la primaire de Les Républicains, ce sont les plus expérimentés qui mènent la danse, chacun s’efforçant de faire trébucher les deux autres par les procédés usuels de la cour de récréation. Figurer dans le second groupe des prétendants à la victoire suppose de déployer une stratégie de communication qui soit à l’image du candidat. La préoccupation première est de ne rien faire à l’identique des trois poids lourds de la primaire.

Un avenir miroitant

Un avenir miroitant

Fort de ses 30% de voix face à Nicolas Sarkosy lors du vote des militants UMP, Bruno Le Maire sillonne le pays pour se donner les meilleures chances de rééditer son honorable score de 2014. Son déficit de notoriété auprès du grand public l’oblige à mobiliser une stratégie de communication équilibrée. Pas d’excès du côté des outils de la communication 2.0 mais pas de désintérêt pour ceux qui sont traditionnels. Les communicants répètent aux candidats la nécessité de balayer large. Un entretien est donné, parmi d’autres médias, au Monde (01/02/2015). En répondant à 13 questions, le candidat tente de montrer un profil d’innovateur porteur d’un projet moderniste et réaliste  (« pourquoi promettre de revenir sur le mariage pour tous alors que nous ne le ferons pas ? »), d’européen, de partisan de l’ordre… L’entretien permet de dire un peu sur tout sans aller au fond. Ça rappelle la fonction du sucre glace qui recouvre les loukoums. C’est blanc et on ne voit pas la couleur de ce qui est dessous.

Ce type d’entretien n’est pas un exemple qui passera la rampe et sera décortiqué dans les séances de travaux pratiques des masters en com. publique. Une photo sur six colonnes surmonte le texte. Elle porte un message. Nous y voilà. Elle a pour fonction d’éclairer le texte. C’est sur un cliché léché où l'attitude retenue met le candidat en relief que le public rencontre Bruno le Maire. Arrêtons-nous quelques instants sur cette image que quelques clics peuvent agrandir. Chemise ouverte, costume sobre, le candidat est debout devant ce qui semble être une cheminée en pierre. Des objets d’arts posés sur le plateau montrent sans ostentation des choix esthétiques personnels. Pas étonnant quand on découvre sur Internet que Bruno le Maire a consacré son mémoire de maîtrise de lettres à La statuaire dans À la recherche du temps perdu. La littérature justement n’est pas absente du cliché. La bibliothèque se découvre comme le millefeuille : une couche de livres d’art, une couche de la prestigieuse édition La Pléiade, une couche de recueils de poésie, une couche de tout venant, littérature, essais. La force première de ce cliché est la profondeur qu’elle suggère. Double mouvement : derrière le candidat un miroir en appui sur la cheminée reflète une fenêtre. La lumière est au fond mais elle vient de face : lumière du miroir qui reflète la fenêtre encadrée de rideaux qui laisse apercevoir la fenêtre de l’immeuble d’en face. L'image est construite : le regard ne peut pas manquer la coulée de clarté qui expose Bruno Le Maire. Le candidat devient modèle : il est placé face à la fenêtre qui apparait dans son dos. C'est un modèle qui pose tout en suggérant qu'il est un modèle à suivre. Voilà le candidat du renouvellement de la droite statufié en homme des lumières.  On oublirait presque l’intéressé. Il est bien là, regard lisse et attitude de penseur, au très discret sourire qui montre qu’il n’en pense pas moins. Pense-t-il que pour 2017, ce sera un peu court, mais qu’en 2022, il pourra damner le pion à Emmanuel Macron ? A recommander, ce photographe qui fait prendre un cacique de Les Républicains pour un humaniste. Sa photo est un modèle du genre.


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