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Samba - 6/10

Par Aelezig

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Un film de Eric Toledano et Olivier Nakache (2014) avec Omar Sy, Charlotte Gainsbourg, Izïa Higelin, Tahar Rahim, Hélène Vincent

Mignon... mais ça parle de quoi au juste ?

L'histoire : Alice débute comme assistante sociale bénévole, dans les services de l'immigration. Bien que sa "tutrice" lui répète que surtout il ne faut pas s'attacher aux gens, sinon ça se met à empiéter trop dangereusement sur la vie personnelle, Alice tombe immédiatement sous le charme de Samba, sénégalais, et va s'arranger pour suivre son dossier personnellement afin de lui faire obtenir ses papiers. 

Mon avis : Il est clair que le duo de réalisateurs sait faire dans la tendresse, et ça c'est plutôt sympa ; leurs personnages sont toujours, de film en film, très touchants, drôles et admirablement campés par des comédiens bien choisis. Au niveau scénaristique, ça pêche davantage, selon moi. Samba est un film assez adorable, plein de bons sentiments, voire bisounours... et ça contraste beaucoup avec la vie des migrants et des sans-papiers, qu'ils nous présentent dans à leur manière : tragi-comique. Surtout comique. N'empêche que Samba est un sans-papier, misérable parmi les misérables. Et on s'interroge sur le message.

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Ont-ils voulu faire une comédie romantique ? Ils ont joué sur la différence sociale, OK, ça ne peut être pire ! Entre la cadre supérieure parisienne bourgeoise qui vient de faire un burn-out et l'immigrant sénégalais, c'est bien un gouffre qui les oppose. Un peu trop. Du coup, ils sont obligés de jouer surtout sur une attirance physique réciproque, au premier regard, et ce n'est ni vraiment crédible, ni très romantique. Par ailleurs, ça prend toute la place dans l'histoire et du coup on se demande pourquoi ils ont choisi comme héros un SDF sans papiers (bien propre sur lui, bien poli, et qui parle un français quasi parfait, le hasard fait bien les choses...). Ils veulent évidemment profiter de leur histoire pour nous décrire la brutalité de ce monde, le travail herculéen des assistants sociaux, etc. etc. non ? On dirait qu'ils n'arrivent pas à choisir entre les deux... Mais faut-il choisir ? A mon avis, oui, surtout avec un sujet aussi brûlant, complexe, délicat.

Alors drame social ou comédie romantique ? Ni l'un ni l'autre, donc, et c'est dommage. Samba est bien trop beau, bien trop poli, bien trop motivé, bien trop courageux, bien trop lisse, pour évoquer un milieu quand même beaucoup moins rose que ça. Si l'absurdité des questionnaires, de la paperasse, des problèmes de traduction est bien présent, il est traité en mode comique et donc minimise fortement le message, si message il y a. Question romantisme, on est marrons aussi, parce que l'histoire ne fait pas rêver. Ils sont bien mignons tous les deux, mais le couple ne fonctionne guère (je peux vous dire que mes "connaissances" BCBG ne craqueront jamais pour un Sénégalais SDF ! faudrait déjà qu'elles acceptent d'aller bosser comme bénévoles dans des associations qui selon elles ne servent à rien) ; heureusement que nous sommes en présence de Charlotte et Omar qui ont en commun un sourire éblouissant, de vrais soleils ambulants.

Bref. J'ai trouvé le film gentil, mignon, joli, tendre. Mais ça ne casse pas non plus quatre pattes à un canard, faut bien le dire.

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3.100.000 entrées... décidément, ils cartonnent, les Toledano Nakache ! Les critiques sont très élogieuses. L'Express résume assez bien le cinéma du duo "Toledano et Nakache avancent finalement sur le même chemin que d'habitude : un cinéma qui croque la vie avec plus ou moins de pépins et raconte le monde comme un lieu où se débattent les uns et les autres." Paris Match note l'ambivalence du film mais s'en émeut : ""Samba" est une comédie dramatique et sentimentale réussie. La preuve, elle vous fera rire… le cœur serré." Quelques rares critiques sont plus amères et là je me reconnais : "il n’est pas davantage question d’interroger ces rencontres improbables sous un autre angle que celui du conte de fées et, partant, de renvoyer tristement cet élan d’optimisme à son irréalité." (Les Cahiers) ; "pas de vrai scénario, pas de vrais personnages, pas de vraie mise en scène. Rien que de la gentillesse, partout, tout le temps..." (Télérama). Je ne peux m'empêcher également de mettre l'avis d'Africultures, très juste : "Samba donne en permanence l'impression d'avoir peur de déplaire, que ce soit le personnage incarné par Omar Sy ou le récit lui-même. Ce principe de précaution, qui fonctionnait dans l'enthousiasme d'Intouchables, opère à contre-sens ici" ; c'est franchement ce que j'ai ressenti.

Je rappelle cependant que l'ensemble de la critique, presse et public, reste très enthousiaste. 


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