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La classe politique française au Liban

Publié le 09 juin 2008 par In Varietate Concordia

Nicolas Sarkozy et la classe politique française à la Résidence des Pins - Beyrouth © AFP

Nicolas Sarkozy et Michel Sleimane © AFP
Samedi Nicolas Sarkozy et la classe politique de tous horizons étaient au Liban pour soutenir le nouveau président Michel Sleimane et l’unité tout entière du pays qui a retrouvé un peu de stabilité et d’espoir après tous les derniers mois difficiles. L’unité du pays reste très fragile, des accrochages ont d’ailleurs eu lieu cette nuit dans la Bekaa entre partisans de la majorité et de l’opposition. Je trouve que cette unanimité de la classe politique française quant à la question libanaise est un geste fort, bien que très symbolique. Il va falloir aller plus loin, bien plus loin maintenant, et il semble que ce soit l’intention du président Sarkozy. La reprise des discussions avec la Syrie me semble en effet indispensable, ce pays ne pouvant pas être ignoré dans la carte géopolitique de la région. Si on veut retrouver une certaine stabilité dans la région, que ce soit au Liban ou dans les territoires occupés, tous les pays du Levant doivent être impliqués dans les discussions, sans exception.

Voici la chronique de Nagib Aoun, rédacteur en chef, parue dans L’Orient – Le Jour, le grand quotidien francophone libanais. Une vraie déclaration d’amour pour la France…

Évidences françaises

Il n’y a pas que la Syrie et l’Arabie saoudite, il n’y a pas que l’Iran et les États-Unis. Il y a aussi la France, surtout la France, ce proche et si intime voisin méditerranéen, cet ami des jours difficiles et des jours heureux, cette « tendre mère », comme se plaisent à l’appeler beaucoup de Libanais, à l’intention de laquelle l’Église maronite dédie, d’ailleurs, une messe tous les ans.
Un hommage, mais aussi le rappel de siècles de compagnonnage, de complicité : des affinités, des coups de cœur, l’appartenance à de mêmes idéaux, à des valeurs communes ancrées dans notre histoire, des valeurs que les attaques répétitives, venues de toutes parts, n’ont pas réussi à ébranler, ne sont pas parvenues à remettre en question.
Le Liban n’est une chasse gardée pour personne. Arabe d’identité, universel d’appartenance, il est resté rebelle à tous les oukases, à tous les diktats. Non par provocation ou par défi, mais, tout simplement, parce qu’il est à la fois un et plusieurs, unique et multiple.
L’Occident, aujourd’hui si fortement décrié par certains de ceux qui se sont nourris de son lait, qui y ont longtemps trouvé refuge, l’a tout à fait compris, s’est toujours évertué à préserver l’exception libanaise. La France, en particulier, a toujours été en première ligne de ce combat et ne s’est parfois effacée que pour mieux faciliter les sorties de crise. Elle vient de le démontrer à travers la visite de Nicolas Sarkozy à Beyrouth, un message d’amitié indéfectible, de soutien déterminé auquel s’est rallié tout l’Hexagone à travers ses multiples composantes politiques.
« Cette visite, a dit le président français à la veille de son arrivée, a une dimension tout à fait inhabituelle parce que je suis accompagné des dirigeants de partis politiques représentés au Parlement et du Premier ministre. C’est exceptionnel et je crois que cela ne s’est jamais fait avant. »
Cette marque de solidarité exceptionnelle, la France a tenu à la manifester à la veille des contacts qui seront entrepris à Damas par Jean-David Levitte et Claude Guéant. Une solidarité qui s’exprime dans la continuité de l’engagement assumé par Jacques Chirac, comme a tenu à le souligner le président français. Un engagement réitéré destiné à dissiper les appréhensions quant à un possible changement de cap de la politique française.
Significatif a été, à cet égard, l’hommage particulier rendu par Nicolas Sarkozy au Premier ministre Fouad Siniora dont il a loué le courage et la ténacité, appelant par la même occasion les Libanais à mettre un terme, une fois pour toutes, aux discordes et à se retrouver autour de l’accord de Doha.
Son message sera-t-il entendu et le cabinet d’union nationale verra-t-il rapidement le jour ? Au vu des voix discordantes qui émergent de-ci et de-là et des incidents sécuritaires qui se multiplient il y a lieu d’en douter, de s’interroger sur la crédibilité des engagements tenus.
Ne nous leurrons pas : à Doha, les protagonistes ont enterré la hache de guerre, mais n’en ont nullement effacé les traces, certains s’obstinant, dès leur retour à Beyrouth, à rééditer les mêmes erreurs, à exhiber la même arrogance, un déni de culpabilité, alors qu’il leur aurait suffi de dire : « Nous nous sommes trompés. »
Redisons-le encore une fois : l’équipée du Hezbollah de mai dernier est loin d’avoir été une victoire. Elle a, au contraire, ouvert les portes de la « fitna », pavé le chemin à de criminelles récidives. Qu’ils ouvrent donc bien grands leurs yeux et leurs oreilles, qu’ils prennent le pouls des rues qui bouillonnent, des quartiers mixtes qui vivent dans la peur de nouveaux abus, des vengeances qui se projettent.
« L’État du Cèdre doit redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un pays ouvert et prospère, uni dans la diversité, sûr et stable, souverain et indépendant. » Cette nécessité, le président Sarkozy l’a exprimée dans L’Orient-Le Jour, le matin même de son arrivée à Beyrouth. Plus tard dans la journée, c’est à un bref moment de grâce qu’on a assisté au palais de Baabda, des retrouvailles nationales, sous la houlette de la France, la preuve que par-delà les divergences et les frustrations, les exigences et contre-conditions, tout reste possible : le pire, que les Libanais n’ont pas arrêté de côtoyer, mais aussi le meilleur, celui qu’on a pressenti l’espace de cinq heures marquées aux couleurs tricolores.


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