Quatre jours après les attentats qui ont meurtri Paris, la France et
la Russie ont annoncé hier le début d'une coopération inédite dans la
lutte contre le groupe État islamique (EI) en Syrie.
Les présidents
François Hollande et Vladimir Poutine se sont entretenus de la
« coordination » de leurs efforts, selon l'Élysée. Le Kremlin a précisé
que les deux dirigeants étaient favorables à « une coordination plus
étroite » entre services secrets sur la Syrie. Signe d'une coopération
naissante, le maître du Kremlin a déjà ordonné à ses navires de
« coopérer avec les alliés » français, dont le porte-avions
Charles-de-Gaulle qui appareille jeudi pour la Méditerranée orientale,
au plus proche du théâtre syrien.
La Syrie et la lutte contre l'EI
ont également été au cœur d'un entretien entre le chef de l'État
français et le secrétaire d'État américain John Kerry. Celui-ci a
d'ailleurs assuré que la Syrie était peut-être à quelques « semaines »
d'une « grande transition » politique, après un compromis international
conclu à Vienne prévoyant une réunion entre le régime syrien et
l'opposition d'ici au 1er janvier 2016. Le président Hollande devra, en
outre, rencontrer Barack Obama le 24 novembre à Washington et, deux
jours plus tard à Moscou, Vladimir Poutine.
Soutien européen unanime
La France a également
obtenu hier le soutien de ses partenaires européens dans sa lutte contre
le terrorisme (voir aussi p. 9). Les ministres de la Défense de l'Union
européenne réunis à Bruxelles ont en effet répondu positivement à la
demande d'aide que la France a formulée en vertu de l'article 42.7 du
traité de Lisbonne. L'article en question n'avait encore jamais été
invoqué. « Au cas où un État membre serait l'objet d'une agression armée
sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et
assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l'article
51 de la charte des Nations unies », dit-il. Ce « soutien unanime »,
c'est « un acte politique de grande ampleur », s'est félicité le
ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, alors que la France
déplore depuis des mois d'être trop seule dans ses opérations, que ce
soit au Sahel, en Syrie ou en Irak. Sur le terrain, Raqqa, dans le
nord-est de la Syrie, a été bombardée dans la nuit de lundi à mardi par
l'aviation française pour la deuxième fois en 24 heures. Un peu plus
tard, la Russie a mené ses propres frappes sur cette province et la
ville éponyme – ainsi que les provinces de Deir ez-Zor, Idleb et Alep –
avec des missiles de croisière et des bombardiers stratégiques à long
rayon d'action. Et hier soir, l'aviation française a frappé cette ville
pour le troisième jour consécutif, a annoncé le ministre de la Défense
Jean-Yves Le Drian. « En ce moment même, dix chasseurs français sont en
train de frapper sur Raqqa », a-t-il dit sur la chaîne de télévision
TF1, quatre jours après les sanglants attentats de Paris revendiqués par
l'EI. « J'observe que la Russie bouge puisque aujourd'hui même des
missiles de croisière russes ont frappé Raqqa », a-t-il ajouté.
Parallèlement,
le président syrien Bachar el-Assad a déclaré hier que son pays ne
partagera ses renseignements avec la France que si Paris adopte une
« politique réaliste » dans la région, dans une interview à Valeurs
actuelles à paraître aujourd'hui. « Si le gouvernement français n'est
pas sérieux dans son combat contre le terrorisme, nous ne perdrons pas
notre temps à collaborer avec un pays ou un gouvernement ou une
institution qui soutient le terrorisme », indique-t-il.
Source : Lorientlejour