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Attentats : Les mèmes sont-ils notre doudou de sûreté ?

Publié le 18 novembre 2015 par Mad_dog @Mad_Chien

Une chronique façon « édito » cette semaine.

Alors que j’étais parti initialement pour parler d’une grosse couillonnade afin de faire un peu oublier l’actualité angoissante, mais je me suis dit que c’est l’occasion de parler d’une chose que j’aborde assez peu dans mes chroniques : le côté « rassurant » des symboles.

Janvier : « Je Suis Charlie. »

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Peu de temps après l’attentat du 7 janvier contre les locaux de « Charlie Hebdo », on voyait le hashtag « #JesuisCharlie » se répandre partout et  j’avais fait un rapide straw-poll pour savoir si je devais ou non aborder ce sujet. Le score fut serré, mais le « non » fut vainqueur avec un consensus « c’est trop tôt, parles-en dans un mois. » Et puis, un mois plus tard, on parlait d’autre chose. J’ai voulu reprendre ce sujet, mais plus ça allait, plus je me rendait compte qu’il était devenu ringard et qu’il avait tellement été vidé de son sens que faire une chronique là dessus n’aurait servit à rien.

Pourtant, « Je suis Charlie » est un exemple idéal de mème dans sa construction : sortie de nulle part par un anonyme (Joachim Roncin) peu de temps après l’attentat, il fut réutilisé par un grand nombre de gens afin de montrer qu’ils étaient concernés, choqués ou triste de ce qui est arrivé. Le mot s’est répandu comme hashtag sur Twitter, les gens ont changés leurs images de profil sur Facebook, le terme à été repris dans les médias plus traditionnels.

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Persons hold placards saying Je Suis Charlie - I am Charlie

Puis le travail de deuil s’est arrêté, dès le lendemain, les gens se mirent à poster des « Je ne suis pas Charlie » en réaction à telle ou telle chose, le terme à commencé à être la cible de  détournements comiques.

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Au point qu’il s’est muté en « C’est Charlie » ou « C’est pas très Charlie » pour parler de la liberté, de la possibilité de caricaturer ou des lois sécuritaires.  Au final, le « Je Suis X » ou « Je suis Y » est revenu aussi bien pour montrer sa peine face à un événement que pour pouvoir jouer les outrés. (L’extrême-droite à tenté de s’approprier des détournements plus d’une fois…)

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Novembre : « Peace for Paris. »

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Retour vendredi 13 novembre au soir. Tout le monde apprend avec stupeur ce qu’il était en train de se passer à Paris : des attentats coordonnés, un nombre de mort en augmentation. Facebook nous informe que nos proches parisiens sont en sécurité, tandis que sur Twitter les appels à témoignage pour savoir si telle ou telle personne qui était au Bataclan ce soir là va bien.

Après minuit surgit ce dessin qui devient viral et qui se répand sur Facebook, ainsi qu’un hashtag « #PeaceforParis » suivit pour les plus religieux de celui de « #PrayforParis. » Le dessinateur de l’image se nomme Jean Jullien, un nantais qui vit à Londres. Dans les jours qui suivent, ce dessin représentant la tour eiffel qui forme le symbole de la paix sera réutilisé dans les hommages.

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Ce n’est pas le seul symbole qui sera utilisé. Paris étant la capitale de la France, le fait d’apposer son drapeau français à son avatar Facebook, de chanter la Marseillaise ou d’éclairer un bâtiment en bleu-blanc-rouge est devenu un signe de soutien. La devise de Paris « Fluctuat Nec Mergitur » (« Il est secoué (par les flots) mais ne coule pas. »)

Members of a group of street artists paint a mural reading Paris' motto

Des symboles pour se rassurer :

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Face à une nouvelle atroce, qui nous dépasse et qui est collective, on a du mal à mettre des mots sur ce que l’on ressent. Les nouvelles sont confuses, les amalgames sont faciles et l’on a l’impression qu’on va dire une bêtise. Et survient un dessin ou un mot, très souvent très simple, qui permet aux gens de dire « ça me touche » ou « je me sens concerné. »

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Au fond, c’est là aussi que se niche le concept de « mème internet » : chacun se l’approprie et il reflète aussi l’ambiance générale, l’avis que porte la conscience collective sur telle ou telle chose. Ca peut être de l’ironie, de l’humour, tout comme de l’horreur, de la colère ou de la tristesse.

Oui, les mèmes ne sont pas forcément des choses drôles. Ceci dit, au fur et à mesure l’humour reprend le dessus.

Twitt

Lurk Moar :

#JeSuisCharlie : sur Internet, vague mondiale d’émotion après la tuerie de « Charlie Hebdo » sur le Monde.fr
« Peace for Paris » : « Cette image appartient à tout le monde » sur le NouvelObs.
2015 Charlie Hebdo Terrorist Attack sur Know Your Meme (Pour les gens qui douteraient que ça soit un « mème. »)

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