Guerre

Depuis samedi c’est le mot guerre qui réunit la classe politique. Dans le concert baroque, qui fédère les droites et les socialistes dans la même rhétorique, c’est la radicalité qui s’exprime. Le pays serait en guerre, mais fait remarquer Mélenchon, nous serions en guerre sans qu’un vote au Parlement ne soit ni sollicité ni intervenu. « Pourquoi sommes-nous en guerre et quand sommes-nous entrés en guerre ? », a-t-il martelé. Lorsque François Hollande a pris la décision « de commencer le combat en Irak (...) contre Daech, c'est bien une décision qui a été prise sans que le Parlement ait eu à voter », précise-t-il.

Presque tous semblent être atteints de "bushisme" aggravé mais ils feignent de ne pas le montrer. Un député de l’Essonne force son talent et explique qu’au sein « des musulmans, il faut construire une colonne républicaine pour les affronter [les islamistes radicalisés]». C’est sa façon à lui de tirer la sornette d’alarme. Se démarquer des autres, semble être le credo des politiques. Cette saturation de l’espace médiatique permet à chacun de pousser ses pions. Elle joue aussi le rôle d’une intense préparation psychologique de masse qui consiste à frapper les esprits. Dans un contexte électoral permanent, il est prudent de se montrer concurrentiel. Le mot guerre a gagné ses galons de vocable le mieux partagé à égalité entre les politiques.

Anne Hidalgo, la maire de Paris, Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, les anciens premiers ministres François Fillon et Alain Juppé et l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing avaient fait le déplacement à Notre–Dame de Paris. Il n’y avait donc des victimes que catholiques ? Des attentats à Paris ? Vite, une messe ! Apostoliquement réunis, ils démontrent que la construction de leur image dépasse leurs engagements pour la laïcité constitutionnelle. Paris vaut bien une messe, disait un monarque pragmatique. C’est vrai ont-ils estimé.