Magazine Cinéma

Un illustre inconnu - 7,5/10

Par Aelezig

z04

Un film de Matthieu Delaporte (2014 - France) avec Mathieu Kassovitz, Marie-Josée Croze

Un petit thriller français ! Ne faisons pas la fine bouche !

L'histoire : Sébastien est agent immobilier. C'est un homme timide, réservé, solitaire, qui passe inaperçu. Et qui cache un drôle de secret : sa petite vie minable, son impression de n'être personne, lui ont fait développer un goût immodéré pour vivre, quelques jours, dans la peau d'un autre. Un client, le plus souvent. Du fait de son métier, il garde des doubles des appartements, où il peut aller étudier tout un tas de détails qui enrichiront son "personnage". Puis il achète des vêtements, choisit parmi ses innombrables postiches et fards, travaille sa voix, ses attitudes... Et il est un autre pendant quelques jours, quelques semaines. Avant de tomber en fascination pour quelqu'un d'autre. Comme ce grand violoniste par exemple... Le rôle de sa vie !

Mon avis : J'avais lu très récemment la chronique de Laurent sur ce film : enthousiasme mitigé, mais effet bonne surprise et qualité d'interprétation de Kassovitz. Ca m'avait tenté. Et le hasard a fait que le film passait hier soir sur Canal. Et bien je rejoins Laurent, je serai même un peu plus emballée que lui, je crois. J'ai trouvé ça vraiment sympa, avec une ambiance, du suspense, un acteur inspiré, un côté thiller, série usurpation d'identité, genre que j'aime beaucoup pour l'aspect psychologique ! Et qui ici, habilement, garde tout son mystère... Nous n'en sauront pas beaucoup plus à la fin qu'au début, et ça permet à l'imagination de travailler.

z06

Ce caméléon, qui a besoin de se travestir en imitant totalement, physique, voix, gestuelle, vêtements, des inconnus qu'il croise par hasard, puis qu'il suit et épie pour pouvoir recréer le personnage, juste pour quelques jours, avant d'être attiré par quelqu'un d'autre... c'est assez fascinant et déroutant.

Le bémol, c'est la vraisemblance... Si on s'arrête juste à la phrase précédente, OK, tout va bien. Le réalisateur aurait pu alors choisir de filer vers une voie plus "médicale" et insister sur la psychologie du bonhomme. Il s'était créé en plus une voie royale en nous infusant le doute dès le début : cet homme est-il un serial killer ? se débarrasse-t-il de ses modèles ? On ne le sait qu'à la fin... Avec aux 2/3e une découverte de taille. Scénario franchement bien troussé.

Mais il choisit une autre voie, très intéressante certes, mais pas très crédible. En effet, lorsque Sébastien, investi d'un nouveau déguisement, renoue - par hasard forcément - avec l'ex de son personnage et "apprend" l'existence d'un fils, qu'il ignorait, il se retrouve piégé... il ne veut pas décevoir cet enfant qui rencontre enfin son père, et il va tout faire pour le devenir. Or, si les masques en latex, le maquillage et les postiches peuvent faire illusion lorsqu'on se balade dans la rue, qu'on prend un café dans un bar, ou qu'on va à une réunion - au pire on vous prendra pour un cinglé - il me semble très difficile que Clémence et son fils, qui le voient de près, et plusieurs fois, tombent dans le panneau et ne remarquent rien de bizarre !!!  Et c'est ce qui nuit au film, selon moi.

z05

Cependant, cette histoire tordue d'un type tordu qui se réinvente une vie... tordue, est plutôt passionnante, malgré les maladresses. Il faut essayer de passer outre, et l'on éprouve alors une curieuse tendresse pour cet illustre inconnu, paumé et touchant. Dommage que le réalisateur n'ait pas peaufiné les détails, lissé les quelques incohérences, on aurait vraiment eu un thriller épatant.

Pas mal du tout, au final. Je reste sur "l'intention" et pardonne les malfaçons.

Pourtant, le film n'a pas trouvé son public : 107.000 entrées seulement. Pourtant la plupart des critiques sont élogieuses, même si quelques uns déplorent aussi, mais avec indulgence, le côté invraisemblable de l'affaire. 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aelezig 127315 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines